Les rivaux du rail

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Les rivaux du rail » de Byron Haskin.

« Nous ne faisons pas la guerre. Nous bâtissons une voie ferrée. Il n’y a pas de raison de s’entretuer »

Les années 1870. Bien qu’elle ait officiellement obtenu l’autorisation de construire une ligne de chemin de fer à travers les Montagnes Rocheuses, la compagnie Denver & Rio Denver se heurte vite à une société rivale dont le représentant, McCabe, ne recule jamais devant la violence. Directeur des travaux de la première, Jim Vesser le sait d’autant mieux qu’il le connaît pour avoir combattu à ses côtés pendant la Guerre de Sécession…

« Cet argent est le vôtre. Servez-vous ! »

Cinéaste à la carrière resserrée mais prolifique, Byron Haskin fut un honnête réalisateur de séries B connu pour être avant tout un technicien confirmé. Et pour cause, engagé dès les années 20 par la Warner, il fut tour à tour directeur de la photographie (notamment pour Michael Curtiz) et spécialiste des effets spéciaux (pour Curtiz toujours, mais aussi pour Raoul Walsh, Frank Capra ou John Huston) avant de devenir lui-même réalisateur. Il réalisera ainsi une vingtaine de films entre le milieu des années 40 et les années 60, principalement des films d’aventures exotiques (« L’île au trésor », « Le roi des îles », « Quand le Marabunta gronde », « Le pirate des mers du sud »...) et de science-fiction (« La guerre des mondes », « La conquête de l’espace »). Ce qui ne l’empêcha néanmoins pas de s’essayer au gré des commandes à d’autres genres. Il fera ainsi une courte incursion dans l’univers du western en signant coup sur coup trois films pour la Paramount : « Les sentiers de l’enfer » et « La ville d’argent » en 1951 et « Les rivaux du rail » en 1952. Trois films qui ont en commun une même équipe : le producteur Nat Holt, le scénariste Frank Gruber et l’acteur Edmond O’Brien. Et une même thématique : la conquête et l’exploitation de l’ouest.

« On a là-bas une locomotive qui s’ennuie. Envoyons-leur, ce sera un cadeau inoubliable ! »

Celle-ci passait par la cavalerie dans « Les sentiers de l’enfer » et par l’exploitation minière dans « La ville d’argent ». Dans « Les rivaux du rail », la conquête du territoire passe cette fois par la construction du chemin de fer. Mais comme dans les deux précédents volets de cette trilogie, cette conquête ne se fera pas sans heurts. Et deux compagnies concurrentes se disputeront le même tracé de chemin de fer, se livrant pour l’une à tous les coups bas. Si la thématique du chemin de fer dans l’ouest était plutôt originale (de mémoire seuls le « Pacific express » de Cecil B. DeMille y était pleinement consacré), « Les rivaux du rail » souffre cependant d’un scénario terriblement manichéen et mal ficelé, reposant sur des personnages mal dégrossis. A l’image du tandem de méchants sans nuances interprétés par Sterling Hayden et Lyle Bettger. On s’étonne également de certaines facilités du scénario, comme ce personnage d’assistance du boss de la compagnie, qui passe librement d’un camp à l’autre pour livrer des informations sans se faire prendre et qui trouve une rédemption un peu facile dans les ultimes minutes du film. Mais tout n’est pas non plus à jeter de ces « Rivaux du rail » qui, à défaut d’être pleinement trépident, livre aussi quelques bonnes scènes (notamment toute la percée en train dans le dernier tiers du film, plutôt spectaculaire) en prenant pour décors de sublimes paysages du Colorado. A noter également la présence toujours satisfaisante d’Edmond O’Brien qui, s’il n’a pas vraiment le visage d’un jeune premier, apporte toujours beaucoup de justesse et de sobriété. Un western de série B loin d’être inoubliable mais tout de même assez divertissant.

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Le DVD : Le film est présenté dans un Master restauré en Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations signées respectivement par Bertrand Tavernier et Patrick Brion.

Edité par Sidonis Calysta, « Les rivaux du rail » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 3 février 2020.

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