La Daronne (2020) de Jean-Paul Salomé

Par Seleniecinema @SelenieCinema

8ème long métrage de Jean-Paul Salomé après des films comme "Restons Groupés" (1998), "Arsène Lupin" (2004) ou encore "Les Femmes de l'Ombre" (2008) et des années après son dernier "Je Fais le Mort" (2013). Ce nouveau projet est l'adaptation du roman éponyme (2017) de Hannelore Cayre, romancière qui est avant tout avocate pénaliste et qui a réalisée et écrit son premier long métrage avec "Commis d'Office" (2009). Jean-Paul Salomé co-signe le scénario avec l'auteure elle-même. La romancière dit s'être inspirée de l'histoire personnelle de ses parents, le réalisateur précise : "Hannelore a également mis pas mal d'elle-même dans le côté "anar de gauche" de son héroïne : quand, par exemple, à l'issue du pot organisé par la brigade, elle peste contre les dealers qu'on envoie "en stage de radicalisation pour trois grammes de shit", c'est quelque chose qu'elle pourrait dire ! Elle a inventé l'histoire policière à partir de ce qu'elle a observé en tant qu'avocate pénaliste, ayant défendu pas mal de dealers. Elle connaît les rouages des procédures, les dialogues...

D'ailleurs, c'est ce que j'aimais aussi dans le livre : la justesse d'observation d'un univers de petits et de gros dealers, et aussi de commerçants, certains issus de l'immigration chinoise, qui sont victimes d etrafics ou brutalisés par des gros bras. J'aimais la façon dont Hannelore faisait parler chacun d'entre eux, de façon précise et inventive."... Patience est interprète pour la police judiciaire. Lors d'une enquête de la brigade des stups, elle découvre qu'un des dealers est le fils de l'infirmière qui s'occupe de sa mère, elle décide alors de couvrir ce fils délinquant et se retrouve à être la détentrice d'une énorme cargaison de drogues. Patience se découvre alors un certain talents de dealeuse... Surnommée la Daronne, cette dealeuse arriviste est incarnée par Isabelle Huppert, rôle qui la change de ces derniers films dont "Une Jeunesse Dorée" (2019) de Eva Ionesco et (2020) de Ira Sachs. Son référent policier est joué par Hippolyte Girardot vu récemment dans "La Surface de Réparation" (2018) de Christophe Régin et "Je ne Rêve que de Vous" (2019) de Laurent Heynemann. La maman de Patience est interprétée pat Liliane Rovère vue dans "Les Sales Gosses" (2017) de Frédéric Quiring et "Roxane" (2019) de Mélanie Auffret. On peut citer Iris Bry la révélation du film "Les Gardiennes" (2017) de Xavier Beauvois, et citons les acteurs Farida Ouchani et Mourad Boudaoud qui se retrouve après "Nous Trois ou Rien" (2015) de et avec Kheiron dans lequel jouait également un certaine Hannelore Cayre... Comme dit le réalisateur concernant Hannelore Cayre, " Elle connaît les rouages des procédures, les dialogues...", peut-être oui mais elle n'a pas la science infuse pour d'autres détails disont, plus policiers. D'abord et avant tout, Patience Portefeux n'est pas policière et son métier de traductrice n'a rien à voir avec la fonction ou le statut de policier, elle reste une indépendante qui travaille pour certaines missions spécifiques. La production, le film comme sa promo font penser qu'elle est une sorte de flic adjoint, non !

Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit là d'un métier peu connu et surtout peu abordé au cinéma. Un métier pour lequel Isabelle Huppert a fait montre une fois de plus d'un professionnalisme hors norme comme le déclare Jean-Paul Salomé : "C'est là qu'avoir une grosse bosseuse comme elle change la donne ! On a commencé le tournage en novembre 2018. Dès l'été, elle avait tous ses dialogues enregistrés de plusieurs façons différentes, dits par un homme, par une femme, à une vitesse normale, à vitesse réduite. Elle a appris syllabe par syllabe, intonation par intonation. J'étais forcément anxieux. Elle me disait que c'était dur. Son coach, qui nous a accompagné jusqu'au tournage, me rassurait..."... Si l'actrice reste impressionnante, il n'ne demeure pas moins qu'elle joue une interprète qui cherche trop sa traduction, ça manque de fluidité naturelle. Mais le scénario est plutôt bien ficelé, car certe la position de l'interprète la place forcément dans une situation idéale où la police est un peu obligée de faire confiance. Si le traitement du récit est plutôt géré comme une comédie la dangerosité du contexte est toujours palpable. Par contre, les sous-intrigues sont soient trop présentes soient justes superflues, on pense surtout au passé familial de Patience/Huppert. On apprécie que l'affaire de Patience ne prennent pas une ampleur trop extravagante, son ami officier n'est pas longtemps dupe, les caïds non plus par ailleurs, donnant un rythme à cette petite comédie sans prétention dans laquelle Isabelle Huppert est une fois de plus épatante en dealeuse opportuniste. Rien d'extraordinaire mais un film loin d'être déplaisant.