[CRITIQUE] : Adults in The Room

 [CRITIQUE] : Adults in The Room
Réalisateur : Costa-Gavras
Acteurs : Christos Loulis, Alexandros Bourdoumis, Ulrich Tukur, Valeria Golino,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Grec, Français.
Durée : 2h04min

Synopsis :

Après 7 années de crise le pays est au bord du gouffre. Des élections, un souffle nouveau et deux hommes qui vont incarner l’espoir de sauver leur pays de l’emprise qu’il subit. Nommé par Alexis, Yanis va mener un combat sans merci dans les coulisses occultes et entre les portes closes du pouvoir européen. Là où l’arbitraire de l’austérité imposée prime sur l’humanité et la compassion. Là où vont se mettre en place des moyens de pression pour diviser les deux hommes. Là où se joue la destinée de leur peuple. Une tragédie grecque des temps modernes.

Critique :

Entre le thriller politique racé et la véritable tragédie grecque passionnée, #AdultsInTheRoom rend constamment palpable la détresse intense d'une nation à l'agonie, lancée dans des pérégrinations diplomatiques humiliantes et signe un formidable geste artistique et politique. pic.twitter.com/wdvlZ4YNMl— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 10, 2019

On avait laissé le grand Costa-Gavras sur ce que l'on peut sensiblement appeler une put*** de mauvaise note, une oeuvre presque indigne d'une filmographie majoritairement imposante, où le cinéaste habile et avisé avait su insuffler moultes de ses idées et pensées politiques au coeur de péloches captivantes : Le Capital, diatribe faussement distanciée sur le monde de la finance, porté par un Gad Elmaleh qui n'avait décemment pas la carrure du cinéma dans lequel il a maladroitement fourré ses pieds.

Sept ans plus tard et surtout quatre-vingt-huit ans au compteur, le cinéaste grecque nous revient plus en verve que jamais pour justement traiter du destin tragique de son pays natal, la Grèce, vilain petit canard d'une Europe malade, dans ce qui est un pur bonheur de film didactique jamais redondant ni pédant.
Adults in The Room, mécanique de compétition alliant propos grave et réalistes à une patine burlesque au doux ressort de farce corrosive et maline, traitant avec une minutie extrême et un souci de clarté admirable, d’un sujet géopolitique sensiblement complexe si l'on ne lui prête pas l'attention requise.
[CRITIQUE] : Adults in The Room

Adaptation plus ou moins libre du roman éponyme Adults In The Room : My Battle With Europe’s Deep Establishment - Conversations entre adultes par chez nous -, la péloche croque avec une férocité glaciale la quête impossible d'un homme - l'économiste Yaris Varofakis, à l'époque Ministre de la Finance du gouvernement grecque - tentant de faire valoir l'humanité au coeur d'un système deshumanisant où l'argent est le seul indicateur valable, une lutte acharnée et perdue d'avance dans un labyrinthe bueeaucratique sans issues, au quotidien motivé par les trahisons, hypocrisies, chantages et autres joies de la domination économique écrasante d'une communauté Européenne ultra-libérale sur un peuple acculé.

Entre le thriller politique racé et intelligent et la véritable tragédie grecque passionnée et volubile, Costa-Gavras rend constamment palpable la détresse intense et l'urgence vitale d'une nation à l'agonie, lancée dans des pérégrinations diplomatiques humiliantes pour sauver du marasme ce qu'il reste à sauver - pas grand chose.
En héros déchu et fascinant, Christos Loulis (parfait) incarne ce petit plus d'âme qui rend cette magistrale leçon de cinéma si ce n'est majeure, au moins profondément immanquable pour tout amoureux du septième art, voulant s'offrir un vrai geste artistique et politique dans une salle obscure, de la part d'un immense conteur de rêves...


Jonathan Chevrier


[CRITIQUE] : Adults in The Room