[CRITIQUE] : Psychomagie, un art pour guérir

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Alejandro Jodorowsky

Acteurs : -
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h44min
Synopsis :
Si chacun d’entre nous a un héritage génétique, il possède aussi un héritage psychologique qui se transmet de génération en génération. Alejandro Jodorowsky, cinéaste et artiste multidisciplinaire convaincu que l’art n’a de sens profond que s’il guérit et libère les consciences, a créé la Psychomagie. Au moyen d’actes théâtraux et poétiques s’adressant directement à l’inconscient, cette thérapie permet de libérer des blocages. Psychomagie, un art pour guérir est l’expérience artistique la plus complète sur l’évolution de l’oeuvre créative et thérapeutique d’Alejandro Jodorowsky


Critique :

#PsychomagieUnArtPourGuerir :
Un documentaire où Jodorowsky ajoute une corde à son art : la psychomagie. Des témoignages touchants ponctués d'extraits de son oeuvre éclairants mais la forme, elle, ne convainc pas (@Nanoushkah) pic.twitter.com/MaRbvhJKBr
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 5, 2019

Cinéma, théâtre, littérature (bande dessinée, poésie, essai...) ou encore tarot divinatoire, peu de disciplines échappent à la curiosité d'Alejandro Jodorowsky : avec ce documentaire, le cinéaste protéiforme ajoute une corde à son art : la psychomagie.

Alejandro Jodorowsky présente cette pratique qu'il expérimente depuis les années 60 et théorise en 1995 dans Le Théâtre de la guérison comme un complément – un substitut ? – à la psychanalyse qui permettrait selon lui de diagnostiquer ou disons de mettre des mots sur une souffrance mais pas de guérir. Par des actes symboliques, il souhaite donc apprendre à la raison à parler le langage de l'inconscient et ainsi dénouer des douleurs ou traumatismes bien identifiés mais toujours latents. Son préambule avertit les spectateurs les plus sceptiques d'un carton implicite où l'on peut presque deviner en caractère 32 un "esprits cartésiens, s'abstenir". S'ensuit une série de témoignages poignants supposés attester des bienfaits de la psychomagie. Dépression, cancer, deuil, blessure familiale... à chaque souffrance son geste libérateur ou guérisseur, prescrit par Jodorowsky lui-même. La méthode qui s'appuie sur une expérience physique et prend ses racines dans la pratique théâtrale, bouleversera, questionnera ou excédera – au choix.

Quant à la forme, ici bien trop scolaire, elle ne convainc jamais : chaque témoignage est en effet découpé en 3 parties (exposition du problème, traitement, bilan) ce qui étouffe et enferme l'émotion avant qu'elle n'ait pu complètement se déployer. La mise en scène ne brille pas non plus par son inventivité là où Alejandro Jodorowsky nous avait habitués – ce que rappelle les extraits de ses films qui illustrent chaque cas soulevé – à une poésie, une remise en question et une réflexion profonde par l'image (cette scène de La Danza de realidad où une mère peint son fils avec du cirage noir pour l'aider à surmonter sa peur de la nuit par exemple). En cela, Psychomagie, un art pour guérir s'avère toutefois un excellent point d'entrée dans l’œuvre de l'artiste multidisciplinaire qu'est Alejandro Jodorowsky et que vous pouvez retrouver à la Cinémathèque à Paris jusqu'à mercredi prochain dans le cadre d'une rétrospective. Un documentaire qui divisera sans nul doute les spectateurs entre partisans réceptifs à sa bienveillance et son humanisme et détracteurs d'un gourou autocentré. Il prolonge quoi qu'il en soit le cycle autobiographique de son auteur en y exposant sa plus lointaine certitude : "l’art n’a de sens profond que s'il guérit et libère les consciences."


Anaïs