La nuit nous appartient

La nuit nous appartient
"New York, fin des années 80. Bobby est le jeune patron d'une boite de nuit branchée appartenant aux Russes. Avec l'explosion du trafic de drogue, la mafia russe étend son influence sur le monde de la nuit. Pour continuer son ascension, Bobby doit cacher ses liens avec sa famille. Seule sa petite amie, Amada est au courant : son frère, Joseph, et son père, Burt, sont des membres éminents de la police new-yorkaise. Chaque jour, l'affrontement entre la mafia russe et la police est de plus en plus violent, et face aux menaces qui pèsent contre sa famille, Bobby va devoir choisir son camp..."
Lorsque je découvre la filmographie d'un cinéaste, j'essaye aussi bien que je peux de la découvrir de manière chronologique afin de saisir l'évolution de la personne au travers de ces films. Et c'est toujours frappant de voir comment le réalisateur/trice a évolué au fil du temps. Mais là avec James Gray, c'est juste angoissant, car honnêtement "Little Odessa" est une petite bombe et que quand vous commencez une carrière ainsi, ça semble dur de faire mieux. Pourtant ça ne semble pas avoir fait peur à James Gray, qui enchaîne sur "The Yards" marqué par l'impitoyable intervention de Harvey "Scissorhands" Weinstein et son échec au box office, avant sept ans plus tard de réalisé "La Nuit nous appartient". Un film ou James Gray retrouve pour la seconde fois, Mark Wahlberg et Joaquin Phoenix. Ce duo est au centre d'une histoire de famille, de deux frères que tout oppose. Bobby à choisis le monde de la nuit, le faste, les relations ambiguës et l'autre, Joseph, la tradition, a savoir rentrer dans la police comme leur père, commandant réputé dans les forces de police. Tout cela se déroule dans un contexte particulier, c'est la fin des années 80, le crack envahit les rues, la criminalité est au plus haut et la police enterre deux des siens chaque mois. Un climat explosif ou l’ambiguïté n'est pas permise, et c'est ce que Bobby apprendra à ses dépends, quand il se retrouvera à lutter contre le trafic de drogue. Un nouveau rôle qu'il n'apprécie pas, qui le met en danger lui mais aussi ses proches, alors qu'il a lutter toute sa vie pour s'émanciper de l'influence familiale. Et à la manière de "Little Odessa", la fatalité s'abattra sur lui, avec pertes et fracas, le plongeant de plus en plus dans les abîmes. Une tragédie en trois actes, au cour duquel il perdra énormément. Ce film partage les mêmes thématiques avec "Little Odessa", ça parle de famille, de fratrie, de choix, mais aussi d'une certaine forme de fatalité, qui semble piéger nos personnages dans un enfer dont ils ne peuvent s'échapper, celui d'un rêve Américain inaccessible. Et J. Gray construit sa narration, comme si nous avions les deux histoires de Bobby, l'une réelle et l'autre fantasmé. Un jeu de miroir,  entre le présent, le passé et le futur brillant, qui souligne à merveille le destin inéluctable de notre personnage principal. Un fait qu'on retrouve aussi dans la direction artistique sublime et soigné, rappelant par ses tons chaux et sa lumière des tableaux de grands maîtres, avant de se parer de tons plus neutres et plus froids au fur et a mesure que le film passe. La musique aussi disparaît peu à peu, contrastant avec les tubes que l'on entendait au début. Puis pour parachever, on a un casting cinq étoiles, avec Robert Duvall, Eva Mendes, Mark Wahlberg, mais surtout l'immense Joaquin Phoenix, qui bouffe littéralement l'écran, par son talent, sa présence et son charisme, qui porte haut les couleurs de ce film. Un argument à lui tout seul pour que vous découvriez ce film.