LA TERRE ET LE SANG (Critique)

LA TERRE ET LE SANG (Critique)LA TERRE ET LE SANG (Critique)

SYNOPSIS: Après sa fille de 18 ans Sarah, sa scierie familiale représente toute la vie de Said. Pendant des années, il a difficilement maintenu à flot son entreprise, principalement pour ses employés, tous des anciens détenus et jeunes en réinsertion ; jusqu'au jour où l'un d'eux se sert de la scierie pour cacher une voiture bourrée de drogue. Lorsque le cartel auquel elle appartient débarque dans la scierie, Saïd et Sarah vont devoir tout faire pour la protéger. Ils ont un avantage : cette scierie c'est leur terre, ils en connaissent les moindres recoins...
Julien Leclercq est de retour sur Netflix avec un nouveau long métrage La Terre et le Sang. La dernière fois que nous avions quitté le réalisateur c'était à la fin de l'été 2018 lors de la sortie de Lukas avec Jean-Claude Van Damme, Sveva Alviti et Sami Bouajila (qui officie ici en tête d'affiche), ce dernier devenant un habitué du metteur en scène puisqu'il était également présent dans Braqueurs. Lukas nous avait agréablement surpris par sa mise en scène brutale et efficace ainsi que par le travail distillé sur le son qui permettait notamment de faire ressortir toute la puissance des coups de feu, nous rendant presque appréhensifs avant chaque détonation. Si le rendu final proposait une histoire extrêmement minimaliste, le tout était articulé avec une sobriété coup-de-poing qui laissait aisément le spectateur se faire happer par la quête désespérée de Lukas. Bien que La Terre et le Sang tente de reprendre une recette plus ou moins identique à certains égards, le produit final penche malheureusement davantage vers le minimalisme que vers la pertinence et l'efficacité.

LA TERRE ET LE SANG (Critique)


Doté d'un format particulièrement court (1h20) et d'un pitch laissant tout le loisir aux personnages de dérouiller des malfrats, le réalisateur accouche d'un spectacle sans saveur qui sonne creux. A l'instar des films où un monsieur tout-le-monde se retrouve propulsé sur le devant de la scène à démolir des bad guys par paquets de dix dans l'optique de se venger, ici Sami Bouajila se retrouve retranché dans sa scierie afin de résister à l'assaut d'une bande de dealers venus récupérer la drogue qui s'y est retrouvée cachée par un malheureux concours de circonstances. Après 35 minutes d'exposition visant à nous familiariser tant bien que mal avec des personnages sans grand intérêt qui arpentent une vie totalement fade, dans des décors ternes (scierie oblige) via des dialogues rudimentaires (dont certains en langage des signes), le film finit par se lancer. L'empathie ressentie par le spectateur à l'égard des personnages principaux n'est alors à ce stade qu'une vulgaire empathie de convenance ; les protagonistes étant par défaut dans le camp des " gentils ", nous nous rallions à leur étendard bien que leur sort nous laisse globalement indifférent. Se pose alors une question : qu'est-ce qu'a voulu faire artistiquement Julien Leclercq avec La Terre et le Sang ? Il ne s'agit nullement d'un film fun à la violence décomplexée et divertissante mais d'un long-métrage qui se prend au sérieux, qui offre certes quelques séquences d'affrontements et de mises à mort plus ou moins inspirées mais sans que l'ensemble ne dégage une quelconque émotion, que cette dernière soit de l'appréhension, du stress ou de la tristesse. A défaut de réelle plus-value, au moins devrions-nous ressentir un minimum d'effroi et nous sentir investis dans le combat des personnages pour leur survie. Ce n'est pourtant guère le cas.

LA TERRE ET LE SANG (Critique)


Les personnages pour lesquels nous devrions être inquiets sont au nombre de trois. Le premier est incarné par un Sami Bouajila investi et crédible au service d'un rôle lisse et fonctionnel. Le deuxième est Sarah sa fille, jouée par Sofia Lesaffre, une jeune fille sourde-muette qui se retrouve au beau milieu des règlements de compte. Enfin le troisième loustic est l'un des jeunes travailleurs de la scierie porté par Samy Seghir, qui est d'ailleurs celui par qui le malheur va s'abattre sur les lieux. Autant le dire tout de suite, ces personnages n'ont aucun intérêt : ils sont particulièrement fades à l'image de l'univers dans lequel ils évoluent et n'ont que deux fonctions : survivre ou mourir. A la rigueur oui, nous avons bel et bien éprouvé quelques craintes pour le personnage de Sarah, cette dernière étant jeune, innocente et se trouvant de surcroît en situation de handicap...mais bon cela suffit-il vraiment à susciter un réel affect ? Le handicap de Sarah amènera néanmoins quelques passages plutôt intéressants où les évènements se positionneront de son point de vue : celui du monde du silence. C'est un parti pris intéressant bien que ces séquences soient brèves ; fait du hasard nous re-regardions récemment la série Jericho où le personnage de Bonnie Richmond (qui est sourde) se retrouve au milieu de l'assaut de sa maison, avec une tentative un peu similaire. Malheureusement il se trouve qu'à part cette trouvaille plutôt pertinente, tout le reste du film défile comme du vu, revu et re-revu. Alors oui il y a quelques petites idées vaguement savoureuses comme la scène avec le cheval (ceux qui ont vu le film comprendront) mais c'est bien mince et toujours si vite expédié que cela ne suffit pas à sustenter le spectateur. Pour un format d'1h20 nous ne pouvons pas dire que le résultat final soit particulièrement excitant, divertissant, choquant, subversif ou inventif.

LA TERRE ET LE SANG (Critique)


Malgré une distribution qui tient la route et une jolie photographie, La Terre et le Sang se révèle pour nous être un film tout à fait dispensable qui malgré son concept loupe le coche sans que nous ne comprenions quel était finalement le but initial du réalisateur tant il ressasse en boucle des éléments éculés. Si sur le papier assister à l'affrontement avec les moyens du bord d'une famille attachée à sa scierie face à une bande de dealers armés pouvait effectivement avoir son charme, le combat s'avère malheureusement dénué d'intérêt et d'idées. A part pour tuer bêtement le temps difficile de recommander cette nouvelle production Netflix, énième déception de l'ogre aux nombreux contenus.

LA TERRE ET LE SANG (Critique)

Titre Original: LA TERRE ET LE SANG

Réalisé par: Julien Leclercq

Genre: Action, Drame

Sortie le: 17 avril 2020

Distribué par: Netflix France

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