Love Will Tear Us Apart (1999) de Yu Lik Wai

Le titre rappelle forcément aux fans la chanson éponyme (1980) du groupe Joy Division, plus récemment le titre est aussi celui d'une autre film (2013) de Li Weiran. Ce film est signé de Yu Lik Wai est présenté au Festival de Cannes 1999. Ce réalisateur-scénariste avait déjà signé un premier long, "Neon Goddesses" (1996) et qui en réalisera quelques autres jusqu'à "Plastic City" (2008) mais il est surtout connu comme étant le scénariste attitré de deux autres cinéastes. Ainsi Yu Lik Wai écrira pour Ann Hui de "Ordinary Heroes" (1999) à "Our Time Will Come" (2017) en passant par le magnifique "Une Vie Simple" (2011), puis pour Jia Zhangke de "Xiao Wu, artisan pickpocket" (1997) à "Swimming Out Till the Sea Turns Blue" (2020) en passant par "Still Life" (2006) et "Touch of Sin" (2013).

Love Will Tear Us Apart (1999) de Yu Lik Wai

La rétrocession récente de Hong-Kong à la Chine en 1997 sert de base au scénario, la différence entre la Chine et sa province autonome offre une inspiration évidente, à savoir que Hong Kong devient l'eldorado des chinois "continentaux"... Dans la Chine de 1997, plusieurs chinois marginaux arrivent sur Hong Kong en espérant un autre destin. ON suit donc un vendeur de films pronographiques, une jeune femme qui se prostitue, un réparateur d'ascenseurs, une guide pour les clients dans les ascenseurs, tous se croisant et s'entrecroisant... Une seule star au casting, pas des moindres puisqu'il s'agit de Tony Leung Ka-Fai, également producteur du film, qui n'est pas à confondre avec son quasi homonyme Tony Leung Chiu-Wai. Pour vous aider à les différencier ce dernier à jouer dans des films comme "Une Balle dans la Tête" (1990) de John Woo, "In the Mood for Love" (2000) de Wong Kar-Wai, "Infernal Affairs" (2002) de Andrew Lau et Andy Mark, "Lust Caution" (2007) et "The Grandmaster" (2013) tous deux de Ang Lee. Par contre Tony Leung Ka-Fai est l'acteur dans "L'Amant" (1992) de Jean-Jacques Annaud, "Election" (2005) de Johnnie To, "Détective Dee : le Mystère de la Flamme Fantôme" (2010) et "La Bataille de la Montagne du Tigre" (2014) tous deux de Tsui Hark. Cependant ces deux méga stars chinoises ont déjà joués ensemble dans "Les Cendres du Temps" (1994) de Wong Kar-Wai. Ses partenaires sont inconnus ou très peu, voir n'ont pas continué au cinéma, à l'exception notable de Lü Liping vu dans "Le Vieux Puits" (1986) de Wu Tianming, et plus tard "Plus Fort que le Silence" (2000) de Sun Zhou et "Sous l'Aubépine" (2010) de Zhang Yimou... Le film s'apparente au film choral occidental, souvent un drame social ou comédie dramatique où plusieurs protagonistes ont un lien qui se tisse au fur et à mesure du récit.

Love Will Tear Us Apart (1999) de Yu Lik Wai

En 1997, et vu la forte autonomie (d'alors !) de Hong Kong font de la mégalopole un eldorado enfin accessible pour les chinois "continentaux". Ainsi on suit quelques marginaux qui espèrent prospérer dans ce nouvel horizon. Malheureusement le scénario se focalise sur les relations entre les protagonistes mais oublie toute évolution logique de ces personnages, il n'y a ni intrigue ni enjeu mis en place. Ces personnages vivotent, mangent, travaillent, baisent, dorment, rient parfois mais sans qu'ils n'avancent dans la vie, sans qu'ils cherchent franchement à changer quoi que ce soit. D'ailleurs les personnages restent bien primaires, les hommes surtout résumés à de simples consommateurs sexuels, les femmes étant montrées comme des travailleuses mécaniques. Le film n'est nullement lent, il se passe toujours quelque chose, mais dans un rythme monocorde et pour des actions qui n'amènent nulle part. Pas forcément lent donc, mais que c'est long et ennuyeux ! Quelques passages sortent du lot et permettent de sortir un peu de notre torpeur mais trop rares pour sauver ce film qui a tout du film Art et Essai élitiste et soporifique. Les personnages n'aident d'ailleurs pas, ils sont inintéressants, n'amènent pas à l'empathie et donc freinent toute émotion éventuelle. Au vu de la qualité des films de Ann Hui et Jia Zhangke, force est de constater que Yu Lik Wai semble bien meilleur quand il travaille pour les autres. Un film vain.

Love Will Tear Apart (1999)