Les cinq premières pages

pagesPour Margaret Atwood, ce que vous voulez sur la première page, c’est quelque chose qui va attirer le lecteur.

Les cinq premières pages sont le seuil d’entrée de votre histoire. Un lecteur qui entre dans une librairie peut lire la jaquette, mais cette première page est l’occasion pour vous de l’attirer et de le faire continuer à lire. Ces premières pages cruciales doivent donner au lecteur l’envie d’en savoir plus, mais sans le surcharger d’informations.

Ce que le lecteur doit se dire est dites-m’en plus. Mais ne m’en dites pas trop.

L’ouverture de Moby Dick fait tout cela par excellence. « Appelez-moi Ismaël », la première phrase, offre une intrigante fausse piste (notre narrateur ne s’appelle pas Ismaël) et un inter-texte biblique (Ismaël est sauvé par un ange) pour colorer le sens que le lecteur a de notre narrateur.
Le temps du verbe – un commandement à l’impératif, délivré au présent – génère une relation immédiate et directe avec le lecteur, et offre une sorte de promesse que le narrateur survivra aux événements qui se produiront.

Une découverte

Le véritable début de votre histoire n’apparaîtra peut-être pas tout de suite ; en fait, il est probable que ce ne sera pas le cas puisque vous découvrez votre chemin progressivement en apprenant par vous-même les personnages et les événements au fur et à mesure.
Pour Atwood, écrire est un cheminement fait de découvertes et de surprises.

Parce que Margaret Atwood encourage d’écrire pour découvrir – sans un plan préalable – le vrai début de ses histoires est souvent différent du début de ses premières ébauches, alors qu’elle ne fait qu’écrire pour en savoir plus sur ses personnages et sur ce qu’il leur arrive.
Par exemple, le début publié du La servante écarlate fut découvert par Margaret Atwood dans une version révisée, et elle l’ajouta au début de son œuvre.

Même si le véritable point de départ de votre histoire peut prendre du temps et plusieurs ébauches, soyez patient et travaillez dur : la relation d’un lecteur avec votre merveilleuse histoire (dixit Atwood) dépend de sa capacité (et de son désir)  à continuer à la lire !

CAMPBELL : ÊTRE À L’ÉCOUTE DE SOI

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