Le daim

Un grand merci à Diaphana pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le daim » de Quentin Dupieux.

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« Oh le look de malade ! »

Georges, quarante-quatre ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet… Venu se perdre pour quelques jours dans un village de montagne, le mystérieux Georges, qui semble en perte de vitesse, s’achète un vieux blouson en daim. Commence alors pour lui une chevauchée étrange et meurtrière. Son blouson lui révèlerait-il sa véritable personnalité ?

« Tu veux connaitre mon rêve le plus cher Georges ? C’est d’être le seul blouson au monde »

Le_daim_Jean_Dujardin

Ex-pointure de la musique électronique sous le pseudo de « Mr. Oiso », Quentin Dupieux mène depuis le début des années 2000 en parallèle à ses projets musicaux une carrière de réalisateur, résolument tournée vers le cinéma expérimental (« Steak », « Rubber », « Wrong »). C’est à partir de 2014 et « Réalité » qu’il abandonne progressivement l’expérimentation pour se tourner vers le bizarre. Une évolution qui a permis de rendre à l’évidence son cinéma plus accessible. Mais plus encore, le cinéma de Dupieux se caractérise par un intérêt pour des personnages en proie à des crises de folies. On se souvient ainsi du héros sociopathe de « Steak », de la confusion mentale du héros de « Réalité » qui perdait progressivement toute notion du réel, ou encore de la paranoïa du héros du très kafkaïen « Au poste ! ». Avec « Le daim », on suit cette fois la fuite en avant d’un personnage qui perd pied, se retrouvant prisonnier d’un délire obsessionnel et fétichiste pour son blouson en daim.

« On va quand même pas laisser tous ces connards nous empêcher de réaliser notre rêve ? »

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Comme si au fond cet accessoire vestimentaire au demeurant assez ringard agissait sur lui telle une armure maléfique qui le pousserait à s’inventer un autre personnage, plus charismatique et conquérant qu’il ne l’a jamais été (en l’occurrence un réalisateur de cinéma), seul capable de mettre sa folle revanche sur le monde à exécution. Véritable plongée décadente dans la folie d’un homme, « Le daim » est un conte loufoque sur le dédoublement de personnalité, le héros se métamorphosant progressivement en tueur en série brutal à mesure qu’il se pare tout entier de sa matière fétiche. Mais comme toujours chez Dupieux, la dinguerie et la bizarrerie riment avec second degré. A l’image de l’univers loufoque dans lequel évoluent les personnages (cet hôtel un peu glauque où le veilleur de nuit se suicide). Et l’épopée meurtrière de Georges se révèlera au final aussi violente que drôle, tant sa sauvagerie est en décalage avec l’absurdité de ses motivations (en l’occurrence la volonté que tout le monde renonce à porter un blouson). De loin, c’est aussi une critique de l’absurdité du monde et de cette quête permanente d’images sensationnalistes, quitte à les fabriquer de toutes pièces. Une nouvelle fois, le charismatique Jean Dujardin excelle dans ce rôle d’illuminé un peu bas de plafond. Il forme d’ailleurs avec Adèle Haenel un tandem aussi redoutable que barré.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale française (5.1 et 2.0) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’un Commentaire audio de Quentin Dupieux et Jean Dujardin ainsi que d’une Bande-annonce.

Edité par Diaphana, « Le daim » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 5 novembre 2019.

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