Goldfinger (1964) de Guy Hamilton

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après "James Bond contre Dr. No" (1962) et "Bons Baisers de Russie" (1963) tous deux de Terence Young, voici le troisième film de la saga toujours adapté d'un roman éponyme (1959) de Ian Fleming, ce dernier ne verra pas l'incroyable succès du film puisqu'il meurt 1 mois avant la sortie du film. Pour l'anecdote, l'architecte Erno Goldfinger menaça Fleming d'un procès mais ce dernier répliqua en menaçant de modifier le nom en "Goldprick" ("connard en or" !) ! Pour ce projet les deux producteurs Harry Saltzman et Albert R. Broccoli ont augmenter substanciellement le budget, ce qui s'explique par les besoins de tournage mais qui a eût pour effet de refuser une augmentation pour Terence Young, réalisateur des deux premiers films et qui s'est donc désengagé. Ce dernier reviendra pourtant pour "Opération Tonnerre" (1965), tandis que pour le remplacer le choix s'est posé sur le réalisateur Guy Hamilton qui lui reviendra ensuite pour "Les Diamants sont Eternels" (1971) toujours avec Sean Connery, puis pour "Vivre et Laisser Mourir" (1973) et "L'Homme au Pistolet d'Or" (1974) tous deux avec Roger Moore dans la peau de 007. Au scénario, on retrouve Richard Maibaum et Joanna Harwood déjà auteurs des deux précédents, cette fois assisté en partie de Paul Dehn qui enchainera avec un autre espion dans "L'Espion qui venait du Froid" (1965) de Martin Ritt et qui signera plusieurs films de la saga de "La Planète des Singes" (1970-1971-1972)...

007 est chargé d'en savoir plus sur le fortune d'un certain Auric Goldfinger mais cette mission qui semble plutôt simple va surtout montrer à Bond qu'il ne faut jamais sous-estimer un adversaire... Sean Connery reprend son rôle de James Bond et retrouve ses camarades du MI6 dont Loïs Maxwell/Moneypenny, Benard Lee/"M" et Desmond Llewelyn/"Q". Le grand méchant, qui devait être Orson Welles s'il n'était pas si cher, est finalement incarné par l'acteur allemand Gert Fröbe en core peu connu mais qui retrouve Sean Connery après le tournage de "Le Jour le plus Long" (1962) de Darryl F. Zanuck, et qu'en France on connait bien aussi après l'avoir vu dans "Cent Mille Dollars au Soleil" (1964) de Henri Verneuil et "Paris Brûle-t-il ?" (1966) de René Clément. On peut citer le bras droit de ce dernier joué par Harold Sakata qui avait été médaillé d'argent en haltérophilie aux JO 1948. Mais 007 ne serait rien sans ses James Bond Girls avec Tania Mallet cousine de Helen Mirren, mais surtout avec Honor Blackman alias Pussy Galore vue juste avant dans "Jason et les Argonautes" (1963) de Don Chaffey et qui venait de connaître une vraie popularité avec la série TV "Chapeau Melon et Bottes de Cuir" (1964) ; d'ailleurs il est amusant de constater que d'autres acteurs de cette série culte croiseront 007, Diana Rigg et Joanna Lumley seront les girls dans "Au Service Secret de sa Majesté" (1969) de Peter Hunt (qui avait été assistant réalisateur sur les trois précédents), tandis que Patrick MacNee sera dans "Dangereusement Votre" (1985) de John Glen... Le film débute par un pré-générique déconnecté l'intrigue principale du film, ce qui sera ensuite une promesse suivie dans chaque film suivant. Idem pour la chanson, ici chantée par Shirley Bassey et qui sera un tube au succès énorme, qui sera une tradition de la saga.

Le film est d'ailleurs un film à part dans la saga à bien des égards. Ainsi, pour les besoins du tournage il a fallu reconstituer à l'identique le Fort Knox ce qui a donné les décors les plus chers de l'histoire à l'époque mais, en retour, au vu du succès du film l'investissement a été remboursé en seulement deux semaines (3 millions de dollars) entrant alors dans le Guinness des records comme étant le film ayant eu le démarrage le plus rapide de l'histoire du cinéma (toujours à l'époque !). Le film est aussi le premier film où est utilisé un laser, le premier de la saga à obtenir un Oscar (à Norman Wanstall pour les meilleurs effets sonores). Alors que la grande partie du film se déroule aux Etats-Unis l'acteur Sean Connery ne s'y rendit jamais, on peut remarquer que "Goldfinger" est aussi un des films le moins international et le moins exotique de la saga. Le film a une collection de particularités qui font que cette épisode est un des plus singuliers. On apprécie le kitsh du désormais culte chapeau melon de Oddjob utilisé comme un freesbee au bord comme des lames de rasoir mais, évidemment, le plus culte reste la collection de gadgets réunis dans un bolide, la célèbre Aston Martin DB5 devenue un symbole de 007 par delà les générations. Plus qu'un film d'espionnage l'intrigue aborde plus le film de braquage ce qui change encore les habitudes de la saga. Certains passages ont été difficiles à tourner, notamment l'exécution au gaz qui a particulièrement gêné Gert Fröbe en raison de son passé nazi. La photographie est belle et donne au film une cohérence avec "Bons Baiser de Russie" au niveau esthétique. "Goldfinger" demeure un des meilleurs opus de la saga tant il offre à la fois une intrigue un peu hors canevas habituel et qui pourtant installe plusieurs paramètres historiques inhérents à 007. Un excellent moment.

Note :