Le messager de la mort

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le messager de la mort » de J. Lee Thompson.

« Puisse Dieu vous damner pour l’éternité ! »

Journaliste spécialisé dans les affaires les plus délicates, Garret Smith s’intéresse à un carnage perpétré dans une communauté mormone d’Arizona. Les victimes : les femmes et enfants d’une seule et même grande famille. Si les premières constatations de la police indiquent que les meurtres ont été commis sous prétexte de la religion, Smith n’y croit guère. Au péril de sa vie, il découvre peu à peu que la vérité est ailleurs.

« Quand on côtoie des adeptes de la polygamie, on finit par être tous cousins ! »

S’il débute en Angleterre au cours des années 50, la carrière du réalisateur J. Lee Thompson prend son véritable envol à partir des années 60 où il s’impose comme l’un des maitres des grands films d’aventures populaires. Qu’elles soient coloniales (« Aux frontières des Indes »), militaires (« Les canons de Navarone »), indigènes (« Les rois du soleil »), westernienne (« L’or de MacKenna ») ou futuristes (« La conquête de la planète des singes », « La bataille de la planète des singes »), ses fresques furent toujours placées sous le signe du grand spectacle. Mais sa carrière ralentit quelque peu au cours des années 70. C’est alors qu’il se lie d’amitié avec l’acteur Charles Bronson qui, après avoir enchainé les seconds rôles de faire-valoir, revient triomphalement d’Europe avec un statut de star, acquis notamment grâce au succès de « Il était une fois dans l’ouest » et confirmé par celui de « Un justicier dans la ville ». Les deux hommes entameront une fructueuse collaboration sur le film « St. Yves » (1976), premier des neufs films qu’ils tourneront ensemble. Récupérés par la Cannon, ils tourneront dans les années 80 beaucoup de ces polars virils dans lesquels Bronson rejouera à l’envie son éternel personnage de justicier viril (« Le justicier de minuit », « L’enfer de la violence », « La loi de Murphy »).  Réalisé en 1988, « Le messager de la mort » est leur avant-dernière collaboration (avant « Kinjite, sujets tabous » l’année suivante) mais aussi l’avant-dernier film du cinéaste.

« Si vous percevez l’Antéchrist chez votre voisin ou même chez votre frère, vous devez le combattre et le mettre hors d’état de nuire »

Adapté d’un roman de Rex Burns, le film s’ouvre une scène de massacre. Un déluge de feu au cours duquel les (nombreux) membres d’une famille de mormons seront méthodiquement assassinés jusqu’aux jeunes enfants (ce qui n’est pas sans rappeler le début de « Il était une fois dans l’ouest »). De quoi laisser présager que ce « Messager de la mort » sera - de nouveau - un polar bourré de testostérones. Et puis finalement, ô surprise, il n’en sera rien. Charles Bronson campe finalement un journaliste, plutôt en retrait, chargé de faire la lumière sur ce massacre et sur les rivalités entre deux clans de mormons. Et même s’il y aura bien ici et là quelques scènes d’action (une fusillade dans les bois, une impressionnante course-poursuite entre les camions), « Le messager de la mort » n’est pas véritablement un film d’action mais plutôt - et contre toute attente - un polar aux accents mystiques, construit comme une sorte de whodunit. Les amateurs de grosses bastons seront sans doute déçus, d’autant que Bronson ne joue ici qu’à peine des poings sans tuer personne. Mais la plongée dans les communautés mormones des Rocheuses vaut le détour, d’autant que l’enquête est plutôt bien menée et ponctuée de seconds rôles savoureux (les vétérans Jeff Corey et John Ireland notamment). Un Bronson mineur mais une série B néanmoins pas déplaisante.

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Le DVD : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Patrick Brion ainsi que d’un documentaire, « Vigilantes, les origines – Une histoire américaine » (38 min.).

Edité par Sidonis Calysta, « Le messager de la mort » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 3 février 2020.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.