Anya (2020) de Ben Cookson

Enième film sur l'Occupation de 39-45, période riche en évènement il faut bien l'avouer et inépuisable source d'inspiration. Il s'agit du nouveau film du britannique Ben Cookson après son précédent film "Almost Married" (2014), adaptant le roman éponyme (1990) de Michael Morpurgo. Ce romancier est connu pour lier enfance et évènements historiques notamment dans son premier roman (1982), particulièrement connu depuis son adaptation sur grand écran avec le film "Cheval de Guerre" (2012) de Steven Spielberg. Au vu du speech on a une pensée pour quelques autres films avec des enfants dans la tourmente de l'Occupation malgré eux. Autant le dire de suite, ce nouveau film est plus proche de "Belle et Sébastien" (2013) de Nicolas Vanier que de "Au Revoir les Enfants" (1987) de Louis Malle. Ce film est une production britannico-belge avec un casting international, au budget confortable de 10 millions d'euros dont une bonne partie a dû servir à payer les cachets... Sous l'Occupation, dans un petit village proche de la frontière espagnole, Jo un jeune ado qui attend le retour de son père prisonnier en Allemagne apprend que des proches cachent des enfants juifs en attendant de pouvoir leur faire passer le frontière. Parallèllement pourtant, Jo attend se lie d'amitié avec un officier allemand...

Anya (2020) de Ben Cookson

Le jeune héros est incarné par le jeune américain Noah Schnapp révélé dans "Le Pont des Espions" (2015) de Steven Spielberg et depuis connu pour la série TV "Strangers Things" (2016-...). Ses parents sont interprétés par Gilles Marini acteur surtout connu pour jouer les French Lover outre-Atlantique apparaissant momentanément dans plusieurs séries TV comme "Nip/Tuck" (2009), "Bones" (2015) ou "Daredevil" (2016), puis notre frenchy Elsa Zylbertsein qui retrouve l'époque de "Un Sac de Billes" (2017) de Christian Duguay et qui est en salles en ce moment avec la comédie "Adorables" (2020) de Solange Cicurel. Les grands parents sont joués par Jean Reno qui retrouve également 39-45 après le médiocre (2010) de Roselyne Bosch, il est accompagné de Anjelica Huston fille du géant John Huston vue récemment dans "John Wick Parabellum" (2019) de Chad Stahelski. Les deux officiers allemands sont joués par Thomas Kretschmann qui se retrouve souvent sous l'uniforme allemand notamment dans "Le Pianiste" (2002) de Roman Polanski et "Walkyrie" (2009) de Bryan Singer, puis l'acteur islandais Tomas Lemarquis aperçu dans "Insensibles" (2012) de Juan Cralos Medina et "Snowpiercer" (2013) de Bong Joon-Ho. Sinon citons encore Frederick Schmidt révélé dans "Les Poings contre les Murs" (2013) de David Mackenzie et vu récemment dans "La Chute du Président" (2019) de Ric Roman Waugh, puis la britannique Sadie Frost révélée à l'instar de Monica Bellucci dans le "Dracula" (1992) de Francis Ford Coppola et qui se retrouve ici dans un tout petit rôle presque anecdotique... 39-45 où la période historique la plus traitée au cinéma, à tel point qu'en 2020 on se sent encore obligé de débuter le film par des encarts explicatifs sans réels fondement ni utilité.

Anya (2020) de Ben Cookson

Symptomatique de la voix Off mis en place qui, malgré la voix de Jean-François Balmer, devient pompante car trop explicative, surlignant tout et rien. Tout dans ce film est là pour infantiliser le spectateur, à tel point que le film ne parlera qu'aux enfants de 7-9 ans assez intéressés par cette période historique sans que les parents puissent voir peur d'une quelconque violence. Et non, en 39-45 tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. Seul les dialogues permettent réellement de percevoir les conséquences de la guerre tant le film est une succession de beaux et bons sentiments, et comme ce n'est pas suffisant on y ajoute une collection de morales à tous les étages. Sans doute le côté ludique a son importance mais à ce point arasé de toute émotion et de toute angoisse le film perd pourtant forcément toute portée. D'ailleurs, ces dialogues sont souvent ineptes jusqu'à la fin et ce "ne m'appelle plus madame appele-moi grand-mère" adressé à Jo, il fallait bien tout ce temps pour que cette phrase sorte de nulle part ! La mise en scène de Ben Cookson est plate et sans flamme, juste assez scolaire pour son public. On sourit béatement devant cette scène de "liesse" à la Libération à laquelle il est impossible de croire une seule seconde. Ce long métrage est à peine digne d'un téléfilm, trop peu d'acteurs y croient (minimum syndical, du moins je l'espère !), aucun souffle, aucune passion, et une période beaucoup trop édulcorée pour que ce film ait un intérêt aussi minime soit-il. A réserver aux jeunes enfants qui apprécient les films un peu mou du genou et très sensibles à la violence des faits.

Note :

Anya (2020) Cookson