L'étreinte du destin

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’étreinte du destin » de George Sherman.

« La guerre est finie et je ne compte pas la recommencer. Peu importe désormais qui avait tort ou raison »

À l’issu de la guerre de Sécession, Luke Fargo décide de changer de vie, d’oublier le joueur, bagarreur et coureur de jupons qu’il a été. S’il rentre chez lui, c’est désormais plein de bonnes intentions, dans les habits d’un pasteur pressé de reconstruire l’église locale. Mais son passé lui colle aux bottes et certains se chargent de le lui rappeler…

« Je vais rebâtir cette église et j’espère tous vous voir à l’office, quel que soit votre camp »

Ancien disciple du célèbre réalisateur de comédies burlesques Mack Sennett, George Sherman gravit progressivement les échelons dans les productions de séries B jusqu’à gagner ses galons de réalisateur à la fin des années 30. Là, que ce soit pour Republic Pictures ou la Columbia, il enchainera les films à un rythme effréné, tournant pas moins d’une centaine de films entre 1937 et 1971. Une filmographie pléthorique, qui sera largement dominée par le genre du western. Et en la matière, Sherman aura signé beaucoup de filmsde facture assez moyenne (avec Yvonne De Carlo notamment : « La filles des prairies », « Le barrage de Burlington », « Les rebelles ») sans véritables stars à l’affiche. Si ce n’est pour son dernier film, « Big Jake » (1971), porté par le vieillissant John Wayne.

« Si j’ai été ordonné ? Non. Absolument pas. Et qu’est-ce que cela peut bien faire ? »

Réalisé en 1955, « L’étreinte du destin » était resté jusqu’ici inédit en France. Adaptation du roman « Calico Pony » de Herb Meadow, le film est centré sur le retour au pays des hommes démobilisés à la fin de la Guerre de Sécession. Une tâche qui sera d’autant plus compliquée pour Luke Fargo qu’il a combattu dans les rangs nordistes alors que la totalité de ses concitoyens ont défendu ardemment les couleurs de la Confédération sudiste. Qui plus est, cet ancien séducteur invétéré revient avec la ferme ambition de devenir le pasteur de la ville et d’en reconstruire l’église. On l’aura compris, George Sherman signe ici un western plutôt curieux, qui en est un sans vraiment l’être. En effet, s’il y a bien des rivalités idéologiques entre le héros et l’homme fort de la ville, celles-ci n’aboutissent qu’à quelques bagarres réjouissantes mais assez peu spectaculaires dans l’ensemble. L’essentiel du film étant placé sous le signe de la réconciliation, et notamment sur la façon dont le héros s’emploie peu  à peu à retrouver sa place dans une communauté qui lui est devenue hostile, et à en fédérer peu à peu autour de lui les membres. Si la fable se veut un peu moralisatrice (la religion chrétienne étant ici présentée comme le ciment de la société américaine dans son ensemble, plus solide que les divergences politiques), le film ne manque pas d’intérêt, notamment en s’intéressant – chose rare – au retour des soldats dans leurs foyers (ou, selon les cas, ce qu’il en reste). Seule la relation improbable entre le héros et la jeune sauvageonne qu’il recueille semble au mieux hors-sujet, pour ne pas dire embarrassante.Mais rien que pour l’originalité de son sujet et pour son solide casting (le toujours excellent Van Heflin, Raymond Burr, Philip Carey, et la jeune Joanne Woodward qui faisait ici ses débuts à l’écran), le film mérite le coup d’œil.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) et française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées Patrick Brion et Jean-François Giré.

Edité par Sidonis Calysta, « L’étreinte du destin » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray au sein de la collection Silver depuis le 10 août 2020.

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