Le cavalier électrique

Un grand merci à Carlotta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le cavalier électrique » de Sydney Pollack.

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« Je ne suis pas du sensationnel. Je ne suis l’histoire de personne. Juste la mienne »

Ancien champion du monde de rodéo à la dérive, Sonny Steele vend désormais son image pour une marque de céréales. À Las Vegas où a lieu son prochain show, il découvre que sa monture, un magnifique pur-sang qui vaut des millions de dollars, a été droguée par son propriétaire. Révolté, Sonny prend la fuite avec le cheval dans le but de lui rendre sa liberté. La journaliste de télévision Hallie Martin pense tenir là un sujet en or et se lance à la poursuite du cow-boy…

« Il y a des droits qu’on achète pas. Même d’un animal »

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Durant près d’une décennie à compter de la fin des années 60, le Nouvel Hollywood et ses réalisateurs n’auront de cesse d’interroger et de démythifier le rêve américain, à grands coups de films chocs et volontairement ancrés dans la réalité d’une société dont ils dénonceront l’hypocrisie, la violence et les dérives (« Easy rider », « Little big man », « Taxi driver », « Panique à Needle Park », « Zombie »…). Cinéaste sans doute plus classique, plus discret et plus modéré que la plupart des autres cinéastes de sa génération, Sydney Pollack n’en aura pas moins traité des mêmes thématiques, en opposant le plus souvent l’individu (et sa liberté) à la société violente, étouffante et corruptrice. Ce qui aura donné lieu à toute une galerie d’antihéros flamboyants, tels les danseurs de « On achève bien les chevaux », le trappeur désireux de se couper du monde de « Jeremiah Johnson » ou encore l’agent du FBI traqué par sa propre administration (« Les trois jours du condor »).

« J’ai souvent été blessé. Mais je me suis toujours relevé »

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Mais c’est en 1979 avec « Le cavalier électrique » qu’il signe sans doute l’un de ses films les plus personnels et les plus touchants. On y suit un ancien champion de rodéo devenu icône publicitaire prendre la tangente pour tenter de rendre sa liberté à un pur-sang hors-de-prix et maltraité pour les besoins d’une publicité. Une sorte de western moderne qui se transforme en fable humaniste et écologiste. Pollack y dénonce les dérives de la société de consommation et, plus largement,d’un monde capitaliste cupide dans lequel l’argent semble avoir pris le pas sur toutes les valeurs morales. Un monde mu par la quête permanente du sensationnel (les journalistes cyniques et manipulateurs toujours en quête d’un scoop) et dans lequel on peut tout acheter (y compris les hommes et leur étique). Le cinéaste filme là avec beaucoup d’humanité la révolte intérieure d’un homme de l’ancien monde, déjà un peu anachronique autant qu’inadapté,qui cherche à travers son action (la libération du cheval) à se libérer lui-même de ses chaines (ici une guirlande lumineuse brodée dans son costume). Une fuite en avant mélancolique et un peu illusoire tant la « civilisation » semble avoir gagné jusqu’aux confins du désert. Une jolie balade néanmoins, traversée par quelques séquences magnifiques, à l’image de la traversée équestre nocturne du cavalier électrique à travers les lumières de Las Vegas.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné des modules« Le costumier éclectique » : Bernie Pollack à propos du « Cavalier électrique » de Sydney Pollack (29 min.) et « Point de mire sur la poursuite » : le cascadeur Conrad E. Palmisano à propos du « Cavalier électrique » (13 min.) ainsi que d’une Bande-annonce.

Edité par Carlotta, « Le cavalier électrique » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 26 juin 2019.

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