Le relais de l'or maudit

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le relais de l’or maudit » de Roy Huggins.

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« Si je me rends compte que je viens de tuer un homme ? Mais que faisons-nous d’autre depuis cinq ans ? »

1865, Nevada. Le major sudiste Matt Stewart apprend, après avoir attaqué et volé de l'or à un convoi nordiste, que la guerre est finie depuis plusieurs semaines. Devenu soudainement hors-la-loi et refusant de revenir en arrière, il décide de fuir avec son butin mais il est pris en chasse par une bande de truands...

« Laissez cet or ici. Cessez de vous battre pour une cause perdue »

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Le nom de Roy Huggins ne dira probablement rien aux cinéphiles même les plus pointus. Et pour cause, il mena pour l’essentiel une carrière de producteur à la télévision, travaillant essentiellement sur des séries (« Le fugitif », « Deux cents dollars plus les frais », « Maverick »…). Tout juste se souviendra-t-on qu’il fut, au début des années 50, scénariste d’une dizaine de films, dont l’excellent « Du plomb pour l’inspecteur » (1954) de Richard Quinn. Mais il fut aussi un éphémère réalisateur le temps d’un unique film, « Le relais de l’or maudit », qu’il tourna pour la Columbia Pictures en 1952.Un film assez étrange qui s’ouvre par le massacre en règle de convoyeurs nordistes tombés dans l’embuscade d’un détachement sudiste et qui se termine dans un huis clos dans lequel le détachement sudiste se retrouvera assiégé dans un relais de diligence par quelques mineurs patibulaires et cupides. De façon assez surprenante, Huggins s’amuse ici à introduire des éléments de films noirs dans un contexte de western. Ce qui donne lui à un film hybride d’autant plus surprenant qu’il ne va jamais là où on l’attend. Sur le fond, il rappelle un peu « L’attaque de la malle poste » tourné par Henry Hathaway l’année précédente. Mais là encore, le réalisateur s’emploie à instiller une forme d’ambiguïté morale à ses personnages, évitant ainsi à son récit l’écueil d’un manichéisme trop facile. Car Stewart et ses hommes se retrouvent dans une position complexe : s’ils ont commis des crimes au nom de l’armée confédérée,ils ne savaient pas pour autant que la guerre était déjà terminée. Ce qui en fait logiquement de vulgaires criminels de droit commun, d’autant plus qu’ils ont gardé avec eux le précieux butin qu’ils ont dérobé. Mais le fait d’en faire les proies d’un groupe de tueurs sans scrupules inversera intelligemment les rôles, permettant aux personnages de montrer leur véritable visage. Avec son chouette casting (Randolph Scott, Lee Marvin, Donna Reed…), « Le relais de l’or maudit » s’impose comme une excellente série B de très bonne facture. Pour un coup d’essai, Roy Higgins réussit un coup de maitre. De quoi regretter qu’il n’est pas persévéré…

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées Patrick Brion et Jean-François Giré.

Edité par Sidonis Calysta, « Le relais de l’or maudit » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray, dans la collection Silver, depuis le 10 août 2020.

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