Joker (2019) de Todd Phillips

Le film de Todd Philipps s'attaque à un monument, un personnage clé de l'univers de DC Comics, un personnage central de Batman, un personnage culte déjà interprété par des icônes du cinéma tel que Jack Nicholson ou Heath Ledger. Le synopsis du film n'est pas de montrer ce personnage du Joker mais comment Arthur Fleck, par quelles circonstances, devient cet homme. Il faut oublier tout ce que vous savez du Joker, tout ce que vous pensiez connaître du personnage froid, intelligent et machiavélique à dessein. Oublier l'univers de DC Comics, le film ouvre vers une nouvelle vision du Joker.

L'exploration même du personnage se fait en vivant avec lui, de la folie qui l'embrase, le faisant danser tel une marionnette. Joaquim Phoenix interprète avec brio cet homme, humoriste raté, malade, atteint de troubles psychotiques, l'acteur étant allé lui-même explorer une forme de détresse psychologique en perdant plus de 20 kilos pour le rôle.

L'ambiance du film est lourde, pesante, portée seulement par ce personnage, entraînant avec lui le spectateur dans ses troubles. Début des années 80, rencontre d'un Arthur Fleck, vivant chez sa mère, suivi par les services de santé de la ville, ancien résident de l'asile d'Arckham, travaillant comme clown, cherchant avant tout à comprendre ce qu'il fait, ce qu'il est dans cette vie. Agressé à deux reprises, la deuxième fera basculer Arthur Fleck vers cette incarnation du Joker.

Le film se base essentiellement sur la performance de Joaquim Phoenix. Les seconds rôles sont un peu timides, particulièrement celui de Zazie Beetz, la voisine d'Arthur. On notera tout de même la prestation de Frances Conroy (Penny Fleck), qui même si peu présente le temps du film, incarne un personnage clé pour la compréhension du personnage d'Arthur Fleck. La déception se fait peut-être autour du personnage de Robert De Niro (Murray Franklin), incarnant un rêve dans l'esprit torturé de Fleck et qui n'a de sens dans le synopsis que parce qu'il donne le nom de Joker à l'humoriste raté et la médiatisation dont il va avoir besoin pour incarner malgré lui une icône.

Deuxième bémol du film, la dimension trop importante de cette société au bord du chaos, enragée qui trouve avec Arthur Fleck un symbole de lutte quitte à lui pardonner sa folie meurtrière.

Le rire est entêtant et dérangeant, l'ambiance pesante, l'incarnation du rôle magistrale, le tout habite le spectateur longtemps après la fin du film. Un film réussi à voir.

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