[CRITIQUE] : Brutus vs César

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Kheiron
Acteurs : Kheiron, Ramzy Bedia, Pierre Richard, Thierry Lhermitte, Gérard Darmon, Pascal Demolon, Jérémy Ferrari, Bérangère Krief,...
Distributeur : Amazon Prime Video France
Budget : -
Genre : Comédie, Aventure, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min
Synopsis :
Face à la tyrannie de César qui agit en maître absolu sur Rome, les sénateurs Rufus et Cassius fomentent un complot pour l’assassiner. Pour avoir le soutien du peuple, ils proposent à Brutus, le fils renié de César, d’être celui qui lui portera le coup de grâce. Seul problème : Brutus est un marginal qui n’a pas du tout les épaules taillées pour le costume…



Critique :

Vraie déception que #BrutusVsCésar, + proche de la cagade made in M6 Peplum que de Deux heures moins le quart avant J.C, une oeuvre au dynamisme et au capital sympathie évidents mais dont l'humour tombe trop souvent à plat, sans compter une mise en scène frénétique qui le dessert pic.twitter.com/mNAbFyv9hm

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 18, 2020

On dit toujours que c'est lors du film de la confirmation, le second, qu'il y a une couille dans le pâté et que le soufflet de voir débarquer un nouveau cinéaste plein de verve, retombe inexorablement dans l'oubli.
Kheiron avait gentiment contredit la chose avec un formidable Mauvaises Herbes, beau récit initiatique au pluriel à cheval entre passé et présent, d'un homme se servant de son parcours douloureux pour mieux aiguiller le destin d'une poignée d'ados aussi bien que son propre avenir; un second essai qui s'inscrivait dans la même ligne directe que son premier long, entre hommages (ici autant aux organismes associatifs qu'aux familles d'accueil bienveillantes) et transmissions (le savoir, l'éducation mais surtout l'espoir), le tout opéré avec une intelligence et un souci louable de faire passer son message jamais pompeux ni moraliste, avec douceur et pédagogie.

Amazon Prime- Paiva Films- Les Films du Centaure


La " couille " intervient donc finalement avec son troisième film, accessoirement le plus ambitieux et le moins intime du lot : Brutus vs César, superproduction in fine distribué par Amazon Prime, une comédie péplum ironique au casting vedette monstrueux, semblant tout droit s'inscrire dans la veine révisionniste et non-sensique du drolissime Deux Heures Moins le Quart avant Jésus Christ de feu le regretté Jean Yanne; voire, n'ayons pas peur de la comparaison démesurée, de s'inscrire comme un bel héritier au Mission : Cléopâtre d'Alain Chabat.
Malheureusement, c'est plus vers la cagade made in M6 et wannabe Kaamelott-esque Peplum que le tout se dirige, une oeuvre au dynamisme et au capital sympathie évidents, à l'intrigue plutôt ludique (pas plus légère qu'un Astérix live) mais dont l'humour a le popotin coincé entre les deux fauteuils pas toujours confortable du réfléchi et du référencé - avec un doigt de potacherie assumée.
Résultat, rien ne fonctionne réellement, la majorité des vannes/séquences humoristiques tombent à plat, la mise en scène est beaucoup trop frénétique, sans compter un usage jamais vraiment épique de son cadre assez exceptionnel - les studios de Ouarzazate, ou HBO est récemment passé tourner plusieurs épisodes de Game of Thrones -, peu aidé par des décors passe-partout et un casting qui cabotine sévèrement.
Pourtant l'ambition est là, autant celle de ramener un peu de faste à une comédie populaire qui en a cruellement besoin (en évitant soigneusement les clichés faciles, en parlant intelligemment de diversité,...), que celle de Kheiron à sortir de sa zone de confort à coup de catapulte; mais il lui manque cruellement de liant et d'ampleur pour faire mouche ne serait-ce qu'un brin, et éviter ainsi de donner l'impression féroce de ne rien avoir de bon à raconter sur une heure et demie beaucoup trop longue.

Amazon Prime- Paiva Films- Les Films du Centaure


Alors on regarde, un chouïa désolé derrière notre écran de TV, une oeuvre inégale et foutraque - ce qui n'est pas toujours un défaut -, qui avait le potentiel de réconcilier les spectateurs avec les salles obscures, mais qui se retrouvera in fine à donner de l'eau au moulin de tous les détracteurs - souvent totalement à côté de la plaque -, d'un septième art qui vaut décemment plus que cela, tout comme Kheiron.
Mais qui ne tente rien, n'a rien, et il est impossible de ne pas louer les ambitions folles d'un jeune cinéaste, qui aura tenter un sacré grand écart en l'espace de si peu de temps dans l'industrie cinématographique.
Jonathan Chevrier