[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #69. Semaine du 17 au 23 novembre 2019

[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #69. Semaine du 17 au 23 novembre 2019
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 17 Novembre au 23 Novembre
[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #69. Semaine du 17 au 23 novembre 2019
Lundi 18 Novembre.

Boyhood de Richard Linklater sur Arte.
Depuis le départ de leur père en Alaska, Mason et sa grande sœur Samantha, vivent seuls avec leur mère. De l’enfance à l’âge adulte, les enfants sont ballotés entre une mère volontaire, responsable, et un père moins raisonnable et plus décontracté, d’une ville du Texas à l’autre, d’un beau-père à l’autre.
À l’origine de Boyhood, une idée gargantuesque, celle de filmer sur douze années une histoire en gardant les mêmes acteurs. Une audace certaine qui aurait pu se perdre dans cette longue gestation, pourtant Boyhood est un long-métrage clair, limpide, fluide. Si l’on ne peut s’enlever de la tête le fait d’être devant un maxi best of du style Linklater, l’œuvre se fraie un chemin, distillant des instantanés d’une vie. Car, et c’est toute la force du cinéaste, Boyhood parvient a être un récit intime donc, qui ne cherche pas a dramatisé l'existence, mais simplement a la chroniquer avec tout ce qu’elle peut avoir de quotidienneté. À cette humble ambition, se superpose une autre, bien plus ample celle-ci, raconter au travers de cette famille l’Histoire en marche, du 11 septembre à l’élection de Barack Obama, mais également souligner les mutations culturelles, de Star Wars à Harry Potter. En soi un exercice follement casse-gueule et pourtant parfaitement exécuté par un Linklater au sommet de son art.
Mais aussi... 6Ter propose Borsalino de Jacques Deray. Un film qui orchestre une rencontre au sommet avec le duo Alain Delon/Jean-Paul Belmondo, le tout au sein d’une œuvre remarquable de précision et d’efficacité qui scrute un monde corrompu et violent. Le cinéaste y déploie une mise en scène d’une rare élégance, tout en imbibant le métrage du pessimisme propre à son cinéma.
On prolonge la soirée ? À partir de 23 h 40, TMC propose Captain America : First Avengers de Joe Johnston. Un film pour lequel j’ai toujours une affection certaine, il faut dire qu’il convoque en son sein l’esprit d’un récit pulp qui le fait lorgner par instant vers du Indiana Jones. Dans cette volonté de taper du nazis tout en y mêlant des purs moments de SF, le film aurait pu n’être qu’un nanar, il est pourtant un divertissement fantasque mené avec panache.
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Mercredi 20 Novembre.

Permis de Tuer de John Glen sur France4.
James Bond va devoir utiliser son « permis de tuer » contre l’avis même de M, son supérieur hiérarchique. En effet, son ami Felix Leiter a été torturé (et la femme de celui-ci tuée) par le plus puissant trafiquant de drogue de la planète, Franz Sanchez. 007 est bien décidé à venger ses amis, avec l’aide d’un agent de la CIA très pugnace, la belle Pam Bouvier...
Permis de tuer c’est un peu un prequel de l’ère Daniel Craig. En effet, on a tendance a l’oublier, mais ce Bond porté par Timothy Dalton — pour la seconde fois, contient tout ce qui fera le cœur de la saga dans les années 2000. Voici donc un Bond expose au spectateur toute sa part d’ombre, la noblesse du personnage se fracasse dans le cynisme, la froideur, le désabusement qu’apporte Dalton dans son interprétation. Permis de Tuer devient ainsi un opus plus âpre, doté d’une atmosphère plus pesante qui donne à voir l’espion s’enfoncer vers sa part d’obscurité. Un choix qui rapproche le personnage de cinéma de son double littéraire, autrement dit un Bond brusque, dépressif, sinistre.
On continue la soirée... avec Le Kid de Charlie Chaplin sur Arte. Un des chefs-d’œuvre du cinéaste, un film aussi drôle qu’émouvant qui s’imbibe — déjà — d’un aspect social qui fera la force de ces autres réalisations. Sans doute son œuvre la plus universelle, celle qui raisonne en chacun d’entre nous, encore aujourd’hui, du cinéma dans sa plus belle expression.
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Jeudi 21 Novembre. 

Ocean’s Twelve de Steven Soderbergh sur TMC.
Cela fait trois ans que Danny Ocean et ses compliques ont effectué le braquage historique de Las Vegas. Depuis, ils se sont dispersés dans la nature avec l’intention de mener une existence honnête. Malheureusement, un voleur français du nom de François Toulour, alias « Le Renard de la Nuit », désireux de montrer qu’il est plus doué qu’eux, donne leurs noms à Terry Benedict. Celui-ci leur laisse deux semaines afin de rembourser l’argent qu’ils lui ont volé plus les intérêts. L’équipe n’a d’autres choix que d’accepter le défi de Toulour…
Voici donc le malaimé de cette trilogie Ocean’s, un volet qui n’a pas su provoquer l’enthousiasme qu’avait suscité le premier. Il faut dire que Soderbergh s’est employé à proposer l’exact inverse du Ocean’s Eleven, accouchant ainsi d’une œuvre délurée, aussi flamboyante que méta. C’est bien simple, Ocean’s Twelve embrasse sans retenue une audace de tous les instants, comme lorsque Julia Roberts se retrouve à jouer Julia Roberts. Un pur régal, qui résume parfaitement l’esprit de cet opus qui profite avec encore plus de pertinence et de réjouissance de son casting, point en or de cette saga. Oui, Ocean’s Twelve est certainement moins affuté que son prédécesseur, mais ce qu’il perd au niveau de son scénario il le gagne dans cet aspect de bordel désopilant.
Mais aussi... Cherie25 propose Philadelphia. 1993. Le SIDA est sur toutes les lèvres, la maladie s’entoure de peur et d’ignorance. Jonathan Demme s’empare du drame lié à cette maladie au cœur d’un récit Capra — ien dans l’âme. Porté par un Tom Hanks dévastateur d’émotion, Philadelphia est un film politique aussi bien que judiciaire, puisque donnant lieu à un procès où la gorge serre plusieurs fois ; Demme lie à cela l’amour, celui de deux hommes, mais aussi celui d’une famille unie, une image certainement utopiste, mais qui réchauffe notre cœur qui, il faut le dire, morfle a plus d’une reprise durant ces 125 minutes.

Thibaut Ciavarella