Selfie (2020) d'un collectif

A l'origine du projet on trouve Julien Sibony, connu pour avoir écrit "Secret Défense" (2006) de Philippe Haïm et "Le Fils de Jean" (2016) de Philippe Lioret, il est donc ici co- producteur et co-scénariste de ce film à sketchs qu'il a préalablement décrit comme une "comédie satirique et grinçante surle nouveau monde numérique". L'auteur précise qu'il voulait "raconter un vertige numérique d'aujourd'hui dans lequel on puisse reconnaître à la fois une certaine modernité de la bêtise et des thématiques intemporelles (le désir, la famille, la rencontre amoureuse, l'éducation, l'intimité... etc...)". Sibony a d'abord écrit les bases de son histoire avant de réunir une équipe de scénaristes pour écrire le scénario. Avec lui donc, il a co-signé le film avec Bertrand Soulier, à la base auteur-compositeur pour Elisa Tovati et Sinclair, Noé Debré qui a co-écrit avec Thomas Bidegain les films (2015) de Bidegain lui-même et (2015) de Jacques Audiard, puis pour la première fois au cinéma (comme Bertrand Soulier) Giulio Callegari Hélène Lombard qui ont signé respectivement les séries TV "Validé" (2020) pour lui et "Il Revient Quand Bertrand ?" (2016) pour elle. Le film est scindé en 5 grands sketchs réalisés chacun par un réalisateur différent. Les réalisateurs qui ont accepté de participer à l'aventure sont Tristan Aurouet auquel on doit "Narco" (2004) et "Les Gorilles" (2014), Thomas Bidegain co-scénariste de Jacques Audiard depuis "Un Prophète" (2009) et réalisateur de "Cowboys" (2015), Marc Fitoussi qui a réalisé "La Ritournelle" (2014) et "Maman a Tort" (2016), Cyril Gelblat qui a signé "Tout pour Être Heureux" (2016) et enfin Vianney Lebasque réalisateur des films "Les Petits Princes" (2013) et "Chacun pour Tous" (2018)...

Selfie (2020) d'un collectif

Les sujets sont clairs, les titres de chaque segment plutôt évocateur : Le segment "2,6/5" est celui de Tristan Aurouet et aborde les sites de rencontre, le segment "Vlog" est celui de Thomas Bidegain et touche à une famille qui ne vit plus que par leur blog video, le segment "Le Troll" est celui de Marc Fitoussi aborde le sujet des attaques anonymes sur le net, le segment "Recommandé pour vous" est celui de Cyril Gelblat qui aborde la publicité ciblée et enfin le segment "Smileaks" est dévolu à Vianney Lebasque explose le tout avec une cyber-attaque sur les secrets dévoilés sur le net... Le casting est hétéroclyte, quelques-uns des acteurs/personnages ayant déjà joué sous la direction des réalisateurs et la plupart apparaissant dans plusieurs segments. Ne pouvons pas tous les citer, avec pêle-mêle l'humoriste Blanche Gardin qui avait jusque là surtout été vue dans des seconds voir troisièmes rôles comme dans "La Dream Team" (2016) de Thomas Sorriaux et "Adopte un Veuf" (2016) de François Desagnat, Sam Karman vu dans "Otez-moi d'un Doute" (2017) de Carine Tardieu et "Abdel et la Comtesse" (2018) de Isabelle Dorval, Esteban qui retrouve plusieurs collègues après "Chacun pour Tous" de Lebasque et "Otez-moi d'un Doute", Manu Payet vu dans "Les Gorilles" (2014) de Tristan Aurouet et "Tout pour Être Heureux" (2016) de Cyril Gelblat, Julia Paton fille de Charlotte De Turckheim vue dans "Adopte un Veuf", Elsa Zybertsein vue récemment chez Claude Lelouch dans (2015) et "Chacun sa Vie" (2017) en attendant le "3ème" "La Vertu des Impondérables" (2019), Max Boublil vu récemment dans (2019) de Anthony Marciano, Finnegan Oldfield révélé dans les films "Mineurs 27" (2011) de Tristan Aurouet et "Cowboys" (2015) de Bidegain, puis terminons avec Alma Jodorowsky petite-fille de Alejandro Jodorowsky déjà vue dans "Sea, No Sex and Sun" (2012) de Christophe Turpin et "Juillet Août" (2016) de Diastème... Le film débute assez fort avec une famille à la fois touchante et surtout malaisante tant la maladie et le côté exhibitionniste semble si peu en adéquation. Ce segment est d'ailleurs symptomatique du gros défaut du film. En effet, si l'ensemble est forcément inégal (l'apanage habituel du film à sketch) le véritable soucis est que le film hésite toujours dans la direction à prendre : comédie satirique ou douce-amère, comédie de moeurs ou humour noir, comédie grinçante ou comédie populaire...

Selfie (2020) d'un collectif

Jamais le film n'assume complètement un genre ce qui donne la sensation d'être toujours dans la retenue et/ou qui reste confus dans ses intentions et surtout dans le résultat comique. Ainsi on rit très peu, on sourit souvent mais pas toujours de façon sincère et/ou de bon coeur, car si on a envie de rire le fait est que le film donne surtout envie de pleurer tant c'est pathétique et caricatural (dans le sens facile). On se retrouve frustré de ne pas aimer, de ne pas participer de plein coeur à ses aventures numériques dont on comprend et décèle les bonnes intentions et les bonnes idées sans que le tout puisse offrir un vrai sens jubilatoire. On aime la férocité de certains passages, on aime le cynisme derrière les intrigues inter-connectée, on savoure le jeu des acteurs qui semblent inspirés par ces récits contemporains, on comprend et on ne peut qu'acquiescer à toutes cette médiocrité ambiante mais malheureusement cela manque de gags francs, de farces et de dialogues plus incisifs. Ca reste assez mollasson, sans panache ni envolée de quelques sortes que ce soit. "Selfie" est l'exemple même du film qu'on veut aimer, dont le sujet fort actuel aurait dû frapper juste et fort mais qui nous laisse sur le bord de la route. Le film est un échec en salles, étonnament logique (pour une fois !). Dommage...

Note : Selfie (2020) d'un collectif