Action & méchant de l’histoire

Par William Potillion @scenarmag

L’action survient dans tous les genres. C’est un élément constitutif du récit. L’action, ce sont les événements et les décisions des personnages, la tournure particulière des choses dans l’univers que vous avez inventé.

Bien que l’action ne soit pas réductible au thriller, considérons néanmoins celui-ci. Dans le thriller (et tous les sous-genres que l’on veut bien lui accorder), d’emblée, il y a une transgression.

Enjeux, enjeux, enjeux

William C. Martell enfonce peut-être une porte ouverte mais, avec lui, rappelons que quelque soit les plans du méchant de l’histoire, le degré de difficulté pour le personnage principal qui doit mettre en place sa propre stratégie pour contrer l’intention de ce qui semble être un rival (ou du moins un empêcheur de tourner en rond) dépend directement des enjeux pour l’un et l’autre.
Car cela vaut aussi pour la propre stratégie de ce rival.

Les choses devraient être crédibles. Pour qu’elles le soient, il faut que la difficulté soit à la hauteur de la tâche.
Martell prend l’exemple de Goldfinger. S’il lui était aisé de cambrioler Fort Knox parce qu’il est Goldfinger, on n’y croirait pas une seconde.

Quelle que soit la puissance, le génie ou la Providence, l’intelligence… d’un personnage, ce qu’il entreprend doit être difficile. Et cette difficulté se concrétise dans les moyens mis en œuvre pour accomplir une certaine tâche.

Il faut donc être motivé pour se lancer dans de telles aventures. La force qui agit, qui pousse un individu parfois à faire des choses dont il ne se soupçonnait même pas capable, parfois même contre sa volonté, c’est bien une question d’enjeux. Plus on a à gagner ou plus on a à perdre, et plus on se meut.

Rien ne devrait être facilité. Même les petits détails dans la moindre des scènes devraient être embués de difficultés. Vaincre cette adversité a certainement un prix mais aussi une récompense.
Pour William C. Martell, le risque et le degré de difficulté doivent être égaux à la récompense. Et il ajoute que faire que les choses soient trop difficiles pour le méchant de l’histoire ou bien qu’elles soient trop faciles pour le héros, votre lecteur ne vous suivra pas.

Un méchant de l’histoire, peut-être, mais un être humain d’abord

Il est important de remettre en question chaque mouvement de votre méchant et de s’assurer que ce qu’il fait est logique, n’est pas tiré par les cheveux, trop compliqué ou tout simplement idiot.

La menace qu’incarne le méchant de l’histoire ne devrait pas se contraindre aux limites du héros, selon William C. Martell.
En quelque sorte, il faudrait rechercher quelque chose qui soit comme universel. Chaque lecteur/spectateur, à des degrés divers probablement, devrait ressentir cette menace.

L’exposition du danger serait en deux étapes. Pour convaincre un lecteur que le méchant représente vraiment une menace (même pour ce lecteur pourtant à l’abri devant l’écran de la fiction), il faut une démonstration.

Martell propose que celle-ci se fasse en deux étapes. D’abord, les exploits du méchant se dérouleront sur une petite échelle avec efficacité (raser avec un petit missile une petite ville de province, par exemple) et le chantage peut ensuite s’instaurer par la menace d’une catastrophe bien plus grande.

Si votre méchant possède une sorte d’arme de haute technologie, assurez-vous qu’il la teste afin que nous puissions voir ce qu’elle fait. Cela nous aidera à imaginer ce qu’il pourrait nous arriver.

Et une promesse à tenir

Un autre aspect de cette démarche consiste à tenir la promesse que vous avez faite à votre lecteur. Si le Sergent Howard Payne dans Speed dit qu’il va faire exploser ce bus, le public veut voir le bus exploser.
Nous avons pensé à l’explosion de ce bus pendant presque la moitié du film – s’il passe en dessous de 55mph, il va exploser – donc la seule façon d’être vraiment satisfaits est qu’il explose. Nous y avons pensé trop longtemps pour qu’il n’explose pas.

Il fut un temps où un film d’action pouvait se contenter d’un héros empêchant complètement le plan du méchant, mais nous vivons à une époque de divertissement.
Et quelque soit votre intention à exposer votre histoire au monde, c’est d’être diverti le temps d’une fiction que recherche un lecteur.

Le résultat possible de la menace fait partie de la promesse. Pour William C. Martell, on ne devrait pas en priver le lecteur.

PRÉMISSE ET STRUCTURE DRAMATIQUE