Pinocchio (2020) de Matteo Garrone

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Enième adaptation du célèbre conte "Les Aventures de Pinocchio" (1881) de Carlo Collodi dont on peut citer les films "Pinocchio" (1911) de Giulio Antamoro, le classique d'animation Disney (1940), "Les Aventures de Pinocchio" (1972) de Liugi Comencini et surtout la version (2002) de et avec Roberto Begnini qui incarnait un Pinocchio plus "mature" qu'à l'accoutumé avant d'être choisi bien des années après pour le rôle de Geppetto. Ce nouveau film est un projet du cinéaste Matteo Garrone encensé par les succès des films "Gomorra" (2008) et (2018), mais il a déjà abordé le conte dans un style plus "adulte" avec le mesestimé "Tale of Tales" (2015). Pour le scénario le cinéaste a co-signé avec Massimo Ceccherini qui jouait l'acteur dans "Tale of Tales", et qui joue également un rôle aux côtés de Pinocchio. Les deux auteurs ont clairement opté pour une adaptation très fidèle du livre originel, suivant le récit à la lettre...

Un menuisier qui est dans le dénuement désire sculter une marionnette, ce qu'il peut mettre en oeuvre grâce au don d'une bûche offerte par un confrère. Sans savoir pourquoi, la marionnette prend vie, ce qui comble de joie son "père" Geppetto qui le traite aussitôt comme son fils. Malheureusement, ce nouveau fils nommé Pinocchio est curieux ce qui va l'amenervers des aventures féériques et dse rencontres pas toujours bienfaisantes... Donc, aussi surprenant que cela puisse paraître, Matteo Garrone a demandé à Roberto Begnini, dont le plus gros succès demeure "La Vie est Belle" (1998) et qu'on avait pas vu sur grand écran depuis "To Rome With Love" (2012) de Woody Allen, d'incarner Geppetto après avoir été Pinocchio dans son propre film des années auparavant. Pinocchio est incarné par le jeune Federico Ielapi, jeune comédien vu jusqu'ici uniquement dans "Brave Ragazze" (2019) de Michela Andreozzi inédit chez nous. Le jeune garçon en bois va croiser plusieurs personnages dont le duo Le Chat et Le Renard interprétés respectivement par Rocco Papaleo vu dans "Commediasexi" (2006) de Alessandro D'Alatri et "The PLace" (2018) de Paolo Genovese, puis Massimo Ceccherini qui est le co-scénariste du film. Et enfin on peut citer la frenchy Marine Vacth alias la Fée remarquée dans les films "Jeune et Jolie" (2013) et "L'Amant Double" (2017) tous deux de François Ozon... Le parti pris est audacieux, aussi bien sur le fond que sur la forme. D'abord mettre en image l'histoire si connue (ou pas !) de façon lap lus fidèle qui soit en reprenant pratiquement à la lettre l'oeuvre de Collodi, puis inscire le récit dans un contexte social réaliste et baroque où le fantastique s'intègre parfaitement. La reconstitution d'une Toscane rurale et pauvre est pregnante, la photographie est superbe, mettant en valeur la beauté de la Toscane mais aussi en marquant la bascule entre féérie touchante et fantasmagorie plus sombre et pessimiste.

Le premier bémol vient de Pinocchio lui-même, dont le visage en bois est parfaitement créer en image de synthèse mais il manque un peu de "matière" tandis que le garçon en bois bouge et s'articule toujours de façon trop naturelle. Ce Pinocchio en CGI est d'autant plus remarqué que la plupart des autres effets spéciaux limitent au maximum les images de synthèse, on constate entre autre des maquillages et masques en latex, dans un style vintage qui colle d'ailleurs à merveille avec le conte et son époque. Mais ces différences dans les effets visuels créent d'autres écarts, par exemple si on apprécie le maqillage du Chat et du Renard on apprécie beaucoup moins celui du Grillon. On constate quelques incohérences/maladresses comme les marionnettes qui ont des fils mais qui ont pourtant toute leur autonomie, les cheveux blonds d'une jeune comédienne qui dépassé de sa perruque... On apprécie par contre le subtil temps qui passe (la fée, Geppetto vieillit tout autant, le Chat qui devient aveugle petit à petit...), et on apprécie le fait que Matteo Garrone n'occulte jamais la noirceur derrière le conte de fée. Mais la plus grande déception reste le montage, avec des césures ou ellipses de temps particulièrement rudes et/ou incompréhensibles ; on pense surtout à l'entrée dans le tribunal. On salue le travail sur la fidélité au roman, rarement sans doute une adaptation aura été aussi loin et juste. Mais à force d'être obnubilé sur ce paramètre Matteo Garrone a oublier d'y ajouter une réelle féérie et d'un réel onirisme. Le film manque de rythme, frôle même l'ennui tant le récit est monotone. Le fait qu'on connaisse l'histoire, que l'élément de récit initiatique ne surprenne pas y sont forcément pour quelque chose mais le réalisateur aurait dû prendre en compte cet élément. En conclusion, un Pinocchio intéressant mais qui manque de souffle.

Note :

Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :