Le quatrième homme

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le quatrième homme » de Phil Karlson.

« Le patron m’a impliqué. Il y aura donc cinq parts. Ou pas de partage du tout. »

Joe Rolfe, un ancien détenu, est arrêté pour l’attaque d’un camion blindé où quatre gangsters masqués ont dérobé 1,2 millions de dollars en petites coupures. Après avoir subi un interrogatoire musclé orchestré par la police, il ressort blanchi. Mais Joe n’en reste pas là pour autant et avec l’aide de ses complices mafieux, il retrouve la trace d’un des braqueurs et usurpe son identité sans éveiller le moindre soupçon…

« Je n’aime pas bosser avec un inconnu. Surtout s’il est le seul à me reconnaitre »

Tous les amateurs de bons films de casse le savent. La réussite d’un braquage tient pour l’essentiel – au-delà même du facteur chance – à l’ingéniosité de son plan d’action. Celui du film « Le quatrième homme » parait en cela infaillible en ce que seul le chef du gang connait l’identité de ses complices, qui ont obligation d’agir masqué et de conserver leur anonymat jusqu’au partage ultérieur du butin. Mais comme toujours, il en suffit souvent de peu pour faire dérailler même les mécaniques les mieux huilées. Un simple petit détail qui rappelle le mythe romain du scrupulus. En l’occurrence, le gang n’avait pas prévu que l’innocent livreur arrêté par erreur comme complice du groupe chercherait de fait à les retrouver jusqu’au bout du monde pour laver son honneur.

« On sait tous les deux que des types comme nous n’ont rien à faire ici si ce n’est du business »

Éminent spécialiste du film policier injustement cantonné à des productions de séries B, le prolifique Phil Karlson a signé une cinquantaine de films dont quelques sommets du film noir (« L’inexorable enquête », « The Phoenix City story », « Les frères Rico »…) avant de s’ouvrir en fin de carrière à un cinéma plus commercial (« Un direct au cœur » avec Elvis Presley, la série des « Matt Helm » avec Dean Martin). Il signe avec « Le quatrième homme » une merveille de film policier à l’atmosphère moite et tendue. Reposant sur un scénario habile et tiré au cordeau, le film s’amuse à défaire les codes traditionnels du film noir de façon ingénieuse (la motivation inattendue du chef de gang, le héros qui vaincra la fatalité, la femme fatale qui ici participera à sauver le héros) tout en développant une intrigue des plus retorse. Avec son casting de « gueules » (excellents Lee Van Cleef, Jack Elam, Neville Brand), son antihéros désabusé (le minéral mais convaincant John Payne) et le charme de la belle Coleen Gray, « Le quatrième homme » s’impose clairement comme une référence du film noir classique, au même titre que « Le démon des armes », « Quand la ville dort » ou « Les forbans de la nuit ». Indémodable autant qu’indispensable.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une Introduction à l’œuvre de Phil Karlson par Jean-François Rauger (10 min.) ainsi que d’un livret de 32 pages écrit par Christophe Chavdia.

Edité par Rimini Editions, « Le quatrième homme » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 16 juillet 2019.

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