Portrait de la jeune fille en feu

Portrait de la jeune fille en feu

Céline Sciamma qu'on avait laissé avec Bande de filles il y a 5 ans nous revient avec Portrait de la jeune fille en feu. Et avec cette fois-ci, son actrice préférée, que dis-je, sa muse : Adèle Haenel.

Situons un peu l'histoire avant de nous aventurer dans la chronique du film. 1770, Marianne (formidable Noémie Merlant, j'y reviendrai) est peintre et doit effectuer le portrait de mariage d'Héloïse (Adèle Haenel, donc). Sauf qu'Héloïse ne veut plus se marier et refuse de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite chez elle comme dame de compagnie, elle la regarde. 

Et que dire des regards envers Héloïse. Tout le film repose sur la problématique des regards. Comment poser ou bien poser devant un, ou plutôt une autre ? Céline Sciamma rétorque à cela qu'il s'agit en fait d'une collaboration faisant "un sort au concept de "muse" [et qui] chronique différemment le rapport de création entre celui qui regarde et celui qui est regardé". En somme pour elle, il n'y a pas de muse véritable mais des collaboratrices qui s'inspirent mutuellement. 

Et si le film est très pictural, il n'en raconte pas moins une histoire d'amour mais avant tout la naissance d'un désir amoureux. Cet amour si ardent dépasse le rapport de classes. Les sentiments se vivent alors d'égal à égal évitant quelconque hiérarchie. Marianne, la servante se noie dans le regard de sa maîtresse Héloïse. Et on aime le jeu tout en finesse de Noémie Merlant face à Adèle Haenel qui est de tous les plans. Parfois, le film fait penser à du Jane Campion mais sans détache pour former un beau discours sur l'émancipation féminine dans un siècle où le patriarcat est roi. 

Seulement, malgré ses thèmes forts, on reprochera au film sa mince intrigue. Nous lui donnerons en effet davantage le prix de la mise en scène que celui du scénario tant celui-ci fait peine à voir. 

En bref, un film délicat dressant un beau portait de femmes. Céline Sciamma signe ici également un bijou sensoriel à la fois pictural mais aussi auditif avec l'utilisation de deux interludes musicaux venant scander le film, à savoir un chœur polyphonique de femmes et "L'été" de Vivaldi. 

Pour finir, Portrait de la jeune fille en feu mérite le coup d'être vu pour l'excellent travail pictural réalisé par la metteure en scène... Même si le film souffre de longueurs, il n'en demeure pas moins captivant dans le traitement de ses personnages. Noémie Merlant est en somme une véritable révélation, on lui souhaite d'obtenir une petite récompense aux César tant son jeu envoûte la pellicule. 

A voir, on attend impatiemment le prochain !

Portrait de la jeune fille en feu
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