Sacramento

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Sacramento » de William C. McGann.

Sacramento

« Il te mange dans la main mais gare à ce qu’il ne finisse pas par te la mordre »

Originaire de Boston, Tom Craig entend bien ouvrir une pharmacie à Sacramento, la ville la plus bouillonnante de Californie. À peine arrivé et le voilà déjà dans le collimateur de Britt Dawson, l’un des maîtres de la ville. Tom n’est cependant pas homme à se laisser intimider, trouvant en la fiancée même de son ennemi une alliée. Rancunier, Dawson monte un plan pour lui voler les médicaments indispensables à la survie de chercheurs d’or atteints de la typhoïde…

« M’associer avec vous ? Je prends le risque ! »

Sacramento_John_Wayne

Étonnante carrière que celle du réalisateur William C. McGann. En effet, celui-ci débuta comme directeur de la photographie dès la fin des années 10, travaillant notamment avec Buster Keaton, avant de devenir réalisateur à la faveur des années 30. Là, durant douze années, il sera un habile et prolifique faiseur de films noirs pour le compte de la Warner, privilégiant les formats assez courts d’une soixantaine de minutes (« Two against tomorrow », « L’ile du diable »). Mais alors que sa carrière bat son plein, il décide de son propre chef de renoncer à la réalisation en 1942 pour se consacrer aux effets spéciaux. Commencera dès lors pour lui une troisième carrière qui le verra collaborer avec des réalisateurs prestigieux comme Raoul Walsh (« La vallée de la peur », « La fille du désert »), John Huston (« Le trésor de la Sierra Madre », « Key Largo »), Howard Hawks (« Le grand sommeil ») ou encore Jean Negulesco (« Johnny Belinda »).

« Tuer un homme de face, c’est honnête. L’empoisonner, c’est lâche ! »

Sacramento_Albert_Dekker

En 1942, il réalise avec « Sacramento » l’un de ces derniers films. Et son premier western. Pour l’occasion, il dirige John Wayne, ancien acteur de série B devenu une vedette de premier plan grâce à ses collaborations avec John Ford (« La chevauchée fantastique », « Les hommes de la mer »), Henry Hathaway (« Le retour du proscrit ») ou encore Cecil B. DeMille (« Les naufrageurs des mers du sud »). Mais alors qu’il est déjà l’incarnation de l’archétype du cow-boy viril et droit dans ses bottes, McGann s’amuse ici à utiliser John Wayne à contre-emploi en lui donnant le rôle d’un pied-tendre débarquant dans l’ouest sauvage tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Pour le coup dépourvu de son colt, son personnage de pharmacien érudit et buveur de lait (sic) venu de la grande ville n’aura à opposer à la rudesse de ses hôtes que ses bonnes manières. Ce qui donnera lieu à des confrontations assez cocasses. On l’aura compris, avec « Sacramento », William C. McGann reprend à son compte tous les codes du western (le bad guy cynique qui tyrannise la petite ville avec sa bande, l’opposition entre la pimbêche vertueuse et l’entraineuse du saloon au grand cœur, les séquences de bagarres générales empruntées à Ford) pour les mettre au service d’un divertissement grand public où la légèreté est de mise. A l’image de la matrone qui dépend son linge en faisant sauter les pinces au revolver. Les spectateurs qui s’attendraient à découvrir un western sérieux et dur seront peut-être déçus. Les autres, dont l’auteur de ces quelques lignes fait partie, passeront un moment de divertissement agréable et joyeux.

Sacramento_Binnie_Barnes

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Patrick Brion.

Edité par Sidonis Calysta, « Sacramento » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 25 janvier 2020.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.