La valse de l'empereur

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La valse de l’empereur » de Billy Wilder.

« Cette histoire est choquante. Divinement choquante ! »

Virgil Smith, voyageur de commerce, parcourt les routes d’Autriche en compagnie de son chien Buttons. Il espère y vendre des phonographes, et aimerait compter l’Empereur François-Joseph parmi ses clients. Le hasard met sur son chemin la comtesse Johanna Von Stulzenberg, dont le caniche mord Buttons. Smith exige des excuses, qui lui sont refusées…

« Cesse de penser à ce petit chien. Il est mignon et charmant. Mais il n’est pas de ton monde ! »

Ancien journaliste et amoureux des bons mots, Billy Wilder se fait remarquer en Europe dès le début des années 30. Mais compte tenu des aléas de l’Histoire, c’est en Amérique qu’il fera carrière. D’abord comme scénariste durant les années 30 où sa verve humoristique fait merveille chez Lubitsch (« La huitième femme de Barbe-Bleue », « Ninotchka ») ou chez Hawks (« Boule de feu »). Comme réalisateur ensuite et surtout, où son nom restera essentiellement associé au registre de la comédie sophistiquée et politiquement incorrecte (« Certains l’aiment chaud », « Un, deux, trois », « Embrasse-moi idiot »). Pour autant, Wilder s’illustra aussi au cours des années 40 et au début des années 50 dans des registres plus sombres, signant quelques sommets du film noir (« Les cinq secrets du désert », « Assurance sur la mort », « Boulevard du crépuscule ») et du drame intimiste (« Le poison », « Le gouffre aux chimères », « Stalag 17 »).

« Si je rasais mes favoris, l’Autriche s’en trouverait bouleversée. Il faudrait changer les timbres et la monnaie ! »

En 1948, au milieu de cette période plus « sombre », il s’offre une parenthèse récréative avec « La valse de l’empereur », comédie romantique en costumes et chantante qui prend pour décor la cour d’Autriche du vieillissant empereur François-Joseph. Une cour à l’ancienne avec ses codes stricts et rigides dans laquelle un fantasque représentant de commerce américain viendra semer discorde et zizanie. Avant que le scénario ne parte dans le burlesque le plus total, voyant les deux protagonistes principaux tomber amoureux l’un de l’autre après que leurs chiens en aient fait autant. Plus que cette romance à l’eau de rose très classique, on retiendra surtout la représentation drolatique du choc des cultures, d’autant plus savoureux qu’il représente bien ce qu’est Wilder lui-même : un autrichien de naissance et de culture et un américain d’adoption. Et si chacun en prend gentiment pour son grade (l’absurdité rétrograde de l’autrichien vs. l’insolence américaine), il ressort de cette carte postale volontairement caricaturale (avec chants tyroliens et psychanalyse pour chiens en prime !) une douce nostalgie surannée. Un peu comme si le cinéaste voulait oublier les horreurs de la guerre et du nazisme qui y eurent lieu quelques mois seulement auparavant. Si le film – très désuet – se fait par moments plaisant voire même charmant, force est de reconnaitre qu’il demeure globalement déconcertant et que les quelques numéros musicaux de Bing Crosby paraissent un peu longuets. « La valse de l’empereur » apparait dès lors comme un Wilder inclassable et somme toute assez mineur. On préfèrera le regard acerbe et corrosif qu'il portera l'année suivante sur l'Allemagne et la dénazification dans « La scandaleuse de Berlin ».

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une Conversation entre les journalistes Mathieu Macheret et Frédéric Mercier à propos du film. Un livret de 28 pages par Marc Toullec vient compléter avantageusement cette édition.

Édite par Rimini Editions, « La valse de l’empereur » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 19 novembre 2019.

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