Le Mystère Henri Pick (2019) de Rémi Bezançon

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Film de Rémi Bezançon, Le Mystère Henri Pick sorti en 2019 est basé sur le roman éponyme de l'auteur David Foekinos publié en 2016.

Daphné jeune éditrice va trouver dans une bibliothèque où les livres refusés sont stockés, un trésor littéraire. Livre du feu Henri Pick, pizzaïolo de Crozon qui va devenir en un rien de temps un best-seller à la surprise du critique Jean-Michel Rouche, persuadé d'une imposture va enquêter pour connaître le véritable auteur de ce chef d'oeuvre. Il sera aidé dans son entêtement par la fille d'Henri Pick qui cherche à savoir si son père est bien l'auteur du livre.

Le scénario est une douce comédie, dénonçant la promotion et la réception de certains ouvrages à la place d'autres dans le monde fermé de la publication. L'enquête est fascinante, sans vouloir décrocher de son dénouement, la fin abracadabrante est néanmoins attendue, un rebondissement qui se fait attendre jusqu'aux 10 dernières minutes du film, fin quelque peu précipitée. Quelques fois, un peu tiré par les cheveux, on pardonne facilement les positions entêtées du personnage principal alors qu'elle n'ont pas vraiment de sens... Joli paradoxe formé entre les deux personnages principaux, les deux villes où se passent l'action et leur façon de voir la vie. Le tout toujours sous fond de petite critique de vie et de vision ; il faut souvent confronter les regards pour avancer.

Le duo des enquêteurs improvisés est incarné par l'excellent Fabrice Luccini ("Jeanne", "Paris") qui régale par son personnage borné et cynique. Lui qui par son comportement a tout perdu emploi et femme, dû à son comportement, va s'obstiner pour rétablir la vérité et finalement va l'entraîner vers une rencontre inattendue. Accompagné par Camille Cotin ("Les gazelles", "Les fauves") incarnant la fille du présumé auteur contrebalance son acolyte par une présence plus réaliste et pleine de surprise. Les dialogues entre les deux est un jeu d'équilibre entre humour, caractères bien trempés et sarcasme avec comme toile de fond des références littéraires. Dommage d'avoir fait d'Alice Isaaz ("En mai, fais ce qu'il te plait", Mademoiselle de Jonquières"), qui prête ses traits à Daphné, un personnage en demi-teinte, aux contours flous alors qu'elle aurait mérité un arrêt de quelques minutes supplémentaires pour montrer toutes les facettes d'un personnage si jeune, plein de talent et surtout d'ambition. Mais rien à côté de Bastien Bouillon ("La promesse de l'Aube) qui est complètement occulté et pourtant il aurait tellement eu sa place, encore plus judicieusement que présenté à l'écran.

Un bémol pour le film, la fin sans contexte ! Qu'il est regrettable d'être suspendu à une enquête si savoureusement menée par ses acteurs, avec un tel travail sur les personnages et sur les dialogues qu'une fin en moins de 10 minutes semble bâclée ! Une fin perdue pour la relation du duo alors qu'elle n'apporte pas vraiment au film. Mais ça n'empêche pas d'apprécier le film et de le recommander.

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