Le pont de Cassandra

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le pont de Cassandra » de Georges Pan Cosmatos. 

« Je m’étonne que vous choisissiez un pays tiers pour mener vos expériences bactériologiques »

Genève. Trois terroristes sont surpris dans un laboratoire de l’Organisation mondiale de la santé, qu’ils s’apprêtaient à faire sauter. L’un d’entre eux parvient à s’enfuir et monte dans le Continental Express en partance pour Stockholm. Le fugitif est une véritable bombe ambulante. Eclaboussé lors de la fusillade par des liquides contenus dans des flacons brisés, il vient en effet d’être contaminé par le virus, terriblement contagieux, de la peste pulmonaire…

« Cette maladie est très contagieuse : soit vous l’avez déjà attrapée soit vous ne l’aurez jamais »

Symbole du malaise social américain et de la crise de confiance du peuple envers ses institutions, le cinéma des années 70 voit émerger deux genres qui connaissent alors un grand succès populaire, à savoir le thriller paranoïaque (« A cause d’un assassinat », « Les hommes du Président », « The conversation », « Les trois jours du Condor »...) et le film catastrophe. Dans cette dernière catégorie, scénaristes et réalisateurs rivaliseront d’imagination pour trouver les intrigues les plus originales possibles, mettant en scène des périls aussi bien maritimes (« L’aventure du Poséidon »), aérien (« Airport » et ses suites), naturels (« Tremblement de terre »), architecturaux (« La tour infernale ») ou même animaliers (« L’inévitable catastrophe »). Un genre qui, effet de mode oblige, gagnera également les productions européennes, à l’image de « Terreur sur le Britannic » (Richard Lester, 1974) ou du « Pont de Cassandra », fastueuse coproduction franco-anglo-germano-italienne, réalisée par l’italo-grec George Cosmatos qui se spécialisera par la suite dans les films d’action populaire (« Bons baiser d’Athènes », « Rambo 2 », « Cobra », « Tombstone »...).

« Aucun voyageur ne doit s’échapper de ce train : tirez et tuez si nécessaire ! »

« Le pont de Cassandra » est un film plutôt déroutant. Et de fait, celui-ci commence tout d’abord comme un film catastrophe : des terroristes attaquent un hôpital helvétique et à la suite d’une maladresse se retrouvent porteurs d’un virus mortel incontrôlable et terriblement contagieux. Ce qui nécessitera le confinement puis la mise en quarantaine du train dans lequel ils sont montés ainsi que de l’ensemble de ses passagers. Mais tandis que l’épidémie se fait galopante parmi les passagers, le réalisateur fait le choix assez étrange d’abandonner progressivement son intrigue de départ pour en développer une nouvelle, axée sur la volonté délibérée d’un militaire des services secrets américains de faire disparaitre le train et ses passagers pour éliminer toute preuve relative aux manipulations bactériologiques illégales auxquelles se livre l’Amérique. La transition thématique n’était pas forcément illogique entre la catastrophe bactériologique et le thriller politique paranoïaque. Le seul souci étant que le scénario accumule beaucoup trop d’incohérences (le médecin et sa femme qui ne tombent jamais malades alors qu’ils ne prennent aucune précaution particulière pour toucher les patients, l’air conditionné comme remède à la peste (sic !), le chien contaminé qu’on évacue par hélicoptère alors qu’on confine l’ensemble des passagers...) pour que l’angoisse fonctionne à plein. Mais le plus étonnant demeure sans doute la puissance de la charge du réalisateur à l’encontre d’un pouvoir américain dont il dénonce la manipulation, le cynisme et au final l’inhumanité. On regrettera néanmoins l’extrapolation fumeuse et très pernicieuse du cinéaste visant à rapprocher les méthodes américaines à celles des nazis (train plombé, camp de déportation en Pologne...), qui met assez mal à l’aise. On se consolera avec le beau parterre de stars internationales (Burt Lancaster, Richard Harris, Martin Sheen, Sophia Loren, Ingrid Thulin, Ava Gardner...) et les quelques scènes d’action plutôt bien senties pour reprendre le contrôle du train. Un divertissement grand public plutôt efficace sur la forme mais franchement maladroit sur le fond.   

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale anglaise (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Made On Location In Switzerland, Vol. 1 : Un pont trop loin » : documentaire de Julien Comelli et Erwan Le Gac (52’), d’une Bande-annonce d’époque et d’une Galerie photos.

Édité par Elephant Films, « Le pont de Cassandra » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD seul depuis le 29 octobre 2019.

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