Antoinette dans les Cévennes, le bonheur est dans le pré

Antoinette dans les Cévennes, le bonheur est dans le pré

Synopsis : " Des mois qu'Antoinette attend l'été et la promesse d'une semaine en amoureux avec son amant, Vladimir. Alors quand celui-ci annule leurs vacances pour partir marcher dans les Cévennes avec sa femme et sa fille, Antoinette ne réfléchit pas longtemps : elle part sur ses traces ! Mais à son arrivée, point de Vladimir - seulement Patrick, un âne récalcitrant qui va l'accompagner dans son singulier périple... "

Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position "je m'installe comme à la maison" ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te pose la question fatidique...

Bien entendu, il y a les paysages champêtres, magnifiques et montagneux des Cévennes; Bien entendu, il y a ces images qui vantent notre beau pays; Bien entendu, il y a ce besoin d'air pur sans masque... mais Antoinette dans les Cévennes est aussi une comédie française dans l'air du temps, réussie et qui fait du bien, grâce surtout à son interprète principale, Laure Calamy. Une actrice qui imprime sa bonhommie et sa joie de vivre sur toute cette drôle de randonnée grâce à la complicité de Patrick : son âne !

Le duo être humain - animal offre souvent des comédies intéressantes et enjouées. La vache et le prisonnier ou encore Turner et Hooch pour les duos les plus efficaces. Et désormais, Antoinette et Patrick ! Sous la forme du récit initiatique, Caroline Vignal réalise une histoire moderne sur la déconnexion dans nos vies pressées. En choisissant de placer son héroïne sur le chemin de la randonnée de Stevenson (l'auteur américain du 19e siècle), la réalisatrice montre comment les relations humaines et amoureuses sont simples quand elles ne sont pas polluées par les nouvelles technologies. Le retour aux sources, les échanges avec des personnes rencontrées par hasard sur le chemin à qui on raconte tout. Caroline Vignal offre une comédie dans l'air du temps, où, la simplicité est devenue nécessaire dans ce monde où tout va trop vite.

Grâce au soin apporté à l'image et à la photographie par Simon Beaufils, le film prend le temps de faire le parcours avec Antoinette. Et pourtant, on ne s'ennuie jamais, car durant cette semaine de marche avec son âne, l'héroïne nous permet de croire en la réalité de cette relation d'amitié qui se crée entre elle et son animal. Comme deux amis qui pourraient se confier l'un à l'autre. L'âne devient un personnage à part entière de l'aventure. Il exprime son désaccord, écoute plus que de raison les péripéties amoureuses et malheureuses d'Antoinette et forme surtout un véritable duo avec Laure Calamy.

Si l'âne Patrick est une star, il permet à Laure Calamy de dévorer l'écran sans jamais pourtant le phagocyter. Son naturel, sa simplicité, sa folie illuminent chaque plan. Connue pour ses personnages décalées, dont celui de Noémie Leclerc l'assistante de la série Dix pour Cent, elle inscrit dans son personnage de maîtresse d'école et d'amante, une touche de décalage nécessaire pour qu'on s'attache à son aventure et à son histoire d'amour malheureuse. Laure Calamy est drôle, sensible, délicate, rayonnante... et ce, dès la scène d'ouverture où elle entonne la sublime chanson de Véronique Sanson : Amoureuse. Avec certes de gros sabots (d'âne), on comprend l'adultère qui couve, et on ne souhaite pourtant que le bonheur d'Antoinette.

Mais, et c'est là toute la force du scénario de Caroline Vignal, l'histoire prend un chemin souvent inattendu (à l'image des détours et des boucles que font l'héroïne et son âne) et s'écarte de la simple comédie de boulevard pour offrir des rencontres inédites et poétiques. Ce seulement second film en vingt ans est écrit avec une attention particulière pour que chaque personnage rencontré par Antoinette ait une véritable place. De l'amant (insensible Benjamin Lavernhe), à la femme trompée (indispensable Olivia Côte), en passant par le poétique Denis Mpunga, tous concourent à bercer le film d'une sincérité confondante et légère qui gonfle le cœur de tout spectateur.

En une petite heure et demie, la réalisatrice offre un voyage initiatique à la recherche de son propre moi, de sa sérénité et peut-être, au bout du chemin, l'amour. Drôle tout le temps, sensible au bon moment, apaisant quand il le faut et rythmé dans les différentes étapes du parcours, Antoinette dans les Cévennes promet un beau voyage pour qui voudra le faire. Et au final, le film permet de croire en l'amour et procure l'envie de faire ce chemin pour mieux se retrouver... se retrouver dans une France magnifiée et envoûtante grâce également à la musique de Mateï Bratescot. Elle tombe à point nommé pour relancer l'histoire ou appuyer une péripétie et faire de ce film simple et délicat, un pur moment d'humour jamais gras, ni vulgaire : un film qui fait du bien !

Le film fait partie de la Sélection Officielle Cannes 2020
" Si l'âne Patrick est une star, il permet à Laure Calamy de dévorer l'écran sans jamais pourtant le phagocyter. Son naturel, sa simplicité, sa folie illuminent chaque plan. "

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