Réalisatrice : Cathy Yan
Acteurs : Margot Robbie, Mary Elizabeth Winstead, Ewan McGregor, Jurnee Smollett-Bell, Chris Messina, Rosie Perez,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min.
Synopsis :
Vous connaissez l'histoire du flic, de l'oiseau chanteur, de la cinglée et de la princesse mafieuse ?
Birds of Prey (et la Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn) est une histoire déjantée racontée par Harley en personne – d'une manière dont elle seule a le secret. Lorsque Roman Sionis, l'ennemi le plus abominable – et le plus narcissique – de Gotham, et son fidèle acolyte Zsasz décident de s'en prendre à une certaine Cass, la ville est passée au peigne fin pour retrouver la trace de la jeune fille. Les parcours de Harley, de la Chasseuse, de Black Canary et de Renee Montoya se télescopent et ce quatuor improbable n'a d'autre choix que de faire équipe pour éliminer Roman…
Critique :
Pop-corn movie régressif et punchy, visuellement soigné et subtilement féministe tout autant qu'il est sombre et savoureusement jubilatoire, #BirdsOfPrey est une virée décomplexée et survoltée au féminin, assumant totalement son penchant cartoonesque et foutraque. Jolie surprise. pic.twitter.com/aEelxz4t9V— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) February 5, 2020
À une heure ou le genre super-héroïque est totalement vampirisé par une " méthode " MCU de plus en plus policé et ne laissant place à aucune fantaisie - ni même de sortie de route -, il y a quelque chose de profondément enthousiasmant à voir la Warner et son Worlds of DC, qui a justement voulu pendant un temps, calquer ce modèle et boxer dans la même catégorie, partir dans tous les sens et s'autoriser tous les excès possibles, même les plus improbables, avec pour seul ligne directrice d'opérer des casses visant autant à contenter son auditoire qu'à faire mal (surtout) à la concurrence.
Si le récent Joker de Todd Phillips a tout de l'entité unique qui crédibilise pourtant fortement ce nouveau mojo de production, Birds of Prey de Cathy Yan lui, laissait intimement présager un retour dans le rang assez logique si ce n'est essentiel, tant il est nécessaire pour la firme de brasser large pour justement, tenter de ci, de la quelques coups artistiques.
Rien de bien dommageable sur le papier, tant que le contenu final se situait plus du côté des divertissants Wonder Woman et Shazam, des hits ayant leurs identités propres (et non pollués par celle d'un tout plus important), plus que des ratages mignons - pour être poli - Suicide Squad et Justice League, plus mauvais exemples de cette dispersion artistique.
Si sa campagne rappelait - et pas forcément dans le bon sens du terme - le film de David Ayer dont il est officiellement le spin-off (son spectre malade n'hante finalement pas plus que cela le métrage), fort heureusement, Birds of Prey (et La Fantabuleuse Histoire de Harley Quinn), qui ne ment absolument pas sur la marchandise - c'est un film seulement et uniquement sur l'héroïne -, offre une rédemption au personnage mais surtout la possibilité de pleinement s'exprimer sans être la caution " sensuelle " d'un blockbuster sans âme, boursouflé par son manque cruel d'ambition et ses parti-pris scénaristiques ahurissants de bêtise.
Véritable entreprise de réhabilitation passablement non-linéaire et résolument barré, la péloche est un pur délire régressif et cartoonesque abrutissant, qui assume tout du long sa légèreté et son envie de respecter au pied de la lettre la psyché de ce qui est, sans l'ombre d'un doute, l'un des personnages les plus fascinants du Gotham-verse.
Quasiment de tous les plans, Queen imprime tellement tous les bordures de la pellicule qu'elle opère quelque chose de totalement inédit au coeur du Worlds of DC jusqu'à présent : être l'anti-héroïne d'une oeuvre pop strictement à son image, soit colorée, délurée, explosive et profondément burlesque.
Une bulle de fun et de folie pure tout droit échappée d'un Tex Avery - comme Deadpool, en résolument moins potache - à la narration jamais vraiment fiable (son seul point commun avec Joker d'ailleurs), tournée comme une odyssée Bis frénétique et friquée ayant la bonne idée de ne jamais se prendre au sérieux, et de faire la part belle à des scènes d'action franchement badass, portés par un savoir-faire certain au niveau des chorégraphies et de la mise en scène inventive (merci Chad Stahelski, dépêché à la dernière minute).
Punchy jusqu'au bout de ses bobines - et même parfois étonnamment violent -, iconisant à mort sa vedette titre au détriment des autres personnages, presque anecdotiques, Birds of Prey n'est au final victime que de son immense générosité, et du charisme hallucinant d'une Margot Robbie qui cabotine joyeusement jusqu'à l'excès (une performance XXL aussi bien physiquement que vocalement, dans ses qualités - nombreuses - comme dans ses défauts, elle est investie commejamais auparavant).
Bordélique à souhait, plus fantabuleux que Birds (Black Canary et Huntress font limite de la figuration, le film leur préférant nettement plus leur statut civil), n'exploitant jamais assez ses deux vilains (Ewan McGregor est menaçant et enjoué mais bien trop bavard en Black Mask tandis que Chris Messina en Victor Zsasz, est excellent), jouant continuellement la carte du jukebox MTV côté B.O. (à tel point que l'on défit quiconque ressortir un titre marquant de la partition de Daniel Pemberton) et mené tout du long à un rythme effréné, la péloche pourra en éreinter plus d'un, même s'il est totalement inconcevable de lui reprocher de ne pas être constamment cohérent avec lui-même et son personnage titre.
Pop-corn movie régressif et jubilatoire, visuellement soigné et subtilement féministe (une joie de voir des héroïnes credibilisées et non automatiquement sexualisées à outrance à l'écran, prônant la solidarité et l'entraide plus que tout autre chose) tout autant qu'il est savoureusement barré et étonnamment sombre (voire même violent), Birds of Prey est un récit d'émancipation féminine frappadingue, une virée décomplexée, drôle et pétillante au féminin, assumant totalement son penchant cartoonesque et foutraque aussi bien que sa volonté survolté d'incarner sa propre note au sein d'une symphonie DC qui brille par son désir de ne jamais piquer les écoutilles de son auditoire avec le même disque rayé.
Tout n'est pas toujours parfait au sein du Worlds of DC, mais c'est sans doute ce qui le rend - pour le moment - franchement awesome à redécouvrir à chaque nouveau film.
Jonathan Chevrier