[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #4. The Big Lebowski

[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #4. The Big Lebowski
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 ! 

[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #4. The Big Lebowski
#4. The Big Lebowski de Ethan et Joel Coen (1998)

En tant que cinéphile endurci, il est assez fou d'admettre que la vision de The Big Lebowski, sans conteste l'un des meilleurs - voire LE - films des frangins Coen mais surtout l'un des films les plus jouissivement barrés de ces deux dernières décennies, ne changera peut-être (sûrement) pas votre vision du cinéma, aussi culte que puisse l'être cette bande.

Pire même, certains - une bonne partie des bouffeurs de péloches assumés -, résumeront sans doute sa vision à une grosse perte de temps.
Et c'est bien là tout le paradoxe qu'incarne ce petit bout de cinéma unique en son genre, qui divise - mais ne laisse décemment pas indifférent - les cinéphiles depuis plus de quinze ans maintenant, ennuyeuse et pas réellement drôle pour les uns, purement génial pour les autres (dont moi).

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Copyright D.R.

Dire que le film part dans toutes les directions possibles et inimaginables est un doux euphémisme (engagé dans une spirale de mauvais choix et de méprises, le Dude se retrouvera très vite au milieu d'une affaire d'enlèvement totalement délirante dans lequel se croisent des nihilistes, des pornographes, un championnat de bowling, des artistes complètement barges, un pédophile et bien sur, sa charismatique personne et celle de Walter... ), mais pourtant, c'est bel et bien dans son complet non-sens aussi sympathique que décalé que The Big Lebowski emporte in fine l'adhésion, captivant et drôle de bout en bout en incarnant le mélange parfait des deux genres de prédilection des deux frangins cinéastes : le polar über décalé et la comédie singulière et loufoque.

Basé sur un scénario en béton armé (comme pour chacun de leurs films) et une mise en scène inventive baignant dans un manque évident de logique, les deux frères accouchent d'une succession de péripéties croustillantes savoureusement barrées et jouissives, finalement très proche du Pulp Fiction de Quentin Tarantino, la violence et la pluie impressionnante de références en moins.
Authentique, drôle (le comique de situation marche ici à merveille), absurde (parce que toute l'intrigue se base sur une histoire de tapis !), remplit de scènes oniriques et de répliques impossibles à oublier, le métrage est un génial et grand moment de cinéma, pour tout public à même de vouloir s'abandonner aux déboires du Dude, durant un petit peu moins de deux heures.
Deux heures durant lesquels les personnages n'ont décemment rien à dire, mais ils le font mieux que personne.

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Mais ce qui fait clairement la magie du film, outre sa folie assumée, c'est la minutie dont Joel et Ethan Coen ont fait preuve pour trouver les interprètes adéquats à leurs héros tous finement croqués.

Le grand Jeff Bridges en tête, littéralement au top de sa forme et frôlant purement et simplement la perfection dans les chaussons de l'antihéros qu'est le Dude, réussissant la prouesse de rendre le personnage encore plus immensément culte que le film en lui-même.
A ses côtés, l'immense John Goodman est inoubliable en Walter Sobchack, sa carrure et sa gueule sciant à merveille au personnage border-line mais assurément drôle du meilleur pote.
Idem pour Steve Buscemi, autre habitué des Coen, parfait dans la peau du simplet mais attachant Donnie; difficile également de ne pas mentionner les interprétations démentes en seconds couteaux, de John Torturro (énorme en joueur de bowling hispano-exhibitionniste), mais aussi la sublime Julianne Moore (convaincante en artiste déjanté).
Tous sont en complet état de grâce, et ajoutez à tout ce parangon du bon gout (tous les superlatifs ne sont décemment pas suffisants) une bande originale des plus awesome (Bob Dylan, Nina Simone, Dean Martin, Santana, Elvis Costello, et même les Gipsy Kings !), et vous aurez au final un bijou, une perle rare du comico-burlesque.
Qu'on l'aime (logique), qu'on y comprenne strictement rien du tout - et c'est bien là sa force -, ou qu'on le déteste, The Big Lebowski est la définition même du film culte puisqu'il ne peut laisser pas indifférent son spectateur.

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Sommet de la coolitude et du feel good movie comme on n'en fait que trop peu, on en viendrait presque à jalouser le style de vie " je m'en foutiste " de Lebowsky, complétement à contre-courant d'une société ou tout est question d'argent, ou tout va à vive allure et ou l'on est si vite dépassé.

Difficile de ne pas s'en faire, et de ne pas se sentir impliqué dans ce monde en crise...dans le fond, force est d'avouer que l'attitude du Dude est des plus admirables.
Tiens, et si nous aussi, nous nous mettions à croquer la vie à pleine dent, affalés sur nos canapés, un White Russian dans une main et un pétard dans l'autre; cela ne rendrait-il pas nos existences plus simples, moins stressantes ?
Cela ne nous permettrait-il pas de mieux profiter des petits cadeaux que nous offre la vie ?
Arf sacré Dude, il nous donnerait presque envie de lui ressembler... 
Jonathan Chevrier 
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