Le tueur

Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le tueur » de Denys De La Patellière.

Le_tueur

« On m’a dit qu’ici il y a du soleil. Dommage que je ne sorte que la nuit »

Le commissaire Le Guen a fait mettre à l’ombre un tueur d’élite, Georges Gassot. Celui-ci risque les Assises, la réclusion à vie ou l’établissement psychiatrique et l’impunité selon les conclusions de l’enquête. Ici s’affrontent deux visions de la police : Le Guen, un flic, un vrai Vidocq que rien n’arrête pour empêcher de nuire les tueurs du genre Gassot, et Tellier, nouveau patron de la Sûreté Nationale qui pratique une police scientifique où l’ordinateur remplace l’indicateur…

« Les aveux, ça vaut pas des preuves. Mais les preuves, ça prend parfois du temps »

Le_tueur_Jean_Gabin

Né un an après Eric Rohmer, Denys De La Patellière aurait pu être le grand frère de la génération de la Nouvelle-Vague qui fera ses débuts une poignée d’années après lui. Mais cet aristocrate, ancien résistant qui a fait ses classes aux côtés des cinéastes Maurice Labro et René Le Henaff sera – aux côtés d’une poignée d’autres jeunes réalisateurs comme Robert Enrico, Georges Lautner ou Pierre Granier-Deferre – l’un des derniers héritiers d’une certaine tradition de cinéma classique et populaire. Réalisateur d’une vingtaine de films entre 1955 et 1973, sa filmographie peut ainsi se décomposer en deux parties assez distinctes : la première étant consacrée à des drames centrés sur la question de la filiation, de la transmission et de l’héritage (« Les aristocrates », « Les grandes familles », « Rue des prairies », « Le bateau d’Émile ») tandis que la seconde sera davantage vouée à des grosses productions très « grand public » (« Un taxi pour Tobrouk », « Du rififi à Paname », « Caroline Chérie » ou encore « Le tatoué »).

« Pour traquer des assassins toute sa vie, il faut être un peu dingue soi-même »

Le_tueur_Fabio_Testi

Avant-dernière réalisation du réalisateur pour le cinéma, « Le tueur » (1972) s’inscrit clairement dans la seconde catégorie. Six années après « Du rififi à Paname », De La Patellière renoue ainsi avec l’univers du polar, genre dans lequel il s’aventurera il est vrai assez peu. On y suit ainsi l’évasion puis la traque de l’ennemi public numéro un à travers l’hexagone. Mais contre toute attente, ce n’est pas tant le personnage du tueur qui passionne ici le cinéaste. D’ailleurs, nous ne saurons que peu de choses sur son passé et ses motivations (tout juste un tract montré par le chef de la police laisse sous-entendre que le tueur pourrait être lié aux milieux révolutionnaires d’extrême-gauche qui agitent alors l’Europe). De La Patellière préfère en effet s’intéresser aux méthodes d’investigation utilisées par la police (ici, l’idée astucieuse de la marque de cigarettes) et surtout aux rivalités que cette traque suscite parmi les chefs de la police, donnant notamment lieu à un affrontement entre briscard de la vieille école (aux méthodes éprouvés mais efficaces sur le long terme) et partisan des méthodes modernes mu par une volonté de résultat rapide. S’il n’est pas loin s’en faut le polar le plus mémorable de son époque, « Le tueur » donne néanmoins lieu à un savoureux face-à-face entre Jean Gabin et Bernard Blier. Il offre surtout un formidable témoignage visuel sur les grandes transformations urbaines du Paris des années 70, montrant notamment les chantiers en cours de Montparnasse et des Halles.

Le_tueur_Bernard_Blier

**

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en 4K à partir du négatif original par TF1 Studio avec la participation du CNC et de Coin de Mire Cinéma, en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « séance complète », le film sera précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et de bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode « film seul », « Le tueur » se lancera directement.

Edité par Coin de Mire, « Le tueur » est disponible depuis le 14 octobre 2019 dans une très belle édition Digibook, limitée à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.

Le_tueur_Digibook

Le site Internet de Coin de Mire est ici.