Paris est toujours Paris

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Paris est toujours Paris » de Luciano Emmer.

« Nous sommes à Paris, il faut courir l’aventure ! »

Un groupe de supporters italiens arrivent à Paris pour soutenir leur équipe lors d’un match de football France-Italie. Chacun, en arrivant dans cette ville prestigieuse, a aussi d’autres projets en tête et caresse l’espoir de bénéficier d’un coup de théâtre ou d’une de ces occasions qui changent le cours d’une existence…

« Je veux visiter Paris... Mais avec vous ! »

Les affres de la Seconde Guerre Mondiale auront durablement pesé sur la production cinématographique des années 40, qui privilégiera les drames plutôt que les divertissements. Dans ce contexte, les rares cartes postales cinématographiques ne seront pas tournées pour faire rêver le spectateur mais bien pour témoigner des horreurs de la guerre, des souffrances des populations et de la destruction généralisée. A l’image de « Rome ville ouverte » et « Allemagne année zéro » de Rossellini, œuvres traversées par la misère, les tourments et la mort. Mais en 1951, même si les restrictions et la reconstruction du vieux continent ne sont finies, l’humeur est à la légèreté retrouvée. Et l’italien Luciano Emmer, documentariste de formation fraichement promu cinéaste de fiction (il vient tout juste de réaliser son premier film de fiction, « Dimanche d’août » l’année précédente) d’imaginer la folle virée d’un groupe de touristes romains à Paris à l’occasion d’un match de football entre la France et l’Italie.

« J’aime les touristes italiennes seules et sans chaperon ! Je serai un compagnon en or ! »

En 1951, il faut vingt-quatre heures de train pour relier Rome à Paris. Un bien long voyage pour des touristes qui ne restent que le temps d’un week-end. Mais dans cette Europe d’après-guerre, ils ne viennent pas dans la ville lumière pour profiter de ses trésors culturels. D’ailleurs, de façon très drôle le cinéaste éludera la chose la chose le temps d’une visite vite expédiée au Louvre le temps d’admirer la Joconde. Au fond, ce que nos héros sont venus chercher à Paris tient plus du divertissement, de l’amusement, voire même de l’encanaillement. Car comme chacun le sait, plus que ses musées et ses monuments, Paris reste connu pour son luxe, ses femmes, ses amoureux et sa folle vie nocturne. Autant de clichés dont le cinéaste se joue avec beaucoup d’humour et qui finiront par se retourner contre les protagonistes. A l’image du pauvre séducteur galant qui passe une soirée à régaler la femme d’un autre qui ne le regardera pas. Mais la palme ira sans doute à ce quinquagénaire grincheux, désirant plus que tout s’encanailler sans son épouse, et qui se fera balader de bar minable en cabaret transformiste douteux par un escroc à la petite semaine. Au final, seul le plus jeune (et le plus pur ?) des protagonistes profitera de son séjour pour vivre Paris comme une fête (flirt avec une jolie vendeuse de journaux, déjeuner sur la Seine, concert d’Yves Montand), nous rappelant in fine le charme éminemment romantique de la ville.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en 4K à partir du négatif original par Cinématographique Lyre et Damia Films avec la participation du CNC et des contributeurs de Celluloid Angels, en version originale franco-italienne (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « séance complète », le film sera précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et de bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode « film seul », « Paris est toujours Paris » se lancera directement.

Edité par Coin de Mire, « Paris est toujours Paris » est disponible depuis le 28 décembre 2019 dans une très belle édition Digibook, limitée à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.

Le site Internet de Coin de Mire est ici.