Descente aux Enfers (1986) de Francis Girod

Ce film est adapté du roman "The Wounded and the Slain" (1955) de David Goodis, auteur habitué du grand écran comme "Les Passagers de la Nuit" (1947) de Delmer Daves mais qui, étonnament, a été surtout adapté en France comme les films "Tirez sur le Pianiste" (1960) de François Truffaut et "Le Casse" (1971) de Henri Verneuil. Le film est signé de Francis Girod qui co-écrit le scénario avec Jean-Loup Dabadie, auteur prolifique majeur qui a notamment collaboré avec Claude Sautet et Yves Robert... Un écrivain alcoolique et sa jeune épouse, qui ont une vingtaine d'année de différence, sont en vacances en Haïti. L'entente n'est pas au beau fixe mais un drame va les rapprocher sans prévenir...

Descente aux Enfers (1986) de Francis Girod

Alan l'écrivain est incarné par Claude Brasseur qui retrouve alors Francis Girod après "L'Etat Sauvage" (1978) et "La Banquière" (1980) avant une quatrième collaboration avec "Délit Mineur" (1994). Sa jeune épouse Lola est incarnée par la belle Sophie Marceau qui retrouve son partenaire Hippolyte Girardot après "Fort Saganne" (1984) de Alain Corneau. Mais surtout, l'actrice joue ici l'épouse de Brasseur qui jouait peu de temps avant son père dans le dyptique "La Boum" (1980) et "La Boum 2" (1982) tous deux de Claude Pinoteau ! Ils ont 30 ans d'écart, un âge qui semble aller à Sophie Marceau qui, a seulement 18 ans est en couple à la vile avec Andrzej Zulawski de 26 ans son aîné avec qui elle tourne "L'Amour Braque" (1985). Dans des seconds rôles on remarquera Gérard Rinaldi qui venait de quitter son groupe Les Charlots, et surtout deux actrices expérimentée, d'abord Betsy Blair qui débuta dans "Coupable ou non Coupable" (1947) de Henry Levin, épousa de Gene Kelly avant d'être exilé en Europe après avoir été blacklistée lors du Maccarthysme, puis Marie Dubois qui était justement dans "Tirez sur le Pianiste" (1960) de François Truffaut... Le film débute directement avec le drame qui va tout déclencher avant qu'on comprenne que le réalisateur va jouer avec des flash-backs dans un montage désordonné, peu enclin à une réelle cohérence. Un stratagème sans doute pour donner un semblant de rythme pour un scénario vide ou, du moins, pas assez dense pour combler les 90mn de ce long métrage ennyeux et ennuyant. Et pourtant, le matériau d'origine est solide, de l'exotisme à l'érotisme saupoudré de suspense aurait dû nous tenir en haleine.

Descente aux Enfers (1986) de Francis Girod

Malheureusement l'exotisme se résume à un ersatz de film colonialiste et les paysages de Haïti ne sont jamais mis à leur juste valeur. L'érotisme se résume à Sophie Marceau se dénudant et minaudant, certe elle est magnifique mais c'est un peu juste pour jouer la carte sulfureuse. La canicule, l'atmosphère suintante n'est jamais franchement assurée. Le film est toujours en demi-teinte, sur tous les paramètres ce qui finit simplement par ne jamais convaincre. Et enfin le suspense n'intéresse jamais tant la dimension thriller repose sur une intrigue finalement bien mince. Le côté psychologique est tout aussi mince, car trop sous-exploité, trop caricaturé avec un parallèle homme-femme bien simpliste. Ensuite reste les acteurs, Rinaldi peu inspiré, Brasseur se résume à jouer les alcoolos, Marceau se résume à jouer de ses charmes... Et, mine de rien, il faut réussir à faire abstraction que père et fille devienne amants (?!). Un thriller fade et lisse, sans rebondissement ni twist sérieux pour un dénouement tout aussi simpliste. On frôle le navet pur.

Descente Enfers (1986) Francis Girod