L'affaire Winston

Un grand merci à BQHL Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le Blu-ray du film « L’affaire Winston » de Guy Hamilton.

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« J’aurais le grade de général si je n’avais pas survécu à cette bataille ! »

1944. En garnison aux Indes, le lieutenant américain Winston abat de plusieurs balles, sans motif apparent, le sergent britannique Quinn. Un meurtre qui survient au plus mauvais moment, à la veille d’une offensive contre l’ennemi japonais. Tandis que la tension monte entre les Alliés, l’état-major américain désigne le lieutenant-colonel Adams pour défendre l’accusé devant la cour martiale. En essayant de percer le mystère de la santé mentale de Winston, Adams se heurte à des supérieurs bien décidés à cacher qu’un des leurs puisse être un psychopathe…

« Le lieutenant Winston a tué un soldat anglais désarmé. Or, pour gagner la guerre, nos deux armées doivent se battre côte à côte. Pour le bien de tous, Winston doit être jugé, condamné et pendu »

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Guy Hamilton fut peut-être le plus francophile des cinéastes anglais. Et pour cause : fils de diplomate né à Paris, il grandira en France jusqu’à faire ses débuts dans le métier comme assistant de Julien Duvivier. Avant que la Seconde Guerre mondiale ne précipite son départ vers l’Angleterre (où il retrouvera Duvivier avant de travailler ensuite aux côtés de Carol Reed et John Huston). Dès lors, son nom restera intimement lié aux grandes heures du cinéma d’action populaire britannique des années 60 et 70. Il sera ainsi l’homme des grandes sagas d’espionnage, signant pas moins de quatre James Bond (« Goldfinger », « Les diamants sont éternels », « Vivre et laisser mourir », « L’homme au pistolet d’or ») et un Harry Palmer (« Mes funérailles à Berlin »). Mais il s’illustrera également dans les films de guerre (« La bataille d’Angleterre », « L’ouragan vient de Navarone ») aussi bien que dans les adaptations d’Agatha Christie (« Le miroir se brisa »). Reste que contrairement à nombre de ses collègues anglais (David Lean, John Schlesinger, Tony Richardson…), Hamilton fit la quasi totalement de sa carrière au sein des productions britanniques, ne tournant des productions américaines qu’à deux reprises : « L’affaire Winston » (1964) et « Remo sans armes et dangereux » (1985).

« J’essaye de prouver que le système fonctionne : personne n’est au-dessus des lois, et personne n’est au-dessous »

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Sa première expérience américaine, « L’affaire Winston », lui donnera ainsi l’occasion de se confronter aux écrits de Howard Fast, célèbre romancier blacklisté dont les écrits – souvent emprunts de la révolte des plus faibles contre les injustices du monde – seront souvent adaptés au cinéma, donnant lieu entre autre à « Spartacus » (Kubrick », 1960), « Les Cheyennes » (Ford, 1964) ou encore « Mirage » (Dmytryk, 1965). Adaptation du roman éponyme, « L’affaire Winston » nous entraine au cœur du Raj Indien, alors plongé dans les affres de la Seconde guerre mondiale, pour un film de procès militaire. On y suivra un officier américain désigné par son état-major pour assurer la défense –  minimale – d’un officier américain ayant assassiné sans raison apparente un soldat anglais. Tout l’enjeu du récit se résumant alors en un dilemme moral, le héros étant tiraillé entre son devoir d’obéissance et de loyauté envers sa hiérarchie (prête à sacrifier un soldat meurtrier encombrant par souci de préserver des liens cordiaux avec son allié britannique) et son éthique qui lui commande d’assurer une défense équitable de l’accusé et de tout faire pour lui éviter le peloton d’exécution. Si on ne peut que saluer la portée humaniste de son discours, qui rejette absolument le principe de la peine de mort et plaide pour une justice efficace, le film pèche néanmoins de par la nature même de l’accusé, véritable sociopathe qui ne suscite jamais la moindre empathie. Un  manque de nuance dans l’écriture du scénario particulièrement préjudiciable pour ce film et que le charisme du toujours très bon Robert Mitchum ne saurait ici rattraper. Un film assurément mineur, à voir par curiosité.

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Le Blu-ray : Le film est présenté en version originale anglaise (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles. Aucun bonus ne vient compléter cette édition.

Edité par BQHL Editions, « L’affaire Winston » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 28 janvier 2020.

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