L’OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL (Critique)

Par Cliffhanger @cliffhangertwit

SYNOPSIS: Sam Dalmas, un écrivain américain de passage à Rome, assiste à l'agression d'une jeune femme. Déclaré témoin oculaire par la police, Dalmas décide d'effectuer ses propres recherches.

L'oiseau au plumage de cristal, seconde adaptation du roman de Frederic Brown, réalisée en 1970, est le premier film de Dario Argento. Le réalisateur italien s'immisce grâce à ce film dans la mouvance du giallo, créée par Mario Bava sept ans plus tôt avec La fille qui en savait trop. Ce mouvement cinématographique est reconnaissable de deux manières. Tout d'abord, le récit tourne autour d'une enquête policière dans le style whodunnit avec une révélation à la toute fin du film. Ensuite le style coloré emprunte au baroque avec par exemple des meurtres sanglants stylisées à outrance à la limite du grand guignol. On considère que la grande période du giallo se déroula entre 1963 et 1980 et Dario Argento fût un des maîtres étalons du genre grâce notamment à sa trilogie animale. L'oiseau au plumage de cristal reprend les codes du film de Bava. Sam Dalmas, un italien vivant aux États-Unis et de passage en Italie, est le témoin d'une tentative d'assassinat. Il devient un témoin gênant et se voit lui même poursuivi par le tueur (dans le film de Bava, c'est une américaine en visite à Rome, témoin du meurtre de sa grand-mère, qui devient la cible du tueur). Pour interpréter cet écrivain américain, le réalisateur fit appel au charismatique Tony Musante qui ne connut pas une carrière mémorable. On peut l'apercevoir dans deux réalisations de James Gray : The Yards et La Nuit nous appartient. Le réalisateur ne tourne pas autour du pot dès le générique de début avec la présentation du tueur tout de cuir vêtu qui photographie ses futurs victimes dans la rue, écrit une description rapide à la machine à écrire puis les égorge au couteau. Le décor est planté, le malaise peut commencer.

C'est bien dans les scènes de meurtres qu' Argento déploie tout son talent de metteur en scène appuyé par la musique d' Ennio Morricone. Alternant le plan large, les plans fixes sur des parties du corps, la caméra subjective, le réalisateur fait monter la pression et le malaise par son côté ultra fétichiste (le tueur est donc tout de cuir vêtu et il attaque des jeunes filles). Mais le vrai génie du réalisateur italien est de nous placer dans la peau du personnage principal : il n'est pas policier et pourtant c'est bien lui qui décide de mener l'enquête. Il fait ressortir le petit détective qui sommeille en chacun de nous. D'autant qu'il a lui-même assisté totalement par hasard (hommage au maitre du suspense Hitchcock, on peut forcément y penser), à la scène de tentative d'assassinat emprisonné qu'il était entre ces deux vitres de la galerie d'art où se déroulait le crime.

Argento fait marcher notre mémoire et notre attention de spectateur car cette scène sera déterminante pour la suite du récit. Dalmas nous dit lui-même que quelque chose a du lui échapper. Comme un vrai professionnel, il enquête sur les différents crimes du tueur en rencontrant l'entourage des différentes victimes. Il est toujours amusant de voir les technologies utilisées à l'époque pour aider la police dans la résolution des crimes. On peut ainsi admirer ces énormes ordinateurs utilisés par le Q bondien italien.

Pendant ce temps, la menace du tueur rôde en permanence autour de Sam et de ces filles innocentes et dénudées. En effet, une des caractéristiques du giallo est que le tueur fétichiste s'attaquent à de fortes jolies femmes très peu vêtues. Argento sexualise très fortement le corps féminin, la libération des mœurs de l'époque jouant pour beaucoup dans cette façon de procéder. La révélation du film est plus que surprenante et fera le bonheur des amateurs de tout bon whodunnit. Ce film restera donc un vrai somment du genre puisqu'il inspirera de nombreux films par la suite plus ou moins réussis.

Titre Original: L'UCELLO DALLE PLUME DI CRISTALLO

Réalisé par: Dario Argento

Casting : Tony Musante, Suzy Kendall, Enrico Maria Salerno ...

Genre: Drame, Thriller

Sortie le: 20 juin 1971

Distribué par: -

TRÈS BIEN