Judy (2020) de Rupert Goold

Vendu comme un biopic de la star mythique Judy Garland (Tout savoir ICI !), c'est avant tout l'adaptation de la comédie musicale "End of the Rainbow" (2019) de Peter Quilter elle-même inspirée librement des derniers mois d'existence de la star consacrée par "Le Magicien d'Oz" (1939) de Victor Fleming. Résultat, on est bien loin d'un biopic partiel ou non et en vérité ce film est avant tout une évocation de la fin de vie de la star. Le scénario a été travaillé afin d'atténuer le côté musical et d'accentuer le côté biopic, un scénario signé de Tom Edges qui avait jusque là surtout écrit pour des séries TV comme "Lovesick" (2014-2016) et "The Crown" (2017). Le réalisateur du film est Rupert Goold dont c'est le second long métrage ciné après (2015), ayant entre temps signé le téléfilm "King Charles III" (2017)... En 1968, Judy Garland a délaissé le cinéma depuis un moment et accepte une tournée à Londres pour pouvoir ensuite obtenir et assumer la garde de ses deux enfants qu'elle a eu avec le producteur-agent artistique Sidney Luft...

Judy (2020) de Rupert Goold

Anne Hathaway fut un temps pressentie pour le rôle Judy Garland avant que le rôle échoit, après insistance du réalisateur, à Renée Zellwegger alors dans le creu de la vague depuis une dizaine d'années à l'exception notable de "My Own Love Song" (2010) de Olivier Dahan et "Bridget Jones Baby" (2016) de Sharon Maguire, tandis que la Judy Garland jeune est incarnée par Darci Shaw tout juste remarquée dans la série TV "The Bay" (2019-...). On peut citer deux des enfants de la star, la future star Liza Minnelli interprétée fugacement par Gemma-Leah Devereux vue la première fois au cinéma dans "Comedown" (2013) de Menhaj Huda et surtout Lorna Luft jouée par Bella Ramsey surtout connue comme étant la jeune reine Lyanna Mormont dans la série TV "Game of Thrones" (2016-2019). Un ex de Judy Garland est joué par Rufus Sewell qu'on n'avait pas vu depuis "Gods of Egypt" (2016) de Alex Proyas et qui sera bientôt dans un autre biopic prestigieux en incarnant le père de "Elvis" (2021) de Baz Luhrmann. Le producteur de la tournée est joué par Michael Gambon vu récemment dans "Gentlemen Cambrioleurs" (2019) de James Marsh, et son assistance londonienne est interprétée par Jessie Buckley révélée en chanteuse dans l'excellent (2019) de Tom Harper et vue récemment dans "Le Voyage du Dr. Dolittle" (2020) de Stephen Gaghan... Le film débute avec un flash-back où on voit la toute jeune Judy se faire ouspiller par le nabab Louis B. Mayer, patron de la MGM alors la plus grande Major de Hollywood. Le ton est donné, l'enfant star n'a pas connu d'enfance. Les flash-backs suivants sont aussi là pour expliquer que les dépendances aux différents produits sont la faute de Mayer qui ordonnait les prises de médicaments divers et variés pour garder la ligner, pour rester éveiller, pour dormir... etc... Le tout pour excuser ensuite la descente aux enfers de la star. Le scénario est maladroit sur plusieurs points, comme insister sur le fait que Judy garland doit accepter une tournée pour "subvenir aux besoins de ses enfants" ?! Rappelons qu'ils vivent chez leur père qui n'est pas au chômage, que si Judy Garland n'est plus que l'ombre d'elle-même elle n'a surtout plus le niveau de vie qu'elle a pu avoir à son apogée ; nuance !

Judy (2020) de Rupert Goold

Le film aborde différents sujets de la dépendance nocive à la relation mère-enfants en passant par le swinging london et le côté sombre des enfants stars de l'Âge d'Or mais sans réellement les traiter ne profondeur. On survole le tout pour se focaliser uniquement sur les drogues et alcool. Le côté musical atténue la chose (quoique !) mais au final le film tourne un peu en rond : flash-back pour bien insister sur le fait qu'elle est une victime du système hollywoodien, dépression mécicamenteuse et alcoolique puis tour de chant, et on recommence... En fait le film appuie là à la façon d'un tabloïd sans pour autant s'intéresser à Judy Garland elle-même. Le parcours et la carrière de la star sont omis, les morceaux musicaux bâclés (peu de mise en valeur aussi bien dans le décor que dans la mise en scène) et niveau historique le récit est beaucoup trop libre pour prendre en compte autre chose que la grande ligne directrice. Par exemple, l'amitié avec le couple gay semble inventé, tandis qu'en ce qui concerne le dernier époux Mickey Deans (chronologie bousculée, faits erronés...) tout est quasi modifié. On peut sans doute laisser le bénéfice du doute sur les parties avec Rosalyn Wilder/Jessie Buckley, qui était consultante sur le tournage. Et sinon il faut saluer effectivement la performance de Renée Zellweger (Oscar de la meilleure actrice 2020) qui incarne une Judy Garland abîmée et usée par une carrière sur laquelle elle n'a finalement jamais eu de prise. L'actrice s'est beaucoup investie, se documentant énormément et surtout en s'entrainant pendant plusieurs mois avec un coach vocal bien qu'elle ait été déjà une chanteuse dans le film musical "Chicago" (2002) de Rob Marshall. En conclusion, malgré certains passages touchants et une actrice habitée, le film reste une médiocre hagiographie pas plus ambitieux qu'un téléfilm pour un après-midi pluvieux. Dommage...

Note :

Judy (2020) Rupert GooldJudy (2020) Rupert Goold