Les Pistoleros de l'Ave Maria (1969) de Ferdinando Baldi

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Ce film n'est pas à confondre avec "Les Quatre de l'Ave Maria" (1968) de Giuseppe Colizzi, plus célèbre mais pas moins réussi. le film est aussi connu en France sou sle titre "Le Dernier des Salauds". Ce film est une adaptation très libre, une transposition de la pièce "L'Orestie" (458 av J.C.) de Eschyle qui, pour l'anecdote, est la seule pièce de théâtre athénien à avoir été conservée jusqu'à nos jours. Ferdinando Baldi co-signe le scénario avec plusieurs scénaristes. Baldi a comme beaucoup de ses compatriotes signé des peplums avant de venir au western spaghetti. On lui doit entre autres "David et Goliath" (1960), "Le Fils de Tarass Boulba" (1963), "Texas Adios" (1966), "T'as le Bonjour de Trinita" (1967) et "Django, prépare ton Cercueil" (1968)... Poursuivi par plusieurs pistoleros, Rafael est sauvé part Sebastian. En fait, le hasard les a réuni alors que Rafael recherchait Sebastian depuis des années. Les deux hommes étaient amis d'enfance mais un drame passé les a séparé, maintenant ils sont décidés à se venger...

Sebastian est incarné par Leonard Mann qui en est qu'à son second film et qui connaîtra son apogée dans les années 70 avec des films comme "Amore Amaro" (1974) de Florestano Vancini et "La Maîtresse Légitime" (1977) de Marco Vicario. Rafael est joué par Pietro Martellanza alias Peter Martell vu dans "Ringo il Cavaliere Solitario" (1968) de Rafael R. Marchent et "Ciak Mull" (1971) de Enzo Barboni co-écrit par Mario Di Nardo ; Roberto Pregadio dont on peut citer entre autres les futures compositions des films "Horreurs Nazies, le Camp des Filles Perdues" (1976) et "Roses Rouges pour le Führer" (1977) tous deux de Sergio Garrone. Sa musique est forcément influencée par le maestro Ennio Morricone mais Garrone est dans un lyrisme moins grandiloquent. Les décors sont bien connus des amateurs du genre, le tournage s'étant déroulé surtout dans les régions de Almeria en Espagne (comme la plupart des westerns spaghettis dont ceux de sa carrière reste assez confidentiel quand on sait qu'il a dû renoncé au rôle principal de "Dieu Pardonne... Moi Pas !" (1967) de Giuseppe Colizzil après s'être cassé le pied lors d'une dispute conjugale (!!), un rôle qui sera alors dévolu à un certain Terence Hill qui jouera alors pour la première fois avec son futur acolyte Bud Spencer. La mère est interprétée par Lucia Paluzzi, vue dans "Les Travaux d'Hercule" (1958) de Pietro Francisci et surtout "Opération Tonnerre" (1965) de Terence Young, la fille est jouée par Pilar Velasquez dont on peut citer "Quand Satana empoigne le Colt" (1970) de Rafael R. Marchent et "Le manoir aux Filles" (1972) de Alfonso Brescia. Et enfin, l'un des adversaires du duo est interprété par Alberto de Mendoza qui retrouvera Pilar Velasquez dans "Quand Satana empoigne le Colt", et qui est surtout connu en France en tant que roi d'Espagne dans "La Folie des Grandeurs" (1971) de Gérard Oury. Comme tout spaghetti qui se respecte, on notera une musique qui ne dénote pas au genre, signé Sergio Leone.

Une énième histoire de vengeance mais cette fois avec un récit où la sorcière n'est pas celle qu'on croit, où l'amour mène à la haine, où les secrets de famille ne sont pas ceux qu'on croit. On aime la densité de ce scénario sur seulement 1h25 même si un peu plus d'ambition aurait pu aisément porter ce film vers une fresque plus flamboyante. En effet on est un peu frustré que les personnages ne soient pas plus étoffés, l'ellipse de temps est important et crée des incohérences fortes : par exemple comment croire que Sebastian ait oublié autant Rafael ?! Ils avaient tout de même 12-14 ans lors du drame originel. On est un peu gêné par le manque de passion entre Rafael et Isabel alors qu'ils sont censés s'aimer. Mais par contre le flash-back apporte toute la puissance émotionnelle nécessaire, l'infirmité de Rafael est brutale et inattendue sans pour autant s'y attarder, le rapport entre Tomas et Anna est toute en ambiguité (qui mène qui ?!) et surtout on aime ce style baroque et cette construction narrative qui ramène judicieusment à une tragédie grecque. Baldi signe un western spaghetti méconnu mais qui est pourtant d'une rare originalité sur le fond, qui aurait sans doute gagné en puissance avec 10-15mn de plus. A conseiller.

Note :