[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #50. Hudson Hawk

[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #50. Hudson Hawk

© 1991 - TriStar Pictures


Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !



[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #50. Hudson Hawk
#50. Hudson Hawk, Gentleman et Cambrioleur de Michael Lehmann (1991)

Si Bruce Willis est un comédien hautement crédible dans le feu de l'action, et encore plus parce que son statut de regular guy nous pousse instinctivement à ressentir une certaine empathie à son égard (le rôle le plus important de sa carrière, John McClane, a énormément aidé à cela aussi), il l'est peut-être encore plus dans l'humour, tant son timing comique, sa répartie où même sa faculté à tisser un lien presque indéfectible avec le spectateur - comme Eddie Murphy -, en font l'un des trublions les plus efficaces que le cinéma ricain est connu depuis ses trente dernières années.
Mais comme tout bon action men qui se respecte, quand il a voulu exprimer son talent et son ironie autre que dans les costumes de ses héros phares - enfin surtout un en ce qui le concerne -, le public n'a pas forcément répondu présent, ou la même furieusement méprisé (et le mot est faible), la preuve en est avec ce qui, sans l'ombre d'un doute, son plus gros délire sur pellicule : Hudson Hawk, sorte de terrain de jeu de tous les possibles totalement WTF-esque, qui se permet absolument tous les délires (même les plus improbables), avec une irrévérence rappelant les grandes heures des ZAZ.

[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #50. Hudson Hawk

© 1991 - TriStar Pictures


Comédie d'aventure comme on en fait plus - et comme on en a jamais fait d'autre non plus d'ailleurs -, épousant toutes les invraissemblances de son intrigue prétexte (avec rien de moins que Steven " Fucking " De Souza au scénario !) et de ses séquences barrées, avec une gourmandise rare, le film conte les aléas d'Eddie " Hudson " Hawk, sans doute le plus célèbre cambrioleur du pays de l'Oncle Sam (au moins), qui prend la décision de raccrocher des casses et de définitivement prendre sa retraite après dix ans passés derrière les barreaux.
Impatient de savourer (enfin) un cappuccino digne de ce nom, il est cependant perturber dans sa tache de jouir des petits plaisirs simples de la vie par des milliardaires mégalos l'obligeant lui et son BFF Tommy, à dérober trois pièces d'un cristal réalisé par Leonard de Vinci, visant à faire renaître sa plus grande - et officieuse - création : une machine transformant le plomb non pas en bronze (de plus en plus rare), mais en or...
Une mission supposément impossible au coeur du Vatican, qui ne sera que le prétexte à un enchaînement astronomique de scènes improbables - tout comme ses twists - mais géniales, laissant présager qu'Hollywood n'était pas encore totalement morte et pouvait balancer à la face de spectateurs foutrement circonspects, une péloche respectant au pied de la lettre la célèbre devise de Buzz l'éclair : vers l'infini et au-delà.

[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #50. Hudson Hawk

© 1991 - TriStar Pictures


Pur délire cartoonesque rythmé à 200 à l'heure, à l'humour complètement givré usant autant du comique de situation que de dialogues finement scriptés (soit originalement dingues, soit au double sens imparable), blindé de références à la pop culture impensables et de scènes d'action solides même si jamais totalement sérieuses (un Hawk qui fait toujours des chutes d'une dizaine de mètres pour atterrir sur des fauteuils), tout comme ses nombreux morceaux de bravoure entre punchlines et voltiges; Hudson Hawk boxe dans toutes les catégories possible (actionner décomplexé, comédie romantique débridée, buddy movie, film d'aventure, pastiche, comédie musicale, comédie slapstick, polar,...) avec une décontraction digne du plus séduisant et insolent des sales gosses talentueux.
Mais ce qui fait réellement sa saveur, au-delà des facéties de son génial héros titre mi-crooner mi-cambrioleur de haut vol, un Arsène Lupin des temps modernes survolté (Bruce Willis, affûté et impliqué comme rarement), c'est sa volonté de ne jamais se mettre de barrière et de ne jamais trouver ridicule la moindre de ses idées : on peut croiser une nonne incroyablement sensuel (Andie MacDowell ♡), des mafieux italiens appelés Mario (les Mario Bros), une Mona Lisa aux dents pourries, des milliardaires complètement déglingués (les excellents Sandra Bernhard et Richard E. Grant), dont le chien est accro à tous ce qui ressemble de loin à une balle (Bunny...... Ba-ball ?), un BFF/jukebox humain et également habile dans le crime (feu Danny Aiello), des agents de la CIA répondant aux doux surnoms de Kit Kat, Snickers et Bounty,...

[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #50. Hudson Hawk

© 1991 - TriStar Pictures


Hudson Hawk, c'est la quintessence de l'OFNI cornaqué avec amour et respect, entre le film de potes totalement assumé et le nanar qui n'en est jamais vraiment un.
Par chez nous, on appelle ça autant une put*** de réussite qu'un petit miracle gentiment logé tout en haut de notre panthéon du culte.
Même vingt-huit ans plus tard, le faucon a toujours autant mérité de savourer son cappuccino...
Jonathan Chevrier

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