Death Stranding : entre deux rives

Par Bobby @MissBobbyD

Le bac philo en plus sympa

Vous voyez quand vous vous levez en pleine nuit pour aller boire/faire pipi/autre et que vous n’y voyez que dalle ? Vous avancez tant bien que mal en espérant ne pas vous faire mal et surtout atteindre votre but à tatons ? Bah c’est un peu ça Death Stranding en un peu plus angoissant parfois.

Sam aka Norman Reedus, est un porteur/livreur. Son truc, c’est parcourir des kilomètres à pieds pour livrer des grosses caisses, le genre de choses bien lourdes (on parle de centaines de kilos, pas du banal sac de patates). Jusque là, rien d’exceptionnel, Amazon le fait déjà avec ses camions. Sauf que Sam vit dans une Amérique post Death Stranding (tu ne sais pas ce que c’est ? Moi non plus, mais c’est moche). Et c’est quoi un monde après le Death Stranding ? Déjà, il n’y a plus beaucoup de population, il n’y a plus de villes, juste des étendues de paysages avec des infrastructures (avec des gens et des hologrammes dedans). Et dans ses immenses étendues, il y a des MULEs (je ne parle pas des adorables animaux), ces livreurs qui ont pété un plomb un jour et qui sont passés du côté obscur de la force. Et puis il y a des Echoués… Aaaahhh les Echoués, la partie la plus « sympa » du jeu, celle que quand Sam s’en trouve entouré, tu pries pour que ça aille vite sans que ça dégénère, en gardant un minimum de sang froid et sans trop transpirer. En gros, c’est LA partie angoissante du jeu. En tant que joueur aguerri, vous avez déjà eu affaire à des Echoués, vous savez comment ça fonctionne (à peu près), vous savez à quelle sauce vous pouvez être mangé (enfin mangé…), il n’empêche, ça fait quand même flipper ! Surtout que chez Kojima, ils ont su te déballer une ambiance bien sombre, avec de la pluie (ah oui ! La pluie ! Vous verrez.), un bébé qui s’affole (un B.B. ? Oui !), tout pour vous faire angoisser. Alors cette petite promenade champêtre dans la verdure ?! T’aurais préféré Amazon, hein ?! Et je ne vous parle pas du reste, parce que c’est complexe…

Toujours avoir une peau sans imperfections !

Death Stranding : on aime ou on déteste. D’une part, je n’avais jamais joué à ce type de jeu : c’est un jeu lent, surtout à pieds (forcément). Vous avez un objectif de taille – que vous découvrirez en jouant – en faisant des livraisons. Traverser des contrées, sans route, c’est long. Il faut apprécier la solitude, s’écouter respirer, faire des allers-retours, les mauvaises surprises (voir ci-dessus) et avoir avoir du courage. La petite randonnée dominicale, c’est du pipi de chat à côté et on ne nous sert même pas le brunch ! Ça, c’est la ligne directrice la plus simple, si l’on suit tête dans le guidon le jeu. En revanche, si vous prenez la peine de lever la tête, c’est un univers de questions qui s’ouvre à vous. Déjà, qu’est-ce que le Death Stranding, la Grève, les Echoués, les Dooms, y-a-t-il un monde après la mort ou reste-on coincé entre deux mondes (rives), y-a-t-il une métaphore écolo, les imprimantes 3D seront-elles un jour aussi performantes, pourquoi les B.B. ont-ils cette fonction et comment cela a-t-il démarré, à qui faire confiance, etc, etc (jusqu’à épuisement). Vous ne savez rien et plus vous avancerez et plus vous collecterez des toutes petites pièces de ce puzzle infernal. En gros, vous regardez un film auquel vous êtes aux manettes, sauf que vous ne pigez pas grand chose au scénario, seulement ce côté mystique est attirant. Telle une drogue, vous êtes dans le flou, dans le noir, vous avez peur, vous vous interrogez, mais vous continuez, car après tout, vous êtes humain… et vous voulez savoir et comprendre. Certains arriveront à ne choisir que la ligne droite : avancer vite pour connaître la fin. Et d’autres préfèreront prendre quelques détours pour aider tout le monde et ajouter deux-trois pièces au puzzle, histoire de mieux cerner les enjeux, ainsi que l’avenir.

On ne peut pas nier que l’histoire de Death Stranding tient une énorme place. On ne va pas se leurrer, il y a des jeux qui demandent beaucoup moins de ressources de la part des joueurs en matière de compréhension. Là, on est sur une quête philosophique, personnelle, environnementale, théologique et générale. D’où mon sous-titre : Death Stranding serait un bon sujet de philo tant il y a de choses à analyser et à débattre.

Côté graphisme, je n’ai pas grand chose à dire. Le développement du réalisme n’a de cesse d’évoluer et depuis plusieurs années, l’aspect facial n’a plus besoin d’être prouvé dans les jeux vidéo. Encore une fois, on a quasiment aucun mal à reconnaître les acteurs principaux : Norman Reedus, Léa Seydoux, Mads Mikkelsen. Je trouve néanmoins que Guillermo del Toro et Nicolas Winding Refn manque de travail. Niveau jouabilité, on utilise toute la manette et vous pouvez avoir un retour son du B.B. dans celle-ci. Je ne vous cache pas qu’étant fraîchement maman, cela m’angoissait, heureusement, il est possible de changer cette option pour un retour TV. Autre bon point que je n’ai pas mentionné, la coopération : il est possible d’effectuer des connexions avec d’autres joueurs pour avoir de l’aide, notamment, avoir des matériaux, de l’équipement, mais également pour nous aider à faire une livraison. L’intérêt de la coopération – que j’aime tout particulièrement – c’est que les autres joueurs construisent des structures et collaborent pour construire des infrastructures qui demandent beaucoup de ressources. C’est très utile, même si les paysages sont plutôt sympathiques, ils sont loin d’être plats et quand il faut traverser des montagnes, de la roche ou des cours d’eau en étant chargé comme une mule, on est bien content de voir qu’un joueur est passé dans le coin et a construit un pont (par exemple). Quant à l’histoire, vous l’aurez compris, Death Stranding ne se termine pas en un claquement de doigts. Il vous faudra être patient. C’est un jeu d’action dramatique sombre qui, par je ne sais quel travers, est assez addictif (à l’heure où je vous écris ces lignes, je sais que ma prochaine mission me fera passer par un coin où  il y a des Echoués, je n’ai pas hâte, même en étant bien équipé. J’ai fait toutes les missions secondaires et il va bien falloir que j’arrête de tourner autour du pot). Echoués ou pas Echoués, cela ne m’empêchera pas de continuer.

Tu la sens la balade champêtre ?!

On se retrouve de l’autre côté ?

Disponible sur PS4.