[FUCKING SERIES] : I Am Not Okay With This saison 1 : Wonderfull Sydney

[FUCKING SERIES] : I Am Not Okay With This saison 1 : Wonderfull Sydney(Critique - avec spoilers - de la saison 1)

Plus encore qu'une CW qui en avait fait son fond de commerce en déclinant le genre sous presque toutes ses formes possibles, Netflix a prouvé avec plus ou moins de finesse, qu'elle brossait dans le sens du poil son public adolescent; quitte à maladroitement épouser le phénomène YA de la littérature en adaptant tout et n'importe quoi.
Du mélodrame parfois vibrant virant peu à peu au WTF-esque (13 Reasons Why, The End of The F***ing World,...), à la satire lycéenne (Elite, Insatiable,...), en passant par la comédie attachante (On My Block, Atypical, Anne With the E, Sex Education, Everything Sucks !,...), la dystopie (Daybreak, Dark, The Rain,...) ou même le trip surnaturelle très référencé (Les Aventures de Sabrina, Locke and Key mais surtout Stranger Things); Netflix a tout abordé, mais n'en a pas pour autant fini de chouchouter son auditoire.

[FUCKING SERIES] : I Am Not Okay With This saison 1 : Wonderfull Sydney

Copyright Courtesy of Netflix


Balancé ce week-end en même temps que le doux teen movie dramatico-romantique Tous nos jours parfaits de Brett Haley, I Am Not Okay With This, adapté du roman graphique éponyme de Charles Forsman, joue sur le même terrain que Stranger Things, à ceci près qu'elle embrasse avec plus de fougue les fondements même du genre instauré par feu John Hughes, pour mieux incarner une merveille de cocktail détonnant entre la comédie irrévérencieuse et le drame intime et bouleversant sur la douleur émotionnelle qui gravite autour de l'adolescence; le tout saupoudré d'une touche saine et mesurée de fantastique et de mystère renforçant son aura captivante.
Chapeautée par Jonathan Entwistle et Christy Hall (ils sont au scénario et à la réalisation de plusieurs épisodes) et articulée autour d'une poignée d'épisodes- sept - d'à peine 25-30 minutes (soit le format parfait pour un tel show, que Netflix devrait appliquer à quasiment toutes ses créations), on suit les aléas dans un petit bled paumé de Pennsylvanie, de Sydney Novak (Sophia Lillis, absolument parfaite) traverse une belle période merdique : son père s'est suicidé il y a moins d'un an, sa meilleure - et seule - amie, Dina est en couple avec le roi des connards, Brad, sa mère bosse tellement qu'elle doit prendre soin seule de son petit frère excentrique, et pour couronner le tout, elle connaît des attaques de panique inexpliquées qui conduisent à des explosions télékinétiques qui brisent les choses autour d'elle.
Tout ou presque, pour qu'elle emmagasine un maximum de rage et qu'elle implosé de l'intérieure.

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Narrée au travers du personnage de Sydney, et notamment au travers de diverses entrées de son journal intime (imposé par son conseiller d'orientation), fournissant une structure narrative solide et un rapport émotionnel puissant (ce qu'elle ressent est un véritable livre ouvert), le show calque son rythme sur les hauts et les bas de la jeune fille, une héroïne sensible, troublée, incomprise et surtout terrifiée par ses attaques de panique destructrices (ses émotions couplé au traumatisme refoulé du suicide de son père, se développent en elle de manière incontrôlable); une ado d'aujourd'hui qui doit composer avec une multitude de facteurs complexes (une anxiété constante, l'isolement social et intime, une sexualité naissante, des amitiés compliquées,...), et qui ne peut qu'humainement imploser.
Un parti-pris louable puisqu'il renforce merveilleusement notre empathie pour elle même si, du coup, dans le sens inverse, il laisse un brin sur le carreau tous les personnages gravitant autour d'elle, et dont on ne sait au fond que ce qu'elle a bien voulu nous dévoiler d'eux (même si le personnage de Stan, parvient sans peine à tirer son épingle du jeu avec le peu qu'on lui donne).
Sans crier gare, et avec une justesse folle, I Am Not Okay With This réinvente l'image même du superhéros, sans jamais l'aborder frontalement.

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Un show qui par le prisme d'une héroïne moderne et de ses explosions psychiques démesurées, parle avant tout et surtout de la difficulté d'être soi-même.
Une mécanique étonnante et hautement séduisante, qui joue admirablement sur le fil tenu de la série YA cochant toutes les cases d'un cahier des charges communs à ses " concurrentes " directes (ados plus ou moins représentatifs de la société et aux maux existentiels, bande originale finement choisie, références appuyées à la pop-culture,...), tout en s'émancipant de la comparaison facile par une émotion authentique qui sonne toujours vraie; un coeur et une âme qui transpirent de tous les pores de son cadre et rend cette coming of age story surnaturelle unique, mais surtout immanquable.
Mieux, même sans ses élans surnaturelles, qui servent l'intrigue et non l'inverse (un exemple que devrait prendre Stranger Things pour l'avenir), la série fonctionnerait tout autant voire même plus encore, c'est dire aussi bien sa réussite que son potentiel incroyable pour l'avenir.
Si elle garde ce même leitmotiv, et qu'elle fixe toujours autant sa caméra sur la grande (oui, elle l'est déjà) Sophia Lillis, I Am Not Okay With This devrait avoir de (très) beaux jours devant elle... et c'est tant mieux.
Jonathan Chevrier 

[FUCKING SERIES] : I Am Not Okay With This saison 1 : Wonderfull Sydney