Le Grand Pardon (1982) de Alexandre Arcady

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après "Le Coup du Sirocco" (1979) dans lequel on suivait une famille pied-noir obligée de s'exiler en France en 1962, le réalisateur Alexandre Arcady revient avec un film plus ambitieux (selon lui et le cinéma français !) où des pieds-noirs juifs installés en France se sont bâtis un empire mafieux en France. Arcady co-signe le scénario avec Daniel Saint-Hamon auquel on doit déjà "Le Coup du Sirocco", et Alain Le Henry qui signera plus tard "Regarde les Hommes Tomber" (1993) et "Un Héros très Discret" (1996) tous deux de Jacques Audiard. Le trio avoue s'être inspiré de l'histoire vraie des frères Zemmour (Tout savoir ICI !), mais surtout du mythique "Le Parrain" (1972) de Francis Ford Coppola... On suit donc le clan Bettoun, avec à sa tête le patriarche Raymond, qui mène sa famille tel un tyran. Alors qu'il a les yeux rivés sur un casino sur la Côte d'Azur une guerre des gangs se préparent sous les yeux d'un commissaire qui cherchent à pièger les Bettoun depuis des années... Au casting on trouve des acteurs qui vont vite devenir des acteurs fétiches de Alexandre Arcady avec en premier lieu Roger Hanin ici dans le 2ème des 6 films avec Arcady, Richard Berry 1er des 8 films, Gérard Darmon 1er des 5 films, Alexandre Aja 1er des 4 films (fils Arcady futur réalisateur lui-même notamment du récent en 2019), Jean Benguigui 1er des 4 films, la plupart se retrouveront avec Arcady et les deux scénaristes aussitôt après pour le film "Le Grand Carnaval" (1983).

A leurs côtés citons aussi Jean-Louis Trintignant (qui aurait accepté le rôle pour la raison saugrenue que Arcady ressemblerait alors au pilote auto Charles Villeneuve), Bernard Giraudeau alors entre "Viens chez moi j'habite chez une Copine" (1981) de Patrice Leconte et "Rue Barbare" (1984) de Gilles Béhat, Anny Duperey juste avant "Les Compères" (1983) de Francis Veber et la sublime Clio Goldsmith, actrice peu connue mais qui était abonnée aux rôles de fille facile et/ou de prostituée comme dans "La Cigale" (1980) de Alberto Lattuada ou "Le Cadeau" (1982) de Michel Lang. Mais le casting est une vraie pépinière du cinéma hexagonal avec encore Jean-Pierre Bacri qui retrouvera son partenaire Richard Borhinger dans (1985) de Luc Besson, Sam Karman qui sera aussi dans "Le Grand Carnaval", Robert Hossein qui venait de tourner dans "Le Professionnel" (1981) de Georges Lautner puis Blanche Ravalec dont le titre de gloire est d'avoir été Bond Girl dans "Moonraker" (1979) de Lewis Gilbert... Alors évidemment, la première chose qui frappe est le pompage en règle de la saga "Le Parrain" (1972-1974-1993) de Coppola, et on le constate dès la première partie avec la grande fête. Mais on constate aussi que le film renvoie à plusieurs scènes d'un autre chef d'oeuvre, français cette fois, "Le Clan des Siciliens" (1969) de Henri Verneuil avec l'évasion et la fin.

Bref, Arcady ne s'est pas foulé, surtout qu'il n'était pas (et ne le sera jamais !) un grand réalisateur. Si on retire les scènes inspirés de "Le Parrain" et de "Le Clan des Siciliens" il ne reste plus grand chose des 2h10 que durent le film. L'originalité réside donc essentiellement sur le côté "Parrain méditerranéen" avec sa dose de clichés dont le chantre est Roger Hanin qui incarne un Raymond Bettoun outrancier et cabotin. Il est ainsi la locomotive qui amène la plupart des acteurs à surjouer, exception faîtes de Jean-Pierre Bacri, Anny Duperey ou Clio Goldsmith. Le surjeu ajoute encore aux clichés (juifs, arabes, pieds-noirs, français excepté semble-t-il étonnament). Mise en scène ampoulée, sans saveur, au service d'un scénario déjà vu sans une once d'inspiration et des acteurs en surjeu trop souvent font de ce film un simple ersatz du "Parrain".

Note :