MARCHE A L’OMBRE (Critique)

MARCHE A L’OMBRE (Critique)

MARCHE A L’OMBRE (Critique)SYNOPSIS : Francois, routard fatigué, débarque dans le port de Marseille. Musicien hors-pair, il est bien décidé à exploiter son talent dans les studios parisiens. Denis, inseparable compagnon et négatif de Fançois, est un grand spécialiste de l'angoisse et ne cesse de gémir. Vu ce qui les attend a Paris, il n'est pas prêt de s'arrêter...

Comédien et toujours coscénariste avec l'ensemble de la troupe du Splendid pour leurs pièces et leurs films (est-il bien nécessaire de les nommer ici ?), Michel Blanc co-écrit au début des années 1980 les comédies à succès Viens chez moi, j'habite chez une copine et Ma femme s'appelle reviens (dans lesquelles il joue aussi) avant de passer à la réalisation en 1984. Marche à l'ombre est ainsi son premier essai derrière la caméra, dont il co-écrit le scénario avec Patrick Dewolf, scénariste de Patrice Leconte (réalisateur des Bronzés) dans les années 1980 et 1990. L'énorme succès du film (6,1 millions d'entrées) lui permettra de réaliser ensuite la comédie culte Grosse fatigue (1994), le drame Mauvaise passe (1999), le film choral Embrassez qui vous voudrez (2002) et sa suite en 2018 Voyez comme on danse. Au départ, les rôles de François et de Mathilde sont prévus pour Bernard Giraudeau et Mathilda May mais les deux acteurs étant indisponibles, Michel Blanc se reporte sur Gérard Lanvin et Sophie Duez (dont c'est le premier rôle au cinéma) et tourne à Marseille, Paris et New York.

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Ici, le canevas est similaire aux scénarios de Francis Veber : on pense ainsi à La Chèvre, avec ce duo improbable de costaud gentil et de casse-pieds hypocondriaque ici, plutôt que d'un personnage lunaire ou malchanceux (sauf que François est le prénom de Lanvin et non pas du personnage de Blanc comme on pourrait s'y attendre si l'on pense à François Pignon ou Perrin). A l'exception près qu'ici, il s'agit de deux amis qui se disputent tout en s'entraidant dans des circonstances difficiles. Marche à l'ombre est en effet une comédie sur la débrouille, cette fois avec un duo de trentenaires un peu différents : Gérard Lanvin ( François) et Michel Blanc ( Denis) interprètent respectivement un musicien et son meilleur ami en galère, le premier en exploitant son côté doux derrière un abord plutôt rustre et le second étant dans la continuité de son personnage de Jean-Claude Dusse. Grâce à leur alchimie et à des dialogues magiques, leur tandem fonctionne à merveille et explore le genre (assez nouveau à l'époque en France) du buddy movie (duo mal assorti forcé de collaborer ensemble) avec beaucoup d'humour et de tendresse tout en faisant une véritable description de la galère en 1h30. En effet, leurs personnages sont des artistes rêveurs, des musiciens vivant une fausse vie de bohème et une vraie vie de misère et de survie. En refusant l'individualisme et en montrant et privilégiant l'entraide et la solidarité, c'est un film hilarant sur l'amitié qui résiste aux épreuves, et aussi sur la recherche d'un idéal à travers l'exil, mais toujours ensemble. Le film ne tombe jamais dans le misérabilisme et sait garder une bonne distance, tout en restant plein d'espoir. Dans la liste des galères que les deux compagnons rencontrent, celle qui reste probablement le plus en mémoire est l'épisode du squat avec cette scène d'anthologie de bad trip (" j'ai les dents qui poussent "). A noter qu'il est très rare qu'on montre un squat au cinéma (c'était même peut-être la première fois pour le cinéma français).

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Parmi le reste du casting, Sophie Duez (mannequin devenue alors espoir du cinéma français) est lumineuse en danseuse qui s'éprend du personnage de Lanvin. Notons aussi de nombreuses apparitions de gens connus du métier ou qui deviendront célèbres par la suite, que ce soit Patrick Bruel, Bernard Farcy, Dominique Besnehard, François Berléand, Jean-François Dérec ... Mais point de membres de la troupe du Splendid, ce qui peut un peu étonner de prime abord. Cependant on imagine que ce film était en quelque sorte un moyen de couper le cordon ombilical avec ses comparses.

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La bande-originale est restée également populaire, en étant très ancrée dans les années 80 : la fameuse chanson de Renaud donne son titre au film et Michel Blanc la chante même dans le métro à un moment (mais le morceau n'a pas été écrit pour le film car il est sorti en 1980). On entend également Téléphone avec Un jour j'irai à New York avec toi, ainsi que le groupe sénégalais Xalam qui, en plus d'être présent avec trois titres, apparaît en concert dans le film. Marche à l'ombre est une excellente comédie, peut-être un peu oubliée de nos jours mais qui vaut vraiment le coup d'être redécouverte aujourd'hui, en particulier pour sa peinture joviale de la débrouille et de l'amitié. Visionnage donc fortement recommandé, d'autant plus que le blu-ray vient de sortir !

MARCHE A L’OMBRE (Critique)

Titre Original: MARCHE A L'OMBRE

Réalisé par: Michel Blanc

Genre: Comédie

Sortie le: 17 octobre 1984

Distribué par: -

MARCHE A L’OMBRE (Critique)

EXCELLENT