À l’abordage, comme un air d’été…

Par Kevin Halgand @CineCinephile

Synopsis : " Paris, un soir au mois d'août. Un garçon rencontre une fille. Ils ont le même âge, mais n'appartiennent pas au même monde. Félix travaille, Alma part en vacances le lendemain. Qu'à cela ne tienne. Félix décide de rejoindre Alma à l'autre bout de la France. Par surprise. Il embarque son ami Chérif, parce qu'à deux c'est plus drôle. Et comme ils n'ont pas de voiture, ils font le voyage avec Edouard. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Peut-il en être autrement quand on prend ses rêves pour la réalité ? "

Les lumières de la salle de cinéma s'allument... tu allumes ton ordinateur, tu cliques sur ton navigateur préféré et écris : Champs Elysée Film Festival. Il te reste à t'identifier, puis s'ouvre à toi, du 09 au 16 juin 2020, une grille de programmes regroupant courts et longs métrages indépendants en provenance de France et des États-Unis.

Bon cinéma de chez toi !

Petite surprise du Champs-Élysées Film Festival de cette année, une comédie française non exempte de petits défauts mais d'une légèreté et d'une drôlerie agréable. À l'abordage est une histoire simple : un garçon rencontre une fille... elle part dans le sud et il décide d'aller la rejoindre sur son lieu de vacances entraînant avec un lui un pote et un jeune covoitureur. Une histoire d'amitié où l'amour a une part belle... une histoire où les hommes sont les tendres et où les filles ne se laissent pas faire.

Quatrième long métrage de Guillaume Brac, À l'abordage a été coécrit avec Catherine Paillé à qui l'on doit l'uppercut Shéhérazade. On retrouve les ingrédients de la romance qui sied parfaitement au drame marseillais mais ici, de l'humour remplace le drame. De l'humour et une fraîcheur incroyable... qui compense allègrement une photographie jouant sur les lumières naturelles au point de parfois empêcher la beauté de l'image.

Pourtant, cette photographie ne réduit pas ce moment agréable passé à regarder ce trio se rencontrer et vivre des vacances au camping. Attention, on n'est très loin de la comédie de Fabien Onteniente, si le camping reste le point de chute, il n'est pas l'objet d'un enjeu ou autre... au contraire, ce camping permet de réelles rencontres entre Cherif et la jeune mère de famille ou encore la naissance de l'amitié entre Édouard, fils de bonne famille, Édouard Sulpice lunaire et Felix et Chérif (les décontractés Éric Nantchouang et Salif Cissé). Si la rencontre est drôle, l'amitié entre ce trio est belle car elle fait fi des classes sociales auxquelles les trois jeunes hommes appartiennent. D'entrée de jeu, ces trois-là s'affrontent sur leurs études, leur façon d'être et bien entendu la fameuse différence quartier chic - banlieue. La première rencontre est électrique mais le trio s'apprivoise pour permettre une belle amitié sincère et véritable.

Dès lors le charme opère car Guillaume Brac compose autour de ce trio une galerie de personnages hauts en couleurs qu'il va placer habilement sur leur route. Tout d'abord Alma, la petite copine crispante et éternelle insatisfaite, que porte avec conviction Asma Messaoudene. Puis ensuite, Lucie, la soeur casse-cou, risque tout et finalement totalement zen et baba cool et enfin la jeune mère de famille Helena, que joue avec douceur et sensibilité Ana Blagojevič. En créant une drôle de tribu, Guillaume Brac réussit à intégrer le spectateur dans l'histoire car il donne envie de partir en vacances avec ces bras cassés... surtout que l'on a tous vécu des vacances comme celles-là.

Et puis, il y a la beauté de paysages de la Drôme. Ils renforcent une sensation de bien-être : ici tout est lumineux. Le vent qui souffle rafraîchit les images, l'eau est prête à nous accueillir. Aussi impressionnant que cela puisse paraître, Guillaume Brac signe un film où la nature est un personnage à part entière. Tous les éléments naturels sont présents, représentés par le jeu des sons et de la lumière, au point que l'on a l'impression d'être immergé dans le film tant on pourrait sentir le soleil, la brise légère, les éclaboussures de l'eau... tout cela sans un quelconque effet spécial ou une mise en scène impressionnante. En fait, et c'est sans doute ce qui fait ce petit plus, le réalisateur signe une histoire d'une simplicité confondante et donne juste envie de le suivre au rythme des dialogues et de la bonhomie de ses personnages.

Pratiquement uniquement tourné en extérieur ou dans des lieux ouverts (notamment dans le camping), ce film offre la sensation de liberté qui manquait durant le confinement et surtout, cette nonchalance offre une réelle plénitude. Cette dernière est seulement parasitée par une scène de dialogue sur la vie et l'avenir dans une maison campagne qui pourrait plomber l'ambiance. Heureusement, Guillaume Brac et Catherine Paillé retournent la situation pour créer juste après des moments dynamiques et drôles pour ne pas oublier que le scénario veut juste emmener le spectateur en vacances... enfin !

Aucune date de sortie de fixée pour le moment
" Ce film offre la sensation de liberté qui manquait durant le confinement et surtout, cette nonchalance offre une réelle plénitude. "

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