[CRITIQUE] : L’enfant Rêvé

[CRITIQUE] : L’enfant Rêvé

Réalisateur : Raphaël Jacoulot
Acteurs : Jalil Lespert, Mélanie Doutey, Louise Bourgoin,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Romance, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h47min
Synopsis :
Depuis l’enfance, François a consacré sa vie au bois. Celui des arbres des forêts du Jura, qu’il connait mieux que personne. Il dirige la scierie familiale avec sa femme Noémie, et tous deux rêvent d’avoir un enfant sans y parvenir. C’est alors que François rencontre Patricia, qui vient de s’installer dans la région. Commence une liaison passionnelle. Très vite, Patricia tombe enceinte. François vacille...



Critique :

Chabrolien en diable avec ses paysages jurassiens somptueux et son triangle amoureux en perdition, articulé autour du désir obsessionnel de transmission de l'homme en son coeur, #LenfantRevé est un joli drame passionnel et captivant, porté par un beau trio Lespert/Doutey/Bourgoin pic.twitter.com/5wi3zgxmDG

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 11, 2020

Il est étonnant de voir que, même s'ils sont diamétralement opposés dans le ton, l'un jouant clairement la carte de la comédie satirique tandis que le second est un drame virant gentiment vers le polar noir, Énorme de Sophie Letourneur et L'enfant Rêvé de Raphaël Jacoulot, s'articulent autour du même thème du désir si puissant de paternité de deux hommes, qu'ils en viennent à commettre presque l'irréparable.
Dans le quatrième long-métrage du papa de Coup de Chaud, s'il ne manipule pas honteusement sa compagne pour qu'elle soit enceinte à son insu, le mari/compagnon ici, désespère tellement face à l'infertilité de sa femme, qu'il en vient à épouser les courbes de l'adultère, et à réaliser son rêve de devenir père " grâce " à sa maîtresse.
Soit François, héritier d'une vie toute tracée et pas forcément épanouissante pour lui sur le papier : gérer la scierie familiale au coeur des massifs du Jura, un quotidien pas forcément aisé, et qui n'est pas amélioré par l'obsession de devenir parent avec sa femme Noémie, alors que leur chance d’avoir un enfant s’amenuiser d'année en année.
C'est la qu'il fait la connaissance de Patricia, elle aussi femme mariée, avec qui le coup de foudre est immédiat mais surtout avec qui, il peut aspirer - même dans l'adultère - à la vie qu'il désire tant, quand elle lui annonce être enceinte de lui.
Tiraillé entre deux vies bien distinctes, l'une d'héritage faîte de responsabilités dont il ne voulait pas - être chef d'entreprise -, et une autre plus libre et intense qui lui permet d'assouvir sa volonté de transmettre coûte que coûte, François vascille, hésitant à dévoiler à sa femme qu'il va devenir père, mais avec une autre...

[CRITIQUE] : L’enfant Rêvé

Copyright Michaël Crotto / TS Productions


Retrouvant le terrain prospère du thriller intimiste après l'excellent Avant l'aube, Jacoulot tisse une toile trouble entre le drame humain bouleversant et le thriller psychologique peut-être tantinet moins fort (voire un poil décevant dans son ultime bobine), mais au suspense maîtrisé, au coeur d'un cadre réaliste et en pleine perdition - et qui s'implique pleinement dans les prises de décisions de ses personnages.
Chabrolien en diable avec ses paysages jurassiens somptueux et son regard inquisiteur sur une certaine bourgeoisie provinciale, entre ambiance feutrée et tentative de sauvegarde des apparences face à des mensonges/non-dits de plus en plus lourds à porter (laissant transparaître une fin inéluctablement dramatique), L'enfant Rêvé aurait presque des allures de retranscription habile d'un fait divers populaires, même s'il réussit tout du long à rester infiniment captivant, en grande partie grâce à la partition impliquée de son triangle amoureux aux problématiques diverses et variés pour chacun des personnages (si François n'est évidemment pas en reste et voit ses dilemmes incarner la moelle du récit, difficile de ne pas être touché par Noémie, une femme tellement obstiné à devenir mère qu'elle peine à le devenir et subit de plein fouet la déception d'un mari qu'elle aime, ou Patricia, qui doit décider de garder un enfant dont elle doit cacher l'origine à son mari).
Formidablement bien interprété (le trio Jalil Lespert, Mélanie Doutey et Louise Bourgoin, est vraiment au diapason), malgré une écriture à deux niveaux, le film se veut autant comme les deux facettes d'une même pièce dramatique : passionnelle sur la quête d'un bonheur impossible, mais aussi âpre et glaciale dans la volonté égoïste d'assouvir ses désirs au détriment de l'autre.
Belle surprise.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : L’enfant Rêvé