Manhattan Lockdown (2020) de Brian Kirk

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Il s'agit seulement du second long métrage pour Brian Kirk après "Middletown" (2006), depuis il a essentiellement signé des épisodes de séries TV multiples de "Donovan" (2004) à "Penny Dreadful" (2015) en passant par "Les Tudor" (2007), "Dexter" (2009) et "Game of Thrones" (2011). Le scénario est signé de deux scénaristes, le méconnu Adam Mervis dont le titre de gloire se résume à l'obscur "Gladiators" (2012) de Jason Connery, et surtout Matthew Carnahan à qui on doit (2013) de Marc Forster et (2016) de Peter Berg. Le projet est produit par les frères Russo, célèbre comme étant les réalisateurs-producteurs des meilleurs Marvel, ils connaissent donc parfaitement leur acteur vedette Chadwick Boseman (également co-producteur) devenu une star depuis "Black Panther" (2018) de Ryan Coogler...

Après un braquage qui tourne mal deux voyoux tuent plusieurs policiers et s'enfuient avec 50kg de drogue pure, ce qui n'était pas prévu comme ça. Sur l'affaire on place le lieutenant Andre Davis connu pour pour avoir la détente facile. Bientôt l'île de Manhattan est bouclée et la traque commence avec toutes les polices aux trousses des deux tueurs de flics... Le lieutenant en charge de l'enquête est évidemment incarné par Chadwick Boseman qui avait déjà joué un flic singulier l'excellent "Message from the King" (2017) du frenchy Fabrice de Welz. Il lui ait imposé une collègue des stups interprétée par la jolie Sienna Miller vue récemment dans "American Woman" (2019) de Jake Scott. Le chef du district est joué par le toujours très bon J.K. Simmons vu aussi bien chez DC que chez Marvel avec "Justice League" (2017) de Zack Snyder et "Spider-Man : Far From Home" (2019) de Jon Watts. Et enfin, les deux tueurs de flics sont incarnés par Stephan James remarqué dans les rôles principaux de "La Couleur de la Victoire" (2016) de Stephen Hopkins et "Si Beale Street pouvait parler" (2019) de Barry Jenkins, puis Taylor Kitsh has been et presque oublié depuis "Du Sang et des Larmes" (2014) de Peter Berg, vu uniquement dans "American Assassin" (2017) de Michael Cuesta depuis ces 5 dernières années... Boseman incarne un flic badass, au début on pense à un Harry Callahan/Eastwood mais il va s'avérer bien plus professionnel déontologiquement parlant malgré un lourd passif façon pas de chance. L'intrigue démarre sur les chapeaux de roue avec une fusillade impressionnante avant que la chasse à l'homme ne commence. Le premier défaut du film est de faire du héros un Columbo à la science infuse (dingue comment il sait direct comment tout s'est déroulé lors de la fusillade !). Mais ensuite le récit s'emballe pour ne plus nous lâcher une seconde. Un rythme effréné sans pour autant délaisser une intrigue bien fichue et un rebondissement bien amené même si le suspens est un peu en carton pâte.

On peut un peu tiquer sur des passages plus ou moins incohérents, et encore, notre Andre Davis vient d'un autre service, on est sur le secteur de la brigade 85, il y a le FBI... etc... Et Manhattan fait 1,7 millions d'habitants sur un New-York de 8,7 millions, et vu le système américain on sait que la séparation entre des centaines de services différents peu impliqués "certains secrets". Brian Kirk use d'une mise en scène musclée mais pas bourrine, plutôt inspirée avec des fulgurances dans les scènes d'action qui font leur effet. Flic implacable et sans concession Andre Davis réfléchit pourtant avant de tirer, il se démarque ainsi de l'inspecteur Harry et se rapproche plus d'un "Serpico" (1974) de Sidney Lumet. Ensuite, si le suspens est un peu omis, la double intrigue se met en place doucement avec quelques bons passages où Andre Davis doit toujours garder son sang froid face à la panique ambiante. Chadwick Boseman est parfait en dur à cuire dont on décèle l'once d'humanité qui fait la différence, mais les autres ne sont pas en reste, dont une Sienna Miller touchante et un duo de braqueurs solides. Si ce film passe plutôt inaperçu avec une déception au box-office mondial (45 millions pour un budget de 33) c'est un échec clairement pas mérité. Sans révolutionner le genre Brian Kirk signe un polar d'action très réussi avec un scénario dense et rythmé qui ne peut que ravir les amateurs. Un bon moment.

Note :