1917 (2020) de Sam Mendes

De "American beauty" (1999) à (2015) en passant par "Les Noces Rebelles" (2008) et (2012) sans oublier le film de guerre "Jarhead" (2006), Sam mendes a prouvé qu'il était un des plus grands cinéastes de ces 20 dernières années. Cette fois il délaisse le franchise James Bond qu'il a su redynamiser, pour s'inspirer de l'expérience de son propre grand-père d'après son livre "The Autobiography of Alfred H. Mendes 1897-1991" (2002). Le cinéaste précise : "La première fois que j'ai compris la réalité de la guerre, c'est quand mon grand-père m'a raconté son expérience de la Première Guerre mondiale. Le film ne relate pas l'histoire de mon grand-père, mais s'attache plutôt à évoquer son esprit - ce que ces hommes ont subi, leurs sacrifices, et leur foi en quelque chose qui les dépassait. Nos deux protagonistes doivent participer à une mission périlleuse les conduisant à passer en territoire ennemi afin de livrer un message vital et de sauver ainsi 1600 soldats : notre caméra ne les lâche jamais. Je voulais m'attacher à chacun de leurs pas et sentir leur souffle, et mon chef-opérateur Roger Deakins et moi-même avons discuté de notre envie de tourner 1917 de la manière la plus immersive possible. Nous avons conçu le film pour projeter le spectateur dans ce que nos deux jeunes héros ont vécu. C'est le projet le plus enthousiasmant de ma carrière." Sam Mendes a co-signé le scénario avec Krysty Wilson-Cairns auteur sur la série Tv "Penny Dreadful" (2016) et bientôt crédité sur le film "Last Night in Soho" (2020) de Edgar Wright...

1917 (2020) de Sam Mendes

Une journée de 1917, sur le front, deux jeunes soldats se voient assigner une mission de la dernière chance : prévenir à temps un officier d'annuler une attaque qui s'avère attendue et voulue par l'ennemi. L'un des deux soldats est particulièrement investi, son frère aîné étant dans la section qui doit justement tomber dans le piège tendu par les allemands... Les deux soldats en mission sont incarnés par deux jeunes acteurs, George McKay déjà remarqué dans "Captain Fantastic" (2016) de Matt Ross et "Le Secret des Marrowbone" (2018) de Mario G. Sanchez, puis Dean-Charles Chapman vaperçu dans la série TV "Game of Thrones" (2013-2016) et vu récemment dans (2019) de David Michôd. Ils sont entourés d'acteurs plus expérimentés dans des seconds rôles, Richard Madden également vu dans la série TV "Game of Thrones" (2001-2013) et dernièrement dans (2019) de Dexter Fletcher, puis les acteurs Mark Strong, Colin Firth et Benedict Cumberbatch qui se retrouvent tous les trois après (2012) de Tomas Alfredson, Strong et Cumberbatch après "Imitation Game" (2014) de Morten Tyldum, et rappelons que Cumberbatch retrouve les tranchées de 14-18 après "Cheval de Guerre" (2012) de Steven Spielberg (dont les deux films se partagent d'ailleurs le même conseiller militaire, Andrew Robertshaw)... Evidemment, on pense aussi un peu à "Il Faut Sauver le Soldat Ryan" (1998) de Steven Spielberg, dans le genre mission suicide mais le film de Spielberg reste sur un point de départ complètement invraisemblable, tandis que Mendes offre lui un départ plus plausible, soit risquer la vie de 2 soldats pour en sauver des centaines, plutôt que l'inverse.

1917 (2020) de Sam Mendes

La première singularité du film est que le producteur-réalisateur-scénariste Sam Mendes a tourné son film comme un unique plan séquence de près de 2h pour raconter ce périple d'une journée particulière. En vérité il s'agit de plusieurs grands plans séquences montés de telle façon qu'on a l'impression que la caméra ne lâche jamais nos deux héros. Mais ce système est loin d'être innovant, on peut ainsi citer des films comme (1948) de Alfred Hitchcock ou "Snake Eyes" (1998) de Brian De Palma, ce qui ne gâche en rien la gageure d'un tel parti pris ! En effet, on reste bluffé par le concept où on suit les deux soldats à travers les tranchées, le no man's land, le front depar et d'autre sans discontinuer. Par là même on reste ébloui par les décors et les paysages dans une reconsitution méticuleuse et fascinante, à une exception près ; on peut en effet tiquer sur la première partie où on reste perplexe par les Tommies (équivalent britanniques de nos poilus) qui sont tous bien rasés, qui sont en uniformes bien propres et dans des conditions un peu trop aseptisés, ce qui est bien paradoxal dans le contexte infernal des tranchées de 14-18. On s'interroge aussi rapidement sur le pourquoi du comment vis à vis de la stratégie allemande, mais ensuite on reste happé par le récit, tendu et prenant à chaque instant tant on est proche de ces deux soldats. En prime il faut saluer la photographie signée d'un des maîtres en la matière, Roger Deakins qui a déjà collaboré à plusieurs reprise avec Sam Mendes. Ce dernier compose également quelques passages dantesques comme la poursuite dans les ombres d'une ruine ou la course au milieu d'une charge de fantassins. Un film qui aurait gagné à être moins "esthétiquement beau" jusque dans les tranchées, on aurait aimé un côté plus viscéral mais Sam Mendes signe un film magnifique, touchant, empreint d'un certain onirisme. Un bel hommage aux héros de 14-18. Le premier vrai beau et bon film 2020.

Note :

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