Mort du producteur Robert Evans

Par Seleniecinema @SelenieCinema

On apprend un peu tard la mort d'un des producteurs légendaires du Nouvel Hollywood. Robert Evans est mort ce 26 octobre 2019 à l'âge de 89 ans.

Né en 1930, Robert J. Shapera est le fils d'un père dentiste et d'une mère femme au foyer mais issue d'une famille riche. Après une enfance tranquille et aisée il travaille pour la société fondée par son frère, Evan-Picone, spécialisé dans le prêt-à-porter féminin, dans laquelle il est chargé de la promotion de l'entreprise. En parallèle il anime une émission radio locale.

Il apparaît, dans des rôles insignifiants, dans deux films "Lidya Bailey" (1952) de Jean Negulesco et (1954) de Michael Curtiz, mais c'est bien plus tard que son destin va changer...

En 1956, alors qu'il est en déplacement pour Evan-Picone il est repéré à bord d'une piscine par Norma Shearer, star des années 30-40 et veuve de Irving Thalberg patron mythique de la MGM. Elle l'impose dans le rôle, justement, de Irving Thalberg dans le film "L'Homme aux Mille Visages" (1957) de Joseph Pevney. Le non moins imposant producteur Darryl F. Zanuck le choisit ensuite pour jouer un matador dans "Le Soleil se lève aussi" (1957) de .

Son dernier film où il est crédité en tant qu'acteur est "Too Soon to Love" (1960) de Richard Rush dans lequel il donne la réplique au débutant Jack Nicholson (ensemble ci-dessous) avec lequel il restera un ami proche. Cependant, Robert Evans se savait plutôt piètre acteur et très vite il décida d'arrêter pour favoriser l'arrière et de se lancer dans la production.

Après quelques années difficiles il fait le rencontre de Charles Bluhdorn, patron de la Paramount qui le nomme vice-président en charge de la production après avoir été impressionné par la volonté et l'ambition de Robert Evans. Son premier acte fut l'achat des droits en 1966 d'un roman qui donnera le film "Le Détective" (1968) de Gordon Douglas avec Frank Sinatra.

Il fait venir dans son giron la nouvelle coqueluche de Hollywood, Roman Polanski (ensemble ci-dessus) pour qui il supervise "Rosemary's Baby" (1968), et il est également derrière le succès "Love Story" (1970) de Arthur Hiller et "Harold et Maude" (1971) de Hal Ashby. Producteur au flair imparable Robert Evans offre à Paramount une renaissance qu'on attendait plus et place le studio comme l'un des plus rentables du Nouvel Hollywood.

Il s'investit encore plus dans la production d'un talent prometteur, avec (1972) de Francis Ford Coppola (ensemble ci-dessous). Le film est un énorme succès. Il devient alors la personnalité la plus influente de Hollywood, le monde est à ses pieds.

Robert Evans en profite pour s'imposer encore plus, il parvient alors à un accord unique, devenir producteur indépendant tout en restant à la tête de Paramount. Il supervise encore plusieurs monuments de seventies en enchaînant les réussites inconstestables et successives avec "Serpico" (1973) de Sydney Lumet, "Le parrain II" (1974) de Francis Ford Coppola et "Gatsby le Magnifique" (1974) de Jack Clayton...

Il produit ensuite personnellement le chef d'oeuvre "Chinatown" (1974) de Roman Polanski qui sera suivi d'un autre chef d'oeuvre avec "Marathon Man" (1976) de John Schlesinger.

Robert Evans est alors au sommet de la gloire. Roi de la Jet Set hollywoodienne il devient par là même un des piliers des tabloïds en tous genres. Outre ses activités à la tête des productions Paramount il continue à produire en indépendant avec des succès plus mitigés et notamment "Popeye" (1980) de Robert Altman, car outre le succès mitigé du film il est impliqué dans un trafic de cocaïne durant la production du film.

Le business empira avec le film "Cotton Club" (1984) de Francis Ford Coppola dont le budget explosa. Les deux hommes se retrouveront au tribunal... Durant la production, l'un des co-producteurs, Roy Radin a été assassiné en 1983, meurtre pour lequel Robert Evans déclara lors de son audition s'en remettre au 4ème Amendement de la constitution, à savoir ne pas s'incriminer suite à des accusations faîtes par les meurtriers condamnés. Le producteur ne fût pas inquiété faute de preuves tangibles.

Robert Evans ralentit alors ses activités et se fait plus rare... Il revient à la production avec les films "Two Jakes" (1990) de et avec son ami Jack Nicholson, suivi de "Sliver" (1993) de Phillip Noyce.

Clairement, la baraka du nabab n'est plus. Il en profite pour écrire son autobiographie "The Kid Stays in the Picture" (1994), qui sera adapté en 2002 sous forme de documentaire avec Evans lui-même en voix Off.

Il produit ensuite le thriller sulfureux "Jade" (1995) de William Friedkin, qu'on peut considérer comme le dernier bon film produit par Robert Evans.

Il produit ensuite seulement 4 longs métrages, le râté "Le Fantôme du Bengale" (1996) de Simon Wincer, le décevant "le Saint" (1997) de Phillip Noyce, l'oubliable "Escapade à New-York" (1999) et "Comment se faire larguer en 10 leçons" (2003) de Donald Petrie, un des films qui ont failli perdre l'acteur Matthew McConaughey.

Le producteur produit encore 2-3 choses pour la télévision...

Outre l'âge d'or des années 1968-1978, Robert Evans a donc aussi été un habitué des journaux à scandales. Il est aussi connut pour ses nombreuses liaisons et ses mariages. Outre le fait qu'il a séduit des nombreuses stars comme Ava Gardner et Raquel Welsh, il se maria pas moins de 7 fois dont l'actrice (1969-1972 - ci-dessus) qui le quitta pour Steve McQueen.

Robert Evans est l'archétype du nabab aux dents longues, au génie certain, qui aura offert quelques uns des plus grands titres du Nouvel Hollywood, mais qui aura aussi vite brûlé ses ailes en goûtant aux plaisirs interdits.

Robert Evans est mort ce samedi 26 octobre 2019 à l'âge de 89 ans dans sa maison de Beverly Hills.