Au bout des doigts

Un grand merci à TF1 Studio pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Au bout des doigts » de Ludovic Bernard.

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« Première règle : ne jamais se croire plus fort que son maitre. La musique ne vous a pas attendu et elle ne vous attendra pas »

La musique est le secret de Mathieu Malinski, un sujet dont il n’ose pas parler dans sa banlieue où il traîne avec ses potes. Alors qu’un des petits cambriolages qu’il fait avec ces derniers le mène aux portes de la prison, Pierre Geitner, directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique l’en sort en échange d’heures d’intérêt général. Mais Pierre a une toute autre idée en tête… Il a décelé en Mathieu un futur très grand pianiste qu’il inscrit au concours national de piano.

« La pulsation, c’est ce qui donne vie à la musique. Sans rythme, il n’y a pas d’histoire »

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Après une longue expérience d’assistant réalisateur aux côtés de Luc Besson (« The lady », « Malavita », « Lucy »), de Jean-François Richet (« L’instinct de mort » et « L’ennemi public n°1 ») ou encore de Guillaume Canet (« Les petits mouchoirs »), Luc Bernard faisait des débuts remarqués à la réalisation en signant coup sur coup deux comédies sorties la même année, à savoir « L’ascension » (qui rencontrera un joli succès en s’offrant le luxe de dépasser le million d’entrées) et « Mission Pays Basque ». A peine quelques mois plus tard, le voilà déjà de retour derrière la caméra avec « Au bout des doigts », gentille fable sociale sur un petit délinquant qui se découvre un don de pianiste virtuose. L’occasion pour le cinéaste de sortir de sa zone de confort et de s’aventurer sur le terrain du drame et de la fable sociale. Un pari d’autant plus risqué que le genre se révèle par essence dangereux, menaçant de glisser à force de bonnes intentions dans la caricature et le mélo lacrymal.

« Moi je me suis perdu dans la musique. Mais vous elle vous a permis de vous trouver. C’est un don rare. »

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Et manque de bol, en la matière Ludovic Bernard ne fait jamais dans la demi-mesure. Et encore moins dans la retenue. Ainsi, si on était au départ plutôt bienveillant envers l’histoire de ce jeune « des quartiers », petit délinquant écorché vif mais pas vraiment méchant, le cinéaste se vautre allègrement dès lors que son scénario joue la carte d’un certain déterminisme social un peu facile (le héros frustré de n’avoir pas pu apprendre le piano à cause des moyens modestes de ses parents et qui ne doit sa condition de délinquant qu’à son environnement) et franchement pathos. L’intrigue étant par ailleurs construite à grands renforts de clichés éculés (la musique classique réservée aux (très) riches, la représentation très antagoniste entre Paris et la banlieue) et de ficelles scénaristiques grossières (le paternalisme du directeur qui cache le décès récent de son propre fils). D’ailleurs, Lambert Wilson et Kristin Scott-Thomas se montrent moins convaincants que d’ordinaire, comme s’ils avaient du mal eux-mêmes à croire à ce scénario. On se consolera dès lors avec le joli message sur la transmission et l’idée d’une certaine méritocratie. Mais comme Rachid Hami et son film « La mélodie » avant lui, Ludovic Bernard se casse un peu les dents sur son sujet de rédemption par la musique. Peut-être y avait-il là matière à un honnête téléfilm consensuel. Mais pour un film de cinéma, on était en droit d’attendre un film mieux écrit, avec plus d’aspérité que ce mélo un peu trop boursoufflé.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale française (5.1) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de Scènes coupées et d’un module sur les Coulisses du tournage.

Edité par TF1 Studio, « Au bout des doigts » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 3 juillet 2019.

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