[CRITIQUE] : Chambre 212

[CRITIQUE] : Chambre 212
Réalisateur : Christophe Honoré
Acteurs : Chiara Mastroianni, Vincent Lacoste, Camille Cottin, Benjamin Biolay,...
Distributeur : Memento Films Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame
Nationalité : Français, Belge, Luxembourgeois
Durée : 1h27min
Synopsis :
Après 20 ans de mariage, Maria décide de quitter le domicile conjugal. Une nuit, elle part s’installer dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face. De là, Maria a une vue plongeante sur son appartement, son mari, son mariage. Elle se demande si elle a pris la bonne décision. Bien des personnages de sa vie ont une idée sur la question, et ils comptent le lui faire savoir.

Critique :
L’amour, le désir peuvent-ils durer vingt ans ? Que faire du quotidien, de la vieillesse ? #Chambre212 ne répondra pas à ces questions, mais il nous invite à une nuit de folie, où les peur, les doutes ne sont pas admis. Seul le fantasme subsiste ici. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/wh7sMsdldd— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 11, 2019

Prolifique Christophe Honoré ? Le réalisateur a l’air d’avoir inventé ce mot. Un film par an, parfois un film tous les deux ans, depuis 17 fois Cécile Cassard en 2002, il vient ponctuer nos salles de cinéma, un rendez-vous rassurant. L’année dernière, avec Plaire, aimer et courir vite, il avait sonder le sentiment amoureux, l’élan de la passion jusqu’au renoncement, comme une course contre la montre. Avec Chambre 212, il s’intéresse à l’institution du mariage, au couple qui dure, au quotidien. Plus d’urgence ici, même si le film à une temporalité d’une seule nuit. Une nuit où Chiara Mastroianni (dirigée pour la sixième fois par Christophe Honoré) plonge dans le passé, dans ses choix de vie, ses doutes. Projeté à la section Un Certain Regard cette année, elle y a reçu le prix d’interprétation. Et nous comprenons pourquoi.
[CRITIQUE] : Chambre 212
Il faut se dire que Chambre 212 est un fantasme. On peut donc facilement pardonner les quelques clichés parsemant le film, comme la femme au cœur brisé qui part vivre au bord de la mer et devient lesbienne. Oui, bon. Mais le film est un conte, où le couple est le sujet principal. Le film sait qu’il est une fiction, il en joue même, donnant dans la comédie pour mieux sonder les pensées de Maria. Il commence même comme un vaudeville, la maîtresse cachée derrière le rideau. Mais Maria ne peut résister à sortir du secret et tout déballer à la jeune femme, ébahie de voir la professeure de son petit ami se rhabiller devant elle. Elle garde ce besoin de déballer ses secrets et dévoile également son petit écart sexuel à son mari (Benjamin Biolay) d’un ton nonchalant. Richard en tombe des nues. Maria décide de quitter le domicile conjugal le temps de réfléchir et s’installe dans une chambre d’hôtel, en face de leur appartement. Elle a une vue prenante sur son salon, sur son mari qui s’apitoie sur son sort. Si elle voulait se plonger dans une solitude salutaire pour faire le point, ce sera tout le contraire. Cette nuit de conseil sera bruyante, entouré des gens qui l’aiment, qui la détestent, qui se sont sentis trahi par ses choix, sa liberté. Maria va voir surgir de la chambre attenante Richard, son Richard, à vingt-cinq ans (Vincent Lacoste), l’amour de jeunesse de son mari, Irène (Camille Cottin), sa volonté (un sosie de Aznavour), sa mère, ses amants, … Ils vont s’enchaîner, la défier. Un doux rêve : serait-il possible que Maria puisse garder la version jeune de son mari, celui qui n’avait “qu’à jouer un morceau de piano pour la faire fondre comme du sucre dans du thé”, tandis qu’Irène pourrait récupérer la version de Richard à cinquante ans ? Evidemment que non. Mais il n’est pas interdit de rêver, le temps d’une nuit où tout serait possible. D’être jeune à nouveau, de retrouver un amour perdu. Les paradoxes, la fausse neige, un mécanisme théâtrale, une fantaisie créé de toute pièce dans cette rue du quartier Montparnasse, devant un cinéma, lieu où la réalité se mêle au faux.
[CRITIQUE] : Chambre 212
L’amour, le désir peuvent-ils durer vingt ans ? Que faire du quotidien, de la vieillesse ? Chambre 212 ne répondra pas à ces questions, mais il nous invite à une nuit de folie, où les peur, les doutes ne sont pas admis. Seul le fantasme subsiste ici. Car dans la fiction, tout est possible.
Laura Enjolvy
[CRITIQUE] : Chambre 212