[CRITIQUE] : Temporada

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : André Novais Oliveira

Avec : Grace Passô, Russo Apr, Rejane Faria,...
Distributeur : ASC Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Brésilien
Durée : 1h52min

Synopsis :

Pour prendre un nouveau poste d’employée au service municipal de la propreté, Juliana quitte les quartiers du centre-ville d’Itaúna pour la métropole de Contagem au Brésil. Tandis qu’elle attend que son mari la rejoigne, elle s’adapte à sa nouvelle vie, fait des connaissances, s’ouvre à de nouveaux horizons et essaie de surmonter son passé.


Critique :

Bienveillant sans avoir à plonger tête la première dans le sentimentalisme ni le sensationnalisme indigeste,#Temporada, porté par une Grace Passô formidable (qui capte à merveille toute la complexité de son perso), est un merveilleux petit bout de cinéma humain, doux & empathique pic.twitter.com/9poBmcJpvL— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 23, 2019

Il est de plus en plus difficile aujourd'hui, de tomber sur des péloches contant avec une simplicité rare, la banalité du quotidien et de la vie, épousant un réalisme, voire même un naturalisme incroyable, à chaque plan, un comble à une heure ou l'on a pourtant jamais été aussi écrasé par une proposition imposante (et indécente) dans les salles obscures, chaque mercredi de sorties incarnant une bataille ouverte et déséquilibrée entre une pluie de films pourtant tous bien différents les uns des autres.

Sans artifice ni effet de manche putassier, n'ayant comme seul outil une caméra posée mais affutée, le cinéaste brésilien André Novais Oliveira - dont c'est la première réalisation -, ne quitte pas une seule seconde son héroïne dans le formidable Temporada, morceau d'existance bouleversant de mélancolie, qui en dit long sur le Brésil des laissé-pour-compte de la politique jeune mais déjà chaotique, de Jair Bolsonaro.

Tout en discrétion et en mélancolie, le métrage croque la résilience de Julianna, femme courage qui doit quitter les quartiers du centre-ville d’Itaúna pour la métropole de Contagem, pour prendre un nouveau poste ingrat et complexe d’employée au service municipal de la propreté (agent de contrôle d’une endémie, la dengue), ultime punition dans un quotidien morose qui n'avait pas besoin d'un habitat tombalt littéralement en décrépitude.

Et pourtant, ce n'est pas vers le tableau urbain noir que se dirige l'histoire, même si elle donne un regard engagé et pertinent sur les inégalités sociales - et la violence qui en découle - qui gangrène les classes dites " populaires " (mais surtout plus incroyablement engoncé dans la précarité qu'autre chose), mais bien vers la (re)construction solaire et poétique dans l'intimité d’un combat vibrant pour la survie et la dignité d'une femme affrontant la tristesse de sa vie parce qu'il faut avancer, quoi qu'il arrive et chaque jour que Dieu fait.
Tendre malgré une gravité sous-jacente, tendre et bienveillant sans avoir à plonger tête la première dans le sentimentalisme ni le sensationnalisme indigeste, Temporada, porté par la partition formidable de Grace Passô (qui capte à merveille toute la complexité de son personnage), est un petit bout de cinéma humain, doux et empathique, une balade élégante et sans prétention qui fait du bien à son auditoire.


Jonathan Chevrier